Elle n’a que 22 ans et, contrairement à ses consoeurs vedettes comme Lindsay Lohan, elle n’a pas laissé les vices de Hollywood l’aspirer vers le fond du baril. TMZ ne l’a jamais filmée ivre morte à 4 h du matin, titubant sur Sunset Boulevard ou se trémoussant à demi-nue sur la banquette de la dernière boîte de nuit branchée de Los Angeles.

Emma Stone, révélée par la comédie Easy A, dégage une maturité impressionnante pour son jeune âge. « J’ai eu de bons parents, qui m’ont toujours bien guidée. Si ma passion avait été de conduire un camion à ordures, ils m’auraient autant encouragée », confie la comédienne à la crinière rousse.


Quand on lui montre la page frontispice du magazine Vanity Fair, où elle apparaît en bikini rayé rouge et blanc, Emma Stone éclate de rire. « À 13 ans, je voulais avoir ma propre ligne téléphonique dans ma chambre. À 16 ans, je voulais une voiture. Finalement, rien de tout ça n’a changé ma vie. Personne ne m’a appelée sur ma ligne privée et, une fois que j’ai eu ma voiture, j’avais juste le goût de rester à la maison. Je regarde la photo du Vanity Fair et ça me gêne. Je ne porte jamais de bikini. Et ce que vous ne savez pas, c’est que j’ai été malade pendant toute la séance de photos. Ma vie ne changera pas du tout au tout. Elle sera simplement différente », philosophe Emma Stone de sa voix rauque, tout en sirotant un Diet Dr Pepper.


De beaux rôles féminins
La carrière hollywoodienne d’Emma Stone a explosé dans la dernière année. Elle sera du prochain Spiderman. Et cet été, en plus de Crazy, Stupid, Love, elle tient le haut de l’affiche dans The Help, film d’époque campé dans le Mississippi raciste du début des années 60.

La brochette d’actrices de The Help, adapté du best-seller éponyme de Kathryn Stockett, impressionne : Viola Davis, Bruce Dallas Howard, Sissy Spacek, Jessica Chastain et Allison Janney, notamment.


Emma Stone y incarne Skeeter, ambitieuse diplômée universitaire qui, pour les besoins d’un livre, recueille les témoignages de domestiques noires, qui travaillent toutes pour d’influentes familles blanches du sud des États-Unis.

La publication du bouquin de Skeeter met le feu à la ville de Jackson, Mississippi, et partout au pays. Sous le couvert de l’anonymat, les domestiques y racontent en détail les défauts, manies et secrets honteux des riches clans qui les paient. À elle seule, la scène de la tarte au chocolat avec Sissy Spacek et Bryce Dallas Howard vaut le prix du billet de cinéma. « J’ai tellement ri », se souvient Allison Janney, la maman d’Emma Stone au grand écran.

Dans ce film évoquant La couleur pourpre, Bryce Dallas Howard joue la détestable Hilly, qui traite sa domestique Minny (fabuleuse Octavia Spencer) comme un déchet. « Bien sûr que mon personnage est raciste. Mais elle est tout aussi ignorante. Elle justifie ses actions et croit sincèrement qu’elles sont bonnes », raconte Bryce Dallas Howard, enceinte jusqu’aux yeux.


Pour Sissy Spacek, la mère de Bryce Dallas Howard dans le film, « c’est choquant de voir que nous avons déjà été dans cette époque ». « Tout le monde a eu une tante raciste comme ça. Les jeunes doivent absolument voir ce film ; ils n’ont aucune idée de ce qui s’est passé à cette époque », enchaîne-t-elle.


Octavia Spencer, qui impressionne dans la peau d’une domestique mal engueulée, est la révélation de The Help. Toutes ses collègues ont vanté son intelligence et sa vivacité. Inconnue du grand public, Octavia Spencer a décroché cet important rôle qu’a tenté d’obtenir Mo’Nique, oscarisée pour Precious. « J’ai grandi dans le Sud dans les années 70. Je n’ai pas vécu autant de racisme. Ma mère nous a cependant enseigné toute l’histoire du mouvement des droits civiques », note Octavia Spencer.


Le film est raconté par Aibileen (Viola Davis), une domestique travaillante, affable et animée par un désir de faire changer les choses. Remarquée aux Oscars pour Doubt, Viola Davis constate que, malgré tout, les rôles intéressants pour les actrices noires ne pullulent pas. « Tu as toujours l’impression qu’il faut tout prendre pendant que ça passe. Oui, Doubt a changé ma carrière. Mais la seule chose que cela m’a apportée, c’est plus de stress », rigole Viola Davis.


Pas un film de filles
Dans The Help, tous les personnages principaux sont des femmes. « Mais ce n’est pas un film de filles, insiste le producteur Chris Colombus. Dans les projections tests que nous avons faites, les hommes ont réagi aussi fortement que les femmes. La profondeur et la complexité des personnages ont plu aux deux sexes. »


Même si plusieurs films abordent déjà ce sujet, dont Mississippi Burning, le réalisateur Tate Taylor croit qu’il faut continuer de parler de cette époque noire, c’est le cas de le dire. « Ç’a été très difficile et les choses se sont beaucoup améliorées. Mais il reste encore du travail à faire », indique-t-il.


La chanteuse R&B Mary J. Blige, qui a écrit la chanson du générique final, résume bien comment on se sent après le visionnement de The Help : « J’ai pleuré, j’ai ri et j’étais en colère », se souvient l’artiste aux cheveux blonds.


Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Disney.