Quatre décennies après sa sortie, Help!, le second film des Beatles, réapparaît dans une version restaurée sous la forme d'un coffret DVD. L'occasion pour le réalisateur Richard Lester de se remémorer ce tournage mythique.

Avec sa bande-son retravaillée et ses images restaurées, le film Help! «est comme un vieil ami qui réapparaît, mais qui sonne mieux et qui a meilleure allure», badine le réalisateur Richard Lester.

Il n'a pas tort. Le travail de restauration appliqué au second film des Beatles est réussi: l'image est plus nette, les couleurs, plus brillantes et le son est plus clair que jamais. Quant à l'histoire, elle est toujours aussi absurde, drôle et mince qu'à l'époque. Il y a des choses qui ne changent pas

Même s'il est beaucoup plus intéressant que n'importe quel film d'Elvis Presley, Help! a été réalisé selon la même logique purement commerciale. Le contenu du film? Secondaire. Ce qui comptait en 1965, c'est de voir les Beatles le plus possible à l'écran.

Preuve que l'histoire était secondaire: Richard Lester explique qu'elle a dû être modifiée à la dernière minute. «On avait appris qu'un réalisateur français, Philippe de Broca, (...) était en train de filmer pratiquement la même histoire pour un film qui allait s'appeler Les tribulations d'un Chinois en Chine», se souvient le réalisateur à Londres pour la présentation du film restauré.

Résultat, au lieu d'être poursuivi par un tueur à gage qu'il a lui-même engagé (comme Jean-Paul Belmondo dans Les tribulations), le batteur des Beatles Ringo Starr est plutôt traqué par une secte venue d'Asie.

L'excuse pour cette course poursuite échevelée qui mènera les Beatles de l'Angleterre aux Bahamas en passant par l'Autriche? Une bague aussi énorme que kitsch que Ringo Starr ne parvient pas à retirer de son doigt. Le porteur de ladite bague doit en effet être sacrifié selon les adeptes de la déesse Kaili.

Parodie de James Bond à l'humour absurde, Help! permet surtout aux Beatles d'interpréter sept nouveaux morceaux (Help!, You're Going To Lose That Girl, You've Got To Hide Your Love Away, Ticket To Ride, I Need You, The Night Before, Another Girl).

En 1965, le film a connu un succès considérable. À Londres, la première avait été assiégée par plus de 10 000 fans surexcités! Au Royaume-Uni comme aux États-Unis, les deux premiers extraits sonores du film (Ticket To Ride et Help!) ont immédiatement pris la tête des palmarès.

«Je pense que tout le monde s'est amusé durant le tournage, se remémore le réalisateur. J'étais le seul à ronchonner parce que je voulais réussir à faire ce film», précise le réalisateur au crâne aujourd'hui dégarni.

Les Beatles étaient-ils constamment en train de fumer des joints comme le veut la légende? «Je pense que les choses ont été exagérées. Nous avons eu des journées de travail complètes chaque jour. Mais, oui, il y avait beaucoup de crises de rire... Particulièrement lors du vol vers les Bahamas. Il y a eu sept heures de fou rire!» se remémore en souriant le réalisateur dont les commentaires figurent dans le making of qui accompagne le DVD du film.

Un des plus beaux souvenirs du réalisateur? La séquence en Autriche qui accompagne la chanson Ticket To Ride. Dans ce moment d'anthologie, les Beatles apprennent à skier tout en improvisant autour d'un piano planté dans la neige.

Après A Hard Day's Night - également réalisé par Lester en 1964 -, Help! devait normalement être le deuxième d'une série de trois films de fiction mettant en vedette les Beatles. Il fut le dernier. La raison? «Je pense qu'à la fin du tournage, ils commençaient à arriver à la conclusion qu'ils ne voulaient pas être bousculés. Ils souhaitaient plutôt avoir un total contrôle de leur vie. Et je pense qu'ils avaient parfaitement gagné le droit de faire exactement ce qu'ils voulaient», conclut le réalisateur.

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The Beatles - Help! , en DVD, en magasin le 6 novembre.