Dans Inch'Allah, le nouveau film d'Anaïs Barbeau-Lavalette, la comédienne française Sabrina Ouazani (La graine et le mulet, La source des femmes) interprète Rand, une Palestinienne vivant dans un camp de Ramallah et se liant d'amitié avec Chloé (Évelyne Brochu), obstétricienne québécoise écorchée par le quotidien sans pitié du conflit israélo-arabe. La Presse a rencontré Mme Ouazani lundi soir à la première montréalaise du film.

Q : Qui est Rand?

R : Rand est une jeune Palestinienne enceinte jusqu'aux yeux de son premier enfant. Son mari Ziad est en prison (en Israël). C'est une patiente de Chloé. Et c'est une femme qui est assez forte, assez dure. Elle a un bon vécu, elle s'occupe de son petit frère. Pour moi, elle est un peu le feu.

Q : Dans quel état d'esprit est Rand lorsqu'elle rencontre Chloé?

R : C'est une femme assez en colère en raison du conflit israélo-palestinien et parce que son mari n'est pas à côté d'elle durant sa grossesse. Mais c'est aussi une femme qui sait ce qu'elle veut. Elle se donne les moyens pour arriver là où elle veut. En même temps, elle a une petite pointe d'espoir parce qu'elle a la vie en elle. Elle aime infiniment son mari et elle l'attend. Elle aime le bébé dans son ventre et fait déjà des projets pour lui. Elle se bat et continue à vivre pour lui. Elle a aussi de l'espoir en raison de sa rencontre avec Chloé, qui est une lumière, un renouveau pour elle.

Q : Comment le personnage est-il venu à vous?

R : À la lecture du scénario, ce fut comme un coup de poing, un choc. J'ai passé un casting avec Anaïs en France. Lorsque j'ai lu le scénario, je me suis dit: Je veux être Rand. Et si je n'ai pas le rôle, je tiendrai la perche, je travaillerai à la régie, mais je veux faire partie de ce film. En passant les essais, j'avais le coeur qui battait la chamade tellement je voulais le rôle. Cela faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé.

Q : Vous sentiez-vous concernée par ce conflit avant le tournage?

R : Pas vraiment. J'en avais, comme tout le monde, entendu parler. Mais je n'avais pas cherché à en savoir plus. J'étais là, dans mon petit confort, ma petite vie. Mais après lecture du scénario, ça fait partie de nous. Le film humanise les deux côtés. Il n'est pas manichéen. On constate que ce n'est pas facile ni pour les uns ni pour les autres.

Q : Quels sont vos prochains projets?

R : Mon prochain film, qui sort à la fin de l'année en France, s'intitule De l'autre côté du périph. C'est une comédie (de David Charhon) avec Omar Sy et Laurent Lafitte. Par la suite, j'ai plein de jolis projets dont un nouveau film, De guerre lasse (d'Olivier Panchot), qui parle de banditisme et d'inceste, et dont le tournage commence le 22 octobre.