Avec Un ragazzo d'oro, présenté en première mondiale et en compétition officielle, le cinéaste et scénariste Pupi Avati fait une deuxième incursion au Festival des films du monde. Joint à Rome, ce dernier nous parle de ce film très personnel dont le tournage a causé une petite commotion dans la Ville éternelle en raison de la présence de Sharon Stone.

Tapez les noms Avati, Sharon Stone et Rome sur Google et vous trouverez une flopée de reportages à saveur people sur la présence de la belle Américaine sur le plateau du film Un ragazzo d'oro, tourné à Rome en juillet 2013.

Il semble évident qu'on s'intéressait alors beaucoup plus aux moindres faits et gestes de l'actrice qu'au scénario du réalisateur Pupi Avati, qui n'est pourtant pas le dernier venu dans le vaste monde du cinéma italien.

Pas de doute, la star, qui a aujourd'hui 56 ans, possède toujours un pouvoir d'attraction digne de Catherine Tramell, personnage mythique de Basic Instinct qui l'a propulsée dans la stratosphère du vedettariat. En entrevue téléphonique depuis Rome, Pupi Avati le confirme.

«Elle a travaillé durant huit jours sur le plateau et il y avait constamment quelque 200 paparazzi autour de nous. C'est une grande star ici», dit le réalisateur, qui débarquera à Montréal aujourd'hui pour présenter son film en première mondiale au Festival des films du monde.

Très librement inspirée de la vie du réalisateur, l'oeuvre raconte l'histoire de Davide (Ricardo Scarmacio), jeune écrivain qui peine à faire sa place. Lorsque son père Ettore, scénariste de films médiocres, meurt dans un mystérieux accident de voiture, Davide n'est nullement attristé, car il n'a jamais été proche du paternel.

À la place du père

Mais tout cela bascule le jour où Davide découvre par Ludovica, une éditrice d'origine... canadienne, que son père a commencé à écrire son autobiographie. Nourri par le besoin de se rapprocher du défunt, mais aussi de la très attirante Ludovica, Davide entreprend de terminer l'écriture du livre à la place de son père.

«J'ai choisi Sharon Stone pour interpréter Ludovica parce qu'elle est belle et très gentille, tout en demeurant très mystérieuse, dit M. Avati au bout du fil. En écrivant ce personnage, je savais qu'elle serait parfaite pour ce rôle. C'est une icône, quelqu'un que tu désires, mais que tu ne peux approcher. Sharon Stone est comme un ovni, qui nous arrive d'un autre monde.»

En mode séduction, cette Ludovica? Totalement! Et de bout en bout. Sa seule présence aux funérailles d'Ettore fait bouillir le sang de la mère de Davide. Ses conversations téléphoniques avec ce dernier font hurler de rage son mari. Quant à Davide, il ne sortira pas indemne de son béguin pour Ludovica, comme son père avant lui. Il sombrera peu à peu dans la maladie mentale, ayant renoncé à sa médication pour mieux écrire le livre maudit.

On demande à Pupi Avati pourquoi cette origine canadienne pour Ludovica. Il rit avant de répondre: «Je ne sais pas. Peut-être parce que Mme Stone ne parle qu'anglais et qu'il a fallu la doubler pour le film. Le Canada étant un pays multilingue, c'était plus simple ainsi.»

Proche de lui

Cela dit, Un ragozzo d'oro est un film proche de son réalisateur, dont le père, un antiquaire de profession, avait essayé de produire un film un mois encore avant sa mort.

«Trois de mes films parlent des relations père-fils, dit Pupi Avati. Je n'ai vécu qu'une petite partie de ma vie avec lui. Il est mort lorsque j'avais 12 ans [il en a maintenant 75]. J'étais curieux d'explorer les rêves de mon père à travers le cinéma. Moi aussi, j'ai été commerçant avant de devenir réalisateur. Si je fais du cinéma, c'est sans doute grâce à mon père, et j'aurais aimé qu'il sache ce que je suis devenu.»

Malgré sa quarantaine de films, plusieurs succès critiques et une présence en compétition à Cannes avec son film Un coeur ailleurs (en 2003), Pupi Avati porte un regard assez sévère sur son oeuvre. Ce constat ressort lorsqu'on lui demande s'il se sent plus proche de Davide ou d'Ettore.

«J'aimerais être très proche de Davide, mais je me sens aussi proche de son père Ettore. Dans tout ce que j'ai fait, j'ai toujours beaucoup aimé les perdants. Je connais bien la psychologie de ces gens. Peut-être parce que j'en suis un? J'ai fait beaucoup de films, mais dans mon esprit, le film parfait, celui qui me représente le mieux, est encore à faire.»

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Le 27 août, à 11h30 et à 21h30, et le 28 août, à 16h30, au Cinéma Impérial.