Après leur succès à la télé, les créateurs de la série trash Panique au Village font le saut au grand écran. Histoire d'un film d'animation à deux Belges et quatre mains.

Cowboy et Indien sont des pros de la catastrophe. Leur cadeau pour Cheval devait être une formalité. Mais une erreur de commande transformera la fête en une impossible aventure peuplée d'ours en colère, de scientifiques fous, de pingouins-robots géants lanceurs de boules de neige et de créatures sous-marines voleuses de briques. Pendant ce temps, au village, madame cheval donne des leçons de solfège aux animaux de la région, alors que le fermier Steven ingurgite des tartines de Nutella géantes sous le regard pétrifié de sa femme.

Bienvenue dans le délire surréaliste de Panique au Village, film d'animation en «stop motion» réalisé par les Belges Vincent Patar et Stéphane Aubier, qui prend l'affiche cette semaine au Cinéma du Parc après avoir ouvert les 8es Sommets du cinéma d'animation de Montréal jeudi.

Résultat de cinq ans de travail, Panique au Village fait le saut au grand écran, après avoir connu un certain succès comme série télé dans une trentaine de pays. On y retrouve les mêmes protagonistes, le même humour et surtout, cette même esthétique de bric-à-brac, faite de décors en carton et de figurines en plastoc sorties tout droit d'un Dollarama.

«Le cinéma nous a simplement permis de pousser plus loin la chose, résume Vincent Patar. Nos personnages sont plus formés. Leurs caractères, plus forgés. Et l'animation est plus développée.»

Comment raffiner la technique, sans renier le caractère artisanal de la série d'origine? C'était bien là tout le défi, admettent-ils. Car sans sa facture trash, Panique au Village aurait perdu de son essence.

«Il a fallu faire attention, admet Stéphane Aubier. Le but du jeu n'était pas d'arriver à un truc hyper-léché. Parce qu'on l'aime bien, nous, ce côté bricolage. On voulait garder ça vivant.»

On l'aura compris: Panique au Village est plus près de l'univers poétique en papier mâché de Michel Gondry que des cartoons synthétiques de Walt Disney. Faut-il en déduire que le film s'adresse aux adultes plutôt qu'aux enfants? Les deux cinéastes haussent les épaules.

«On ne s'est jamais posé la question. Pour nous, c'était pour tout le monde», lance Vincent Patar. Fait à noter: la série télé avait été classée «jeunesse» par la chaîne allemande WDR, alors que Canal " l'a destinée aux adultes. Heureux compromis: elle a été diffusée au Québec sous la bannière Vrak.TV!

Le village global

Reste à voir comment Panique au Village fera sa place dans le circuit du cinéma animation, entre deux blockbusters américains. À la suite de sa présentation au dernier Festival de Cannes, le film a été vendu dans une vingtaine de pays - incluant les États-Unis, où il prendra l'affiche dans une douzaine de salles de répertoire.

«Notre réseau est avant tout celui du cinéma d'auteur», précisent les deux anciens fanas de bande dessinée. «Mais ça ne nous a pas empêchés de recevoir le Prix du public au Festival du film fantastique d'Austin, au Texas!»

Pour le détail, sachez que la production de Panique au Village a nécessité 15 000 figurines (souvent les mêmes, moulées dans des centaines de postures différentes), entre 100 000 et 200 000 photos numériques (c'est ça, le «stop motion»), six mois de préparation (fabrication des décors, des personnages), huit mois de tournage et sept mois de post-production, tout cela sans compter l'écriture du scénario. Comme on dit: c'est pas parce qu'on bricole que ça prend moins de temps...

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Panique au village est à l'affiche du Cinéma du Parc.