Le cinéaste Fernand Dansereau a décidé de faire un film sur le sexe pour obtenir du financement des institutions. Il a tourné L'érotisme et le vieil âge et ne le regrette pas!

Après Le vieil âge et le rire, Fernand Dansereau voulait tourner un documentaire sur la vieillesse citoyenne, mais personne n'en a voulu. Il s'est donc tourné vers le sexe. En tournant L'érotisme et le vieil âge, le cinéaste dit être allé de découverte en découverte. 

«J'ai vu comment le langage s'est libéré au Québec. Je craignais que les gens ne veuillent pas en parler, mais il n'y en a eu que quelques-uns. J'ai rencontré une liberté de parole qui indique une liberté des moeurs et de la pensée. Ce n'était pas comme ça il y a 30 ans.» 

Même plusieurs jeunes gens, interpellés par Louise Portal dans la rue, se montrent ouverts à parler de la sexualité du troisième âge. 

«Seulement 3 jeunes sur 21 ont dit croire que leurs grands-parents ne faisaient plus l'amour. C'est étonnant.»

Dans un autre très beau moment, son bon ami le cinéaste Jean Beaudin raconte les derniers moments de vie de sa compagne. «C'était très généreux de sa part qu'il accepte de parler de ça.» 

Le documentaire montre que les aînés continuent d'apprendre et d'approfondir leur sexualité avec le temps et selon leurs moyens physiques.

«Mais je ne voulais pas que les spectateurs âgés du film soient violentés psychologiquement par ce qu'ils voient en pensant qu'ils n'en sont pas capables. Je ne voulais pas installer une nouvelle norme. Ce n'est plus une sexualité de jeune et de performance, c'est une sexualité qui est de l'amour, finalement.»

Bien vieillir

Mais la société ne semble pas prête à embrasser pleinement cet état de fait. Fernand Dansereau réfléchit donc à un troisième film sur le vieil âge, au sujet des conditions favorisant un «bon vieillissement».

«Est-ce qu'il y a moyen de bien vieillir? Je veux travailler sur la quête de sens au vieil âge à l'approche de la mort. Réfléchir à ce qu'il y a après, si c'est le cas. Toutes ces questions qui ont pris de l'importance depuis que les religions ont cessé de les monopoliser.»

Malgré la maladie et la perspective de la mort, Fernand Dansereau, lui, reste d'un optimisme à tout crin.

«On peut constater que ça ne va pas très bien, mais on peut quand même décider d'être optimiste. Le pessimisme conduit à l'inaction. La lecture que je fais de la réalité me porte à croire qu'on est dans un progrès accéléré, même si on a l'impression que ça va très mal.»

Il croit que les radicaux de toutes sortes, Trump inclus, mènent des combats d'arrière-garde qui ne stopperont pas le progrès humain. 

«Dans 25 ans, ils auront perdu. Le vote pour Trump est un vote contre l'avenir, mais l'avenir n'est pas réglé. Il y a des gens qui s'accrochent aux valeurs d'hier, mais cela ne reviendra plus. La vie avance et progresse. On ne le dit pas assez. Pensez-y, il y a moins de guerres que jamais, une meilleure alimentation, une plus longue durée de vie. De plus en plus de sociétés avec davantage de libertés.» 

Progrès modernes

Le cinéaste reconnaît qu'il y a encore d'immenses combats à mener, mais le cerveau humain, habitué à guetter le danger, ne voit pas toujours les progrès de la modernité, croit-il. 

«Le collectif est en élaboration. Celui des jeunes est informe, mais il existe. Il ne se trouve pas dans le même quartier, mais partout sur la planète. La vie est un phénomène extrêmement brutal et cela ne cessera pas. Il ne faut pas s'attendre à ce que la vie devienne douce.» 

Vieillir ne serait pas une brutalité?

«C'est une hostie d'aventure. J'ai l'impression d'être un Christophe Colomb débarqué sur un continent inconnu. C'est plein de surprises. Il y a beaucoup de deuils à faire, mais il y a aussi plein de découvertes. Comme le dit Florida Scott-Maxwell, en vieillissant, on perd des pouvoirs, mais à chaque perte de pouvoir, la conscience avance.» 

Tout ce que vous avez voulu savoir...

Dans le film, le spectateur aura d'ailleurs l'impression d'être devant des gens qui ont compris des choses qui lui échappent encore. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans oser le demander est abordé. 

«Les gens s'organisent, autant que possible, pour satisfaire leurs besoins, comme ils sont de plus en plus nombreux à vivre vieux en bonne santé.»

Tout est question de regard, finalement. Fernand Dansereau filme certains témoignages de face et lorsqu'on s'attarde aux yeux des gens, on comprend le désir, l'amour... et l'âge s'évanouit.

«On voit l'humanité. Tout à coup, ça cesse d'être une personne âgée devant nous. C'est l'humain qui est là, c'est ce que je voulais voir.»

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L'érotisme et le vieil âge prendra l'affiche le 10 février.

PHOTO FOURNIE PAR L'ATELIER DE DISTRIBUTION DE FILMS

«Ce n'est plus une sexualité de jeune et de performance, c'est une sexualité qui est de l'amour, finalement», explique le réalisateur de L'érotisme et le vieil âge, Fernand Dansereau.