Sophie Deraspe tourne son deuxième long métrage, Signes vitaux. Son film est campé cette fois dans le monde des soins palliatifs, loin des frivolités et jeux de rôle du monde de l'art contemporain, dont se nourrissait son premier long, l'original Rechercher Victor Pellerin.

Simone (Marie-Hélène Bellavance) est une jeune femme brillante et ambitieuse. Étudiante à Harvard, elle retrouve son Québec natal à la mort de sa grand-mère. Cette mort la fait entrer, presque par hasard, dans un monde caché du grand public: celui des centres de soins palliatifs.

«Elle se pose alors la question: qu'est-ce qui compte vraiment? Elle va accepter d'où elle vient. Comme les autres personnages, elle porte les marques de ce qu'elle a vécu, que ce soit intérieur ou extérieur. Il faut l'accepter. C'est l'histoire d'une jeune femme forte, qui va accepter», détaille Sophie Deraspe.

Réalisatrice, scénariste, productrice et directrice photo du film, Sophie Deraspe s'attaque, dans ce deuxième long, à un sujet très rarement abordé au cinéma: la route vers la mort. Comme Simone, elle doit son intérêt aux centres de soins palliatifs au hasard, une rencontre avec une bénévole.

«C'était une rencontre assez bouleversante. Les bénévoles sont des gens qui ont une acceptation de la nature humaine dans ce qu'elle a de plus flamboyant ou de plus intérieur», estime Sophie Deraspe, qui a fréquenté ces centres pour préparer son film.

C'est aussi le hasard qui a mené Sophie Deraspe à croiser la route de l'artiste pluridisciplinaire Marie-Hélène Bellavance lors d'une représentation de S'ancrer dans la suspension, un spectacle que Bellavance a interprété et chorégraphié avec Stéphanie Vignau, en 2007.

Le travail de Marie-Hélène Bellavance en arts visuels ou en danse l'a amenée à se pencher sur la mort et le vieillissement. «La faille, c'est un moteur de recherche pour moi (...) Ça continue une réflexion, mais en même temps, c'est la vision de Sophie», dit-elle.

Tournage à l'hôpital chinois

Tout naturellement, le film se tourne en grande partie dans un hôpital désaffecté de Montréal. Au milieu des chambres vides - et un peu glauques, il faut bien le dire - sont recréées de nouvelles chambres de patients du film, que rencontrera Simone. Danielle Ouimet est l'une d'entre elles.

«C'est un rôle assez bizarre pour moi! J'ai fait les premiers rôles de nudité au Québec, et c'est la première fois que je fais un rôle plus âgé», précise-t-elle d'entrée de jeu.

Atteinte d'un cancer du cerveau, son personnage est dans l'attente de la mort: «La mort force le personnage principal (Simone, ndlr) à se poser des questions.» Avec un enthousiasme non feint, Danielle Ouimet estime que Sophie Deraspe «a eu plus de guts que elle d'accepter.

«J'aurais pu refuser, pour un retour, ce rôle où je suis mourante, où je vieillis. Sophie est passée par-dessus les préjugés (...) Je crois que cela va donner quelque chose de bien: il y a un abandon à faire. J'avais envie de m'abandonner.»

À la barre du projet, doté d'un budget d'environ 1 million, Sophie Deraspe a une vision précise et déterminée de son film. Signes vitaux tranchera de Victor Pellerin par son ton, son sujet et sa forme - la fiction - mais, dans ses deux films, la réalisatrice Sophie Deraspe a fait confiance aux comédiens professionnels et non-professionnels - «l'amalgame des deux me plaît».

Après le succès critique de son premier long, Sophie Deraspe choisit d'envisager la suite des choses de façon très calme. «Je me dis que de toute façon, si ça ne marche pas, il y a plein d'autres choses à faire», dit-elle.

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Signes vitaux est en tournage jusqu'au 20 janvier. Le film de Sophie Deraspe sera distribué par Métropole Films, probablement à l'automne 2009.