Le jury de la 59e Berlinale, présidé par l'actrice écossaise Tilda Swinton, a choisi à l'unanimité d'octroyer l'Ours d'or à la benjamine de la compétition Claudia Llosa, réalisatrice du très beau film péruvien La Teta Asustada (The Milk of Sorrow).


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Ce drame émouvant, qui a aussi obtenu le prix de la critique, trace le portrait d'une jeune femme dont la mère, issue de la culture quechua, a été violée à l'époque des violences politiques des années 80. Évoquant son personnage, atteint d'un mal mystérieux qui ne peut s'apaiser qu'à travers le chant, la comédienne Magaly Solier s'est spontanément lancée hier sur scène dans l'interprétation a capella d'un chant traditionnel. Ce fut l'un des beaux moments d'émotion de cette cérémonie pendant laquelle les noms de plusieurs nouveaux cinéastes ont été entendus.

Adrian Biniez, l'autre grand vainqueur

Outre Claudia Llosa, qui a obtenu la récompense suprême du Festival, l'Uruguayen Adrian Biniez, réalisateur de Gigante, est l'autre grand vainqueur de la soirée. Ce dernier est monté sur la scène du Berlinale Palast à trois reprises. Sa charmante comédie dramatique a obtenu le prix du meilleur premier long métrage (attribué par un jury distinct), le prix Alfred Bauer (remis au film le plus novateur), et le Grand Prix du jury. Cette dernière distinction fut d'ailleurs octroyée ex aequo avec un autre film apprécié du jury, Alle Anderen (Everyone Else) de l'Allemande Maren Ade. La vedette féminine de ce drame conjugal, Birgit Minichmayr, a de surcroît obtenu le prix de la meilleure actrice.

Le cinéaste iranien Asghar Farhadi a reçu le prix de la mise en scène pour About Elly, un film qui, à cause de son aspect très bavard, n'a pas fait l'unanimité. Le prix de la contribution artistique est par ailleurs allé à Katalin Varga, une production hongro-roumaine réalisée par l'Anglais Peter Strickland. Le jury a tenu à en souligner la qualité de la conception sonore. Oren Moverman, qui signait sa première réalisation avec The Messenger, est le lauréat du prix du meilleur scénario.

Du coup, les pointures sélectionnées en compétition ont presque toutes mordu la poussière. Les nouvelles offrandes de François Ozon, Stephen Frears, Bertrand Tavernier, Chen Kaige, Lukas Moodysson, Richard Loncraine et Sally Potter ont été écartées du palmarès officiel.

Seuls les films d'Andrzej Wajda (Tatarak/Sweet Rush) et de Rachid Bouchareb (London River) ont trouvé grâce aux yeux du jury. Le premier reçoit, ex aequo avec Gigante, le prix Alfred Bauer de l'innovation; le second se distingue grâce à la performance de Sotigui Kouyate, lauréat du prix d'interprétation masculine. Dans le nouveau film du réalisateur d'Indigènes, l'acteur africain incarne le père d'un jeune homme disparu à Londres au lendemain des attentats de 2005.

La compétition ayant été plutôt décevante dans l'ensemble, le jury est quand même parvenu à composer un palmarès tout à fait honorable.

Les frais d'hébergement pour ce reportage ont été payés par la Berlinale.