Les acteurs se succèdent au gré des adaptations, mais Gérard Depardieu est toujours là. Parce qu'Obélix, c'est lui. Et personne d'autre.

Au moment où, à la veille de la sortie européenne d'Astérix et Obélix au service de Sa Majesté, les rencontres de presse se sont tenues à Paris, Gérard Depardieu était bien loin d'entrevoir la tempête politique dans laquelle il allait se retrouver un mois plus tard. À vrai dire, il avait le coeur plutôt léger, le Gérard. Et plein d'affection pour Obélix, ce personnage attachant qu'il incarne pour une quatrième fois à l'écran.

«J'aime tout d'Obélix, a-t-il confié. Je dirais même que plus je le fais, plus je m'aperçois que je suis lui! Ça me plaît de devoir penser et réagir comme lui. Même quand il boude. Obélix est un personnage complètement dénué de méchanceté. Je ne suis pas aussi fort que lui, mais j'ai son penchant pour aimer d'emblée l'autre, en être curieux. Obélix aime l'idée d'aimer. L'incarner ne représente aucun défi pour moi. Juste du bonheur! De toute façon, j'ai horreur de travailler. Je ne veux que du plaisir. Et, de temps en temps, je gémis aussi...»

Un «monstre» comme Depardieu ne laisse évidemment personne indifférent sur un plateau. Le réalisateur Laurent Tirard concède avoir eu «très peur» à l'idée de devoir travailler avec l'acteur. D'autant plus que Catherine Deneuve - autre icône du cinéma - fait aussi partie de la distribution.

«Catherine n'avait que cinq jours de tournage, rappelle le cinéaste. Elle fut magnifique, mais si cela s'était mal passé, j'aurais quand même survécu. En revanche, Gérard avait au moins 45 jours de tournage. S'il nous prend dans le nez, on meur! Heureusement, ce fut tout le contraire. Dès le premier jour, il posait sur moi le regard d'enfant qu'a Obélix. Personne d'autre que lui ne pourrait l'incarner de toute façon!»

De son côté, Gérard Depardieu estime que Laurent Tirard propose ici le meilleur des quatre films d'Astérix en existence.

«En plus d'être l'un des hommes les plus élégants et les plus ravissants que je connaisse, Laurent a apporté un excellent script. Dans une production de cette ampleur, où il devait régler des problèmes aux quatre secondes, jamais n'a-t-il fait sentir aux acteurs le poids de ses préoccupations. On se sentait aimés. Il nous regardait comme un enfant, avec des étoiles plein les yeux. À mon sens, Laurent nous a offert la plus belle adaptation d'Astérix, la plus humaine, dans laquelle chaque personnage a droit à son moment.»

Quand un journaliste belge lui demande s'il se verrait dans une adaptation d'Astérix chez les Belges, Gérard Depardieu ne cache pas son enthousiasme.

«Ah ça, oui! J'aimerais bien. J'irais volontiers chez les Belges. J'adore la Belgique. Je suis convaincu qu'il y aurait un film extraordinaire à faire là-bas!»

Le destin a de ces ironies parfois.

Les autres personnages



> Édouard
Baer, Astérix

«Ce que j'aime particulièrement de la bande dessinée de Goscinny et d'Uderzo, et aussi de l'adaptation qu'en fait Laurent Tirard, c'est la curiosité qu'affichent les personnages pour les autres cultures. Je trouve qu'à l'époque dans laquelle on vit, il est bon de rappeler que l'idée de la France n'est pas une notion fermée. Dans Astérix, on aime les traditions et l'idée qu'on se fait de la Gaule, mais on aime aussi aller à la rencontre des autres. Il n'y a pas d'antagonisme, ni de complexe de supériorité. J'aime.»

> Catherine Deneuve, Cordelia, reine des Bretons

«Même si le personnage n'occupe pas beaucoup de temps à l'écran, je me suis quand même beaucoup amusée à le composer. Pour ce faire, j'ai regardé beaucoup de documents des années 60 afin de mimer les postures d'Elizabeth II à l'époque. Elle était toujours droite, avec ce visage en apparence impénétrable sur lequel on devine pourtant beaucoup de choses. J'ai aussi beaucoup travaillé l'accent. Pour que ce soit drôle, il faut que tout reste plausible.»

> Charlotte LeBon, Ophélia, ingénue bretonne

«Je me suis présentée à l'audition sans rien attendre du tout, en me disant que l'expérience en elle-même serait déjà intéressante, dit l'actrice québécoise. J'ai été super contente quand on m'a annoncé que j'avais décroché le rôle, mais le jour où je suis arrivée sur le plateau d'Astérix, j'étais très intimidée face à tous ces maîtres. Je me sentais vraiment atteinte du syndrome de l'imposteur. Fort heureusement, ils m'ont tous très bien accueillie. Et tout s'est très bien passé. Cette expérience a piqué ma curiosité, en tout cas.»

> Valérie Lemercier, Miss Macintosh, chaperonne d'Ophélia

«Ce fut un vrai plaisir. J'ai adoré jouer avec cet accent, adoré me faire coiffer de façon improbable avec ces deux pains aux raisins sur les côtés et une brioche au-dessus. J'ai même aimé porter le corset qui me sculptait la silhouette! Tourner une aussi grosse production est impressionnant. On demande un cachet d'aspirine et il faut remplir une réquisition de cinq pages! Mais l'équipe était du tonnerre. Vraiment. Je me suis beaucoup amusée avec Charlotte notamment. Qui, malgré son visage d'ange, est la plus trash de nous toutes!»