Un documentaire au long cours dressant un portrait dévastateur de l'ancien secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld, The Unknown known d'Errol Morris, et un deuxième film italien, L'Intrepido, de Gianni Amelio, sont entrés en lice mercredi à la Mostra de Venise.

Côté français, Patrice Leconte présentait lui aussi mercredi en avant-première, mais hors compétition, son dernier film, Une promesse, inspiré d'un roman de Stefan Zweig, Voyage dans le passé, avec Rebecca Hall, Alan Rickman et Richard Madden. «L'histoire d'un amour impossible rendu possible», a commenté le réalisateur dans un entretien à l'AFP.

Rumsfeld, manipulateur de lui-même

Après avoir disséqué l'utilisation de la torture par l'armée américaine en Irak dans l'implacable Standard Operating Procedure en 2008, le réalisateur américain Errol Morris revient sur la carrière de l'ancien secrétaire à la Défense de l'administration Bush, Donald Rumsfeld, dans un face à face étonnant où ce dernier se prête à une série de questions-réponses de 33 heures réalisées en une dizaine de jours.

Guerre en Irak, non existence des armes de destruction massive dans ce pays, Guantanamo, Afghanistan, 11 septembre, Ben Laden... : confronté à des images d'archives qui parlent d'elles-mêmes et confondu par les faits, l'ancien responsable politique américain n'exprime cependant aucun regret, reprenant, au gré de ses vérités interchangeables, une devise : «Les choses arrivent comme elles arrivent» et «l'absence de preuves évidentes n'est pas une preuve d'évidence».

Devant la presse, le réalisateur a expliqué «croire au fait qu'en faisant un documentaire sur quelqu'un, on peut parvenir à capter la complexité de la personne». «Ma femme comparaît Rumsfeld au chat d'Alice au pays des merveilles qui à la fin disparaît dans un sourire. Je crois que c'est une bonne comparaison», a-t-il déclaré devant la presse.

Le documentaire montre notamment l'usage récurrent des 20 000 mémos («Snowflakes», flocons de neige) envoyés par le responsable politique lorsqu'il était en fonction.  Il est le seul à être interviewé. «Le but n'était pas de montrer ce que pensent les autres de Rumsfeld mais ce qu'il pense de lui-même et comment il justifie ce qu'il a fait», a ajouté M. Morris.

«C'est un portrait dévastateur et effrayant, a-t-il analysé, celui d'un homme qui se contredit sans cesse et utilise un langage étrange destiné à manipuler les autres, mais à la fin, il se noie dans un océan de mots, il se manipule lui-même», a-t-il dit. Métaphore de  sa personnalité : une boule en verre transparente dans laquelle s'agitent des flocons de neige synthétiques.

Le courage de survivre dans une Italie en pleine crise

Le désespoir qu'entraîne le chômage et le courage nécessaire pour accepter n'importe quel emploi afin de survivre sont le thème central de L'intrepido de Gianni Amelio, «un film sur la dignité humaine», a expliqué le réalisateur à la presse.

Il raconte l'histoire d'un père de famille (Antonio Albanese), 48 ans, qui perd son travail et est forcé d'accepter une série de petits boulots (conducteur de tram, animateur, blanchisseur et livreur de pizza). Il le cache à son fils et à son ex-femme, et ira tenter sa chance en Albanie...

«C'est comme si Antonio faisait partie de moi. je viens de la classe ouvrière. Lorsque j'avais 15 ans, j'ai commencé à travailler de mes mains, et j'ai fait toutes sortes de petits boulots comme lui», a dit l'acteur.

Tourné dans la capitale économique et financière de l'Italie, Milan, le film montre l'angoisse et la dépression qui s'emparent d'une Italie en récession, où 12 % de la population est au chômage, un pourcentage qui monte à plus de 39% chez les jeunes. Le film montre aussi comment la crise affecte les différentes générations.