Le Festival international du film de Toronto (TIFF) fête ses 40 ans cette année, et vit l'angoisse de la quarantaine qui vient avec.

Ce qui a déjà été perçu comme un petit événement local, snobé par Hollywood, est pourtant devenu l'un des plus gros joueurs de l'industrie, et donc la cible de critiques de tous azimuts. Trop gros, trop exclusif, trop de paillettes.

Il y 40 ans, les fondateurs du festival rêvaient d'un tel degré d'attention. En 1976, quand le TIFF a lancé ce qui s'appelait alors le Festival of Festivals, les studios hollywoodiens ont feint de s'y intéresser pour retirer leur participation à la toute dernière minute, se rappelle le cofondateur Bill Marshall.

Le vent a tourné en 1983, lorsque le drame The Big Chill de Lawrence Kasdan avec Glenn Close, Kevin Kline et William Hurt a été présenté.

Aujourd'hui, fort de nombreux succès, le directeur artistique Cameron Bailey souhaite se concentrer sur l'avenir du TIFF. Cette année, une nouvelle section, Primetime, présentera le meilleur de la télévision internationale, et Platform sera une section compétitive dédiée aux réalisateurs émergents. M. Cameron admet qu'il a été difficile de trouver la bonne manière de souligner les 40 ans du festival.

«Nous n'étions pas certains, car 40, ce n'est pas 50, ce n'est pas 25. Ce n'est pas un de ces anniversaires marquants», explique M. Bailey.

«Mais ça demeure un nombre important. En quelque sorte, il signifie l'entrée dans l'âge moyen, ou devenir un vrai adulte.»

Or, le TIFF n'est pas seulement adulte, il est devenu un géant parmi les festivals de cinéma.

George Clooney, Matt Damon, Sandra Bullock et Helen Mirren font partie des vedettes qui sont venues plus d'une fois à Toronto pour la promotion de leurs films.

Le TIFF est aussi une ligne de départ importante dans la course aux Oscars.

Il est synonyme de tapis rouge. Il n'est pas rare d'y voir des centaines de fans hurlant aux premières les plus médiatisées, ce qui n'est pas sans déplaire aux festivaliers de la première heure.

Les critiques, l'assistance, les invités de marque et un épisode de censure font maintenant partie des crises passées. Aujourd'hui, d'autres batailles occupent les organisateurs, telle que celle des événements extérieurs qui profitent de la notoriété du TIFF, note le président-directeur général, Piers Handling.

«Ils pourraient nous priver de revenus, et nous sommes un organisme à but non lucratif et nous avons besoin de cet argent», fait-il valoir, citant en exemple un festival de musique récemment dissous et une guerre de campagnes de marketing audacieuses.

«Nous avons envoyé des ordonnances de cessation et d'abstention, nous avons un département juridique. Nous tentons d'être aussi délicats que possible, tout en restant vigilants tel que l'on doit l'être.»

Cette année, les organisateurs attendent 500 000 personnes dans l'ensemble des événements, incluant les programmations gratuites, la «zone des fans» des tapis rouges et une nouvelle exposition de rue.

Jamais ils ne s'attendaient à grandir ainsi.

«Nous pensions faire un festival pour avoir un peu d'attention de l'industrie du cinéma canadienne. Et qu'est-ce qu'on en a eu!», s'exclame un des cofondateurs, Henk Van der Kolk.

Le 40e Festival international du film de Toronto se déroulera du 10 au 20 septembre.