Le Québécois Michel Monty a amorcé sa carrière de réalisateur de façon remarquable ce soir en remportant le Bayard d’Or de la meilleure première œuvre au Festival international du film francophone (FIFF) de Namur pour Une vie qui commence.

Les films Les amours imaginaires de Xavier Dolan et Incendies de Denis Villeneuve ont aussi récolté un prix chacun. Les amours imaginaires a obtenu le Prix spécial du jury dans la compétition officielle des longs métrages où Incendies et Route 132 de Louis Bélanger étaient aussi inscrits. Dans le cas d’Incendies, il a remporté le Prix du public de la Ville de Namur au titre de meilleur long métrage de fiction.

Présidé par le scénariste et réalisateur belge Joachim Lafosse, le jury des longs métrages était formé de sept personnes dont le réalisateur québécois Benoit Pilon.

Mettant en vedette Charles-Antoine Perreault, Julie Le Breton et François Papineau, Une vie qui commence raconte l’histoire d’une famille de la bourgeoisie québécoise du début des années 1960. Le parcours de celle-ci bascule à la mort du père (Papineau), un médecin qui soigne par la drogue ses blessures intérieures. Alors que la mère (Le Breton) tente par tous les moyens de tourner la page, son fils aîné (Perreault) essaie de réincarner le père.

Chronique d’une société en pleine renaissance mais où certains tabous restent ancrés dans les mentalités familiales, le film, qui met aussi en vedette Rita Lafontaine et Raymond Cloutier sortira en salle en février prochain. Auteur, comédien et metteur en scène, Monty avait réalisé un court métrage, Adieu, Grozny, avant ce premier long métrage.

Ému, incluant son père décédé –dont l’histoire a largement inspiré le film- dans ses remerciements, Michel Monty en était à sa toute première participation à un festival. «Namur va rester dans mon cœur», a-t-il lancé en recevant son trophée.

Plus tard, en entrevue à Cyberpresse, il a dit qu’il ne faisait pas ce travail pour récolter les récompenses mais que de telles reconnaissances font toujours un bien énorme.

Lorsqu’on lui fait remarquer que son passage à la réalisation était comme «une carrière qui commence», en référence au titre de son film, il opine. «Lorsque nous avons trouvé le titre, bien après le montage, je me suis dit effectivement que cela marquait le fait que ma vie professionnelle est en renouvellement», dit-il.

Mardi, après Noël

C’est le film roumain Mardi, après Noël du réalisateur Radu Muntean qui a remporté le Bayard d’Or du meilleur long métrage. Le public montréalais ne tardera pas à découvrir ce long métrage qui sera présenté la semaine prochaine au Festival du nouveau cinéma.

Mardi, après Noël raconte l’histoire d’un couple (Paul et Adriana) au bord de l’éclatement alors que le mari (Mimi Branescu) a pris pour maîtresse la dentiste de la famille. Il s’agit d’un film intimiste qui se caractérise par de très longs plans-séquences. Mais toute son essence se déploie avec puissance lorsque le mari passe aux aveux.

S’en suit alors un long duel verbal, intense, singulier mais jamais appuyé entre Paul et Adriana (Mirela Oprisor). Ici, le jeu des acteurs est exceptionnel, tout en retenu. C’est que la rupture a lieu en plein temps des Fêtes. À travers la haine, la colère, les larmes, Paul et Adriana tentent d’endiguer leurs sentiments afin de permettre à leur fille et aux membres de la famille de passer un Noël à peu près joyeux.

Cette seconde partie du film est très forte, chargée, prenante. D’ailleurs, le prix du meilleur acteur est allé à Mimi Branescu.

Le prix d’interprétation féminine est quant à lui été attribué à la comédienne française Anne Coessens qui incarne avec brio une immigrante au bord de l’expulsion dans le film Illégal d’Olivier Masset-Depasse.

C’est elle, qui, de loin, a reçu le plus d’applaudissements au moment de recevoir son prix. «Ça va droit au cœur, a-t-elle indiqué en entrevue à Cyberpresse. Ce prix revient autant à Olivier (le réalisateur) qu’à moi. Il m’a donné le rôle d’un personnage riche, complexe et engagé dans un combat. Ce sont des rôles qui m’interpellent.»

Dolan et Villeneuve

Ce n’est pas la première fois que Xavier Dolan et Denis Villeneuve se démarquent à Namur. L’an dernier, Dolan avait remporté trois Bayards (dont celui du meilleur film) pour J’ai tué ma mère alors que Denis Villeneuve avait décroché le prix de la meilleure photographie avec Polytechnique. De plus, son film Un 32 août sur Terre avait remporté le Bayard d’Or du meilleur long métrage de fiction en 1998.

La productrice de Les amours imaginaires, Carole Mondello, a longuement évoqué le talent de Dolan en entrevue à Cyberpresse. «Le talent jailli de Xavier comme il respire, dit-elle. C’est un enfant prodige qui grandit bien. Il a à cœur le goût de se dépasser.»

Aussi sur place, Niels Schneider, l’interprète de Nicolas dans le film, s’est dit très heureux. «Namur est un bon festival pour toute la francophonie», a-t-il souligné.

Enfin, la comédienne Lubna Azabal, interprète de Nawan Marwal dans Incendies, était heureuse de ce prix du public. «C’est un prix qui est spontané, qui vient du cœur, a-t-elle glissé en entrevue. On fait des films pour le public et c’est lui qui en assure la pérennité.»

LE PALMARÈS

Bayard d’Or du meilleur film : Mardi, après Noël de Radu Muntean (Roumanie)

Prix spécial du jury : Les amours imaginaires de Xavier Dolan (Québec)

Bayard d’Or du meilleur scénario : La Mosquée de Daoud Aoulad-Syad (Maroc/France)

Bayard d’Or de la meilleure photographie : Muriel Abourouss, directrice photo de Balle Perdue de Georges Hachem (Liban)

Bayard d’Or de la meilleure comédienne : Anne Coessens pour le film Illégal d’Olivier Masset-Depasse (Belgique/Luxembourg/France)

Bayard d’Or du meilleur comédien : Mimi Branescu pour le film Mardi, après Noël de Radu Muntean (Roumanie)

Bayard d’Or (prix Emile Cantillon) de la meilleure première œuvre : Une vie qui commence de Michel Monty (Québec)

Prix du public de la Ville de Namur (fiction) : Incendies de Denis Villeneuve (Québec)

Prix du public de la Ville de Namur (documentaire) : Les larmes de l’émigration d’Alassane Diago (Sénégal/France)

D’autres prix ont été remis dans des catégories telles courts métrages, clips musicaux, jury jeunesse, etc. Le répertoire complet se trouve à l’adresse www.fiff.be

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Les coûts de ce reportage sont défrayés par le FIFF.