La 3D a le vent en poupe, et pas seulement à Hollywood. À Québec, un film se prépare depuis plusieurs années déjà, Sarila. Réalisé et produit par Nancy Savard, Sarila, un conte fantastique en 3D, verra le jour en 2011.

«Pour nous, le timing est excellent», se félicite Nancy Savard, la réalisatrice et productrice de Sarila. Depuis 2002, le projet coscénarisé par Pierre Tremblay et Roger Harvey est produit par la compagnie 10e Ave, à Québec. «On l'a mis au point pendant quatre ou cinq ans et maintenant il prend forme», dit-elle.

Sarila est un conte inspiré de la tradition orale inuite. «On a fait tout un travail de fond car cela se passe au début du XXe siècle, explique-t-elle. On refait toute une nouvelle histoire et on crée une nouvelle légende qui s'inspire des us et coutumes du Nord.»

Les institutions publiques (SODEC, Téléfilm) ont déjà apporté leur soutien au projet, qui sera produit avec Carpe Diem Film TV, à Montréal, et coproduit avec Shax Animation, à Montpellier. Le budget de la production dépasserait légèrement les 9 millions de dollars: presque un record à l'échelle québécoise.

L'idée de la 3D est apparue au début du projet, dit Nancy Savard. «Mais à l'époque, 45 minutes d'IMAX coûtaient de 6 à 7 millions, alors imaginez 90 minutes, c'était impensable», se souvient-elle. Au fil des années, les outils de production du cinéma en 3D se sont affinés et aujourd'hui, l'option stéréoscopique a été retenue pour le film.

«On est en train de faire une adaptation dans le storyboard, et on a le choix de le sortir en 2D ou en 3D, comme l'a fait Coraline», précise Nancy Savard, qui espère aussi mettre à profit le bassin créatif de Québec pour son film. Studio Virtuel Concept Québec travaillera sur le projet, tout comme Éric Lessard, qui a travaillé sur les trois Shrek et Madagascar avant de revenir s'installer à Québec.

Up, Coraline et Avatar, ces films, sortis en salle sur deux formats, ont vraiment remonté le moral de l'industrie hollywoodienne en 2009. Et en 2010, la tendance fera plus que se maintenir puisque de plus en plus de films 3D prendront l'affiche.

«C'est LE facteur qui a ramené le public en salle», dit Patrick Roy, président d'Alliance Vivafilm, qui distribuera Sarila. Les recettes en salle ont gagné 10 points en 2009 par rapport à 2008, une hausse, selon lui, directement imputable au cinéma en relief. Le choix de la stéréoscopie reste toutefois «à double tranchant», selon Nancy Savard. Peu de salles au Québec sont équipées, à l'heure actuelle, pour les projections en 3D et la concurrence avec le cinéma américain est directe. «Le défi c'est que l'on va jouer dans la cour des Disney et des Pixar, on ne peut pas avoir un sous-produit. Comme pour Les triplettes de Belleville, il faut une proposition artistique forte», dit Patrick Roy.

Les producteurs québécois doivent aussi convaincre les institutions de la réussite d'une opération encore inédite, mais exigeante financièrement. «C'est difficile pour les investisseurs: nous sommes dans une période de sous-financement et ils sont confrontés à des choix difficiles», dit Nancy Savard.

Pour Sarila, Nancy Savard se montre confiante quant au succès du projet, sur lequel se sont penchés aussi de jeunes élèves. «Ils sont très sévères mais ont de bonnes suggestions», estime-t-elle. Le film nécessitera 24 mois de production, une durée «exceptionnelle», selon Nancy Savard.

Au Québec, la fiction aussi commence à envisager la stéréoscopie. Un film d'horreur est actuellement tourné dans ce format à Montréal (Hidden) et de nouveaux projets devraient bientôt voir le jour. «On peut et on doit envisager la 3D en fiction. On a lancé quelques projets, il ne faut pas regarder passer la parade», soutient Patrick Roy.