Parfois, des phénomènes incompréhensibles se produisent au Festival de Cannes. La nouvelle offrande de Gus Van Sant, The Sea of Trees, a été copieusement huée lors de la première projection, destinée à la presse.

À la sortie, c'était à qui trouverait la formule la plus assassine pour décrire un film auquel on reproche essentiellement son ton larmoyant, sa musique excessive, un dernier tiers qui sombre dans le ridicule et un sentimentalisme bancal. On aurait pu adresser exactement les mêmes reproches au film d'Hirokazu Kore-Eda, Umimachi Diary, tout aussi mièvre, et pourtant les festivaliers ont accordé un passe-droit au cinéaste japonais. Allez comprendre.

Raté, le nouveau film de Gus Van Sant l'est. Indéniablement. Jusqu'au moment où tout bascule dans le ridicule au chapitre narratif, The Sea of Trees avait quand même ses moments, notamment sur le plan visuel et de l'interprétation.

Matthew McConaughey offre en effet une performance très convenable dans le rôle d'un homme désespéré qui décide de se rendre dans une forêt située au pied du mont Fuji, au Japon. Il veut mettre fin à ses jours dans cet endroit réputé « idéal pour se donner la mort ».

DE NOBLES INTENTIONS

Le scénario emprunte la formule habituelle des retours en arrière pour expliquer comment l'homme en est arrivé à ce point de désespoir, notamment en évoquant une vie de couple où l'amour est bien réel, mais parsemé de conflits. Naomi Watts incarne l'épouse.

Il se trouve qu'une rencontre inopinée avec un homme du pays (Ken Watanabe), qui - c'est bien pratique - s'adonne à parler l'anglais, risque de faire changer le cours des choses.

Au-delà du récit, prévisible, et du traitement, sirupeux, il reste que les intentions de Gus Van Sant étaient nobles. De là à ce que de nobles intentions se transforment en bon film, il y a un énorme pas. Que le réalisateur d'Elephant, lauréat de la Palme d'or en 2003, n'a malheureusement pu franchir cette fois.