Cinéaste, activiste, journaliste indépendante, la Montréalaise Amy Miller aborde des sujets controversés qu'elle traite de manière frontale. Résolument engagé, son nouveau documentaire, The Carbon Rush, dénonce le système des échanges de crédits carbone (Bourse du carbone), qui, dit-elle, se réalise sur le dos des plus démunis de la Terre au bénéfice des pays riches.

Puisés en Inde, en Écosse, au Brésil, en Amérique centrale, les exemples qu'elle utilise pour étayer son propos sont éloquents. Les comédiennes Darryl Hannah (anglais) et Karine Vanasse (français) assurent la narration de ce film qui se distingue par la multiplicité de ses sources. Mme Miller répond à nos questions.

Q : Quelle est l'origine du film?

R : Je voulais parler de l'impact négatif de la Bourse du carbone au Canada. Ceux qui ont financé le film trouvaient que c'était une bonne idée, mais ils m'ont demandé d'explorer davantage les bases de la Bourse du carbone. C'est ainsi que notre équipe [de trois personnes] a sillonné la planète, où nous avons trouvé des gens qui souffrent de l'implantation de projets soi-disant verts pour vendre des crédits carbone aux pays pollueurs. Ces projets déplacent des populations ou compromettent leur mode de vie traditionnel. Ces gens perdent tous leurs droits.

Q : Qu'ont en commun ces groupes de personnes que vous avez rencontrés?

R : La dignité et la justice! Un de mes buts avec ce documentaire était de donner la parole aux premiers concernés et non à des experts et autres académiciens. Je voulais entendre les vraies victimes qui sont tout à fait aptes à exprimer ce qui leur arrive. Ces gens ont pris des risques [deux personnes que Mme Miller devait interviewer en Amérique centrale ont été assassinées deux heures avant la rencontre], mais ils ont dit tout ce qu'ils ressentaient. Pour eux, la vérité importait plus que tout le reste.

Q : À vous entendre, la Bourse du carbone devrait être éliminée. Est-ce exact?

R : On doit revoir complètement le système pour avoir plus de justice et d'égalité dans le monde. Les gens du Nord ne se plaignent pas trop de la Bourse du carbone, car ils vivent dans les pays riches qui en profitent. Mais ailleurs, des millions de personnes en souffrent, comme j'ai voulu le démontrer. Oui, je pense qu'on doit mettre fin à la Bourse du carbone.

__________________________________________________________________________

The Carbon Rush, ce soir à 19h à l'Université Concordia.