«Tourner pour moi c'est comme une thérapie», a déclaré jeudi le cinéaste italien Bernardo Bertolucci, réalisateur du Dernier tango à Paris, en présentant à la presse son nouveau film Io e Te (Toi et moi), qui sortira en Italie la semaine prochaine.

Le cinéaste âgé de 71 ans a souligné avoir pris goût à ce retour derrière la caméra après 10 ans d'absence depuis The Dreamers qui a signifié «recommencer à filmer mais aussi recommencer à vivre». «Je crains que vous ne deviez subir d'autres films dans pas longtemps», a-t-il dit avec son habituelle ironie, tout en refusant d'en dire davantage.

Io e Te qui sortira en Italie jeudi prochain et pourrait être distribué à partir de février en France, selon son producteur, raconte le face-à-face entre un adolescent de 14 ans et sa soeur dans la cave de leur immeuble.

«J'espère que le public sentira quelque chose de libératoire, comme après une bombe atomique même si c'est marrant que mes personnages se libèrent aux Parioli», quartier chic de Rome, a-t-il ajouté à propos de son film tourné dans la capitale entre octobre et décembre 2011.

Io e Te, inspiré d'un roman de l'écrivain italien Niccolo Ammaniti raconte le huis clos entre Lorenzo (Iacopo Olmo Antinori), 14 ans, un adolescent solitaire qui fait semblant de partir au ski et s'enferme dans la cave de ses parents à leur insu, et Olivia (Tea Falco), sa demi-soeur rebelle et toxicomane âgée de 24 ans.

«Le personnage de Lorenzo est celui d'un jeune de 14 ans aujourd'hui. J'avais un peu perdu le contact avec l'adolescence et quand j'ai rencontré Iacopo je l'ai regardé comme une chose spéciale», a raconté Bertolucci.

Le cinéaste auteur aussi du Dernier empereur ou de Stealing Beauty, a plaisanté sur son intérêt pour les jeunes gens. «Mes amis savent que je suis un cas d'«arrested development» (croissance stoppée), certains penseront que je souffre d'une étrange perversion à regarder évoluer des jeunes avec plaisir», a-t-il lancé.

«Lorenzo est interrompu dans sa solitude parfaite par cette furie à mi-chemin entre King Kong et Marlène Dietrich» qui est sa soeur, a ajouté Bertolucci, en soulignant que cette rencontre est pour lui «comme une initiation».

Bertolucci a justifié le fait de tourner souvent dans des lieux clos par son état de santé, puisqu'il est cloué dans un fauteuil roulant, mais aussi parce qu'«il y a quelque chose qui (le) rassure dans les lieux clos».

À propos de la mauvaise santé du cinéma italien, le réalisateur de Novecento a estimé que «peut-être parfois on réfléchit trop à si le public ira voir le film». Il a conseillé aux cinéastes «de faire quelque chose qui leur soit organique, comme mes films reflètent mes pulsations y compris l'arythmie» cardiaque.