Des nombreux rêves de cinéma qui l'habitent, Vanessa Paradis a celui de tourner de nouveau - et de préférence au Québec - avec Jean-Marc Vallée, une «bombe de metteur en scène», dit-elle.

En entrevue au Festival international du film francophone (FIFF) de Namur, la chanteuse et comédienne parle longuement et avec une grande admiration du cinéaste avec qui elle a tourné Café de Flore, un film dont elle est «très fière» et qui, dit-elle, n'a «pas eu le succès qu'il méritait en France».

«Il n'a pas fait beaucoup d'entrées. Je ne sais pas pourquoi, dit-elle. Est-ce parce que les gens n'ont pas été touchés par l'histoire? Est-ce parce qu'en France, le Café de Flore a une identité tellement forte que les gens ont pensé qu'on restait dans Saint-Germain-des-Prés et le Paris des années 50? Alors que ce n'est pas du tout ça. Il y a aussi que tout est beaucoup une question de moment, de corrélation de plein de choses. Un jour, on peut aimer un film et ne pas l'aimer le lendemain.»

«J'espère que c'est ça et j'espère que plus tard, les gens découvriront que c'est un très beau film.»

Mettant aussi en vedette Kevin Parent, Hélène Florent, Evelyne Brochu et Marin Gerrier, le film suivait en parallèle les histoires d'une mère de famille monoparentale s'occupant de son enfant trisomique et d'un DJ montréalais à la vie sentimentale chamboulée, dans le Paris des années 60 et le Montréal d'aujourd'hui.

Avec La fille sur le pont (Patrice Leconte) et L'Arnacoeur (Pascal Chaumeil), Café de Flore est l'un des trois films dans lesquels Vanessa Paradis a joué et qu'elle a voulu offrir en projection aux cinéphiles de Namur.

Sous la direction du réalisateur Jean-Marc Vallée, la comédienne dit avoir beaucoup appris à improviser.

«Avant, j'avais beaucoup de mal avec l'improvisation. Mais grâce à Jean-Marc et à mon partenaire de jeu Marin [Gerrier], qui était un petit garçon de 10 ans très naturel dans le jeu, j'étais constamment obligée de réagir, d'être moins en train de me regarder. Il y a eu quelque chose de totalement libérateur à tourner une scène avec un enfant trisomique doté de difficultés de concentration, pouvant être têtu et faisant parfois des choses à l'inverse de ce qu'on lui demandait parce que c'était un petit coquin.»

Vallée «prodigieux»

Quant au travail de Vallée, elle le qualifie de «prodigieux». «Il est une bombe de metteur en scène, lance l'actrice. Il est DJ, il est musicien, il monte ses films lui-même. Déjà, sur le tournage, il avait le sens du montage. Même lorsqu'on "rencontrait" un problème, il arrivait à transformer son truc et à penser au montage en conséquence. C'était très fort.»

«Avant Jean-Marc, je n'avais pas eu un rôle de composition à trouver alors que j'en avais l'occasion ici, poursuit-elle. J'étais heureuse de jouer cette mère très présente avec son enfant, mais qui n'avait pas du tout les instincts de tendresse et de délicatesse que je peux avoir en tant que mère. Ce rôle m'a donné la possibilité d'aller chercher des choses très différentes d'avant.»

Mal placée pour dire non à sa fille

Parlant de mère, comment réagit la star, qui a commencé très tôt dans le métier, à l'arrivée de sa propre fille, Lily-Rose, dans le show-business?

«Dans mon cas, je referais la même chose, dit-elle. Dans le cas de ma fille, bien sûr, j'aurais adoré qu'il y ait encore quelques années avant qu'elle ne débute. Mais, j'étais mal placée pour lui dire qu'elle est trop jeune [rires]. Et en plus, elle en a réellement envie. Elle est faite pour ça. Elle n'est pas seulement extrêmement belle: c'est déjà une grande actrice.»

«Elle a des goûts exquis. Elle a très bien choisi ses premiers projets et puis, quand la chance passe, dans la vie, il faut savoir l'attraper.»

Souriante, rieuse, généreuse de son temps, la chanteuse et comédienne a répondu longuement à toutes les questions de La Presse.

Elle se dit chanteuse avant d'être comédienne. «C'est parce que je veux absolument continuer à faire de la musique que je choisis très précisément mes films. Si je n'étais pas chanteuse, évidemment que j'en aurais fait plus. Mais faire un album prend trois ans et tourner un film, deux mois.»

De tous ses films, La fille sur le pont est son préféré. «C'est le premier des trois films qui m'est venu en tête quand on m'a demandé [de suggérer des films à projeter]. Parce que c'est complet. Il avait tout: le scénario, le metteur en scène [Patrice Leconte], le partenaire [Daniel Auteuil], l'usage du noir et blanc et le travail de l'équipe qui a fait de ce film ce qu'il est devenu.»

Ironiquement, aucun de la quinzaine de films dans lesquels Vanessa Paradis a joué n'a été présenté à Cannes. «Je n'ai jamais monté ce tapis rouge», constate-t-elle.

Des regrets? Des espoirs? «Ce serait une petite cerise sur le gâteau, répond-elle. Je pourrais mourir sans avoir fait Cannes. Mais, pour le plaisir et la fierté de monter les marches avec l'équipe de son film, pourvu que ce soit un film qu'on a aimé faire, c'est chouette, quoi. À la promotion, on a plaisir à retrouver les gens avec qui on a travaillé. Alors, à Cannes, ce serait chic. Si je peux le faire, je veux bien.»

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Les frais de ce reportage ont été payés par le FIFF.