Depuis 16 ans, Slamdance revendique le statut de véritable festival de cinéma indépendant à Park City. Plus underground et moins couvert que Sundance, Slamdance s'est bâti une solide réputation parmi les réalisateurs américains.

Au programme cette année, outre la présentation spéciale du film de Steven Soderbergh And Everything Is Going Fine, deux longs métrages québécois: Snow & Ashes et The Wild Hunt, ainsi qu'un court métrage signé Normand Daneau.

Sundance et Slamdance, même combat? C'est ce que croit David-Alexandre Coiteux. Le comédien québécois tient la vedette, aux côtés de l'Américain Rhys Coiro, de Snow & Ashes, le premier long métrage de Charles-Olivier Michaud, sélectionné à Slamdance.

«L'énergie ici est incroyable: c'est vraiment le festival par et pour les réalisateurs», dit David-Alexandre. «Les autres cinéastes sont là: c'est une grosse communauté, il y a beaucoup d'entraide. Ici, ce sont tous des gens qui ont fait leur film à la sueur de leur front», renchérit Charles-Olivier Michaud.

Snow & Ashes ne dépareille pas du profil des films de Slamdance: produit sans l'aide des institutions publiques - un fait rare pour un film québécois -, Snow & Ashes raconte une histoire ambitieuse et atypique: la fêlure d'un photographe de guerre (Coiro) rentré au Québec sans son ami et compagnon de route (Coiteux).

Sélectionné parmi 5000 longs métrages, Snow & Ashes est l'un des 10 films de fiction qui feront leur première à Slamdance. Une belle surprise pour le réalisateur, le producteur et les acteurs du film qui ne savaient pas, il y a un an, qu'ils allaient tourner un film.

«J'avais envie de faire un film de guerre. J'ai eu l'idée de devenir photographe de guerre, mais ma mère a dit non», rit Charles-Olivier Michaud. Après un détour par le monde des affaires, le jeune homme a décidé de réaliser son rêve: réaliser un film. «On n'aurait pas pu faire ce film sans passion», souligne le producteur Éric Mantion.

La passion est aussi ce qui a guidé Alexandre Franchi au cinéma. Après avoir été, entres autres, professeur de finance, Alexandre Franchi a sauté le pas quand Mark Kruppa lui a présenté un scénario portant sur le monde de Donjons et Dragons, un jeu qui ne laisse pas indifférent Alexandre Franchi.

Avec l'aide du volet indépendant de Téléfilm Canada, Alexandre Franchi a réunit sa distribution (Kyle Gatehouse, Trevor Hayes et Kaniehtiio Horn) et quelque 200 figurants pour un tournage en 35 mm: le film a depuis - discrètement - gagné le prix du meilleur premier film canadien à Toronto et devrait prendre l'affiche au Québec au cours du mois de février.

Pourquoi Slamdance? «Parce que tout le monde soumet ses films ici», répond Alexandre Franchi. Avec ses projections sur un écran de taille moyenne, ses chaises en guise de fauteuil de cinéma, Slamdance a un côté broche à foin qui n'est pas pour déplaire à Alexandre Franchi.

«Je suis habitué à Toronto, mais ici, c'est le bordel», constate, amusé, Alexandre Franchi. Le public de Slamdance, avide de découvertes - les films sélectionnés sont tous des premiers films - n'est pas resté indifférent à Wild Hunt, selon son réalisateur: «Les gens ont vraiment tripé», dit Alexandre Franchi.

Une sélection à Slamdance peut-elle aider la carrière d'un film? C'est ce que croit l'équipe de Snow & Ashes. Le film devrait circuler dans plusieurs festivals de cinéma américains, dont le Sonoma International Film Festival, donnant plus de force, d'après Éric Mantion, aux négociations avec les distributeurs québécois.

«On attend: on a des négociations, mais on veut voir l'effet que le festival va avoir sur le film», dit Éric Mantion. L'équipe espère profiter de l'attention apportée par le comédien Rhys Coito (vu dans Entourage) au film pour créer des liens avec l'industrie américaine. «On veut ramener la coupe! plaisante Eric Mantion. Rentrer à Slamdance, c'est déjà énorme.»