À Longue-Rive, un village de 1050 âmes baigné par les eaux du Saint-Laurent sur la Haute-Côte-Nord, le garage de Normand Demers est au XIXe siècle ce que les quais, les bars, les perrons d'église et autres endroits étaient au siècle précédent.

C'est un lieu de rassemblement. Mieux encore. Le garage de Michel Demers est un lieu où il fait bon vivre, se retrouver entre amis et voisins, où l'on jase des petites et grandes choses de la communauté entre un nettoyage de carburateur et un changement de courroie de motoneige.

Le garage est un documentaire modeste, mais plein de tendresse que Michel Demers consacre à son frère Normand établi à Longue-Rive depuis 36 ans et à sa tribu élargie qui comprend sa blonde, ses deux garçons, ses quatre petits-enfants et ses amis du voisinage.

«Ce n'est pas le seul endroit comme ça. À Longue-Rive et dans bien d'autres villages du Québec, le garage est en train de devenir le lieu où les gens se rassemblent. Il y a chez ceux qui le fréquentent un sentiment de solidarité et d'entraide, nous confie Michel Demers en entrevue. Quant à mon frère Normand, je dois dire qu'il a un caractère généreux et rassembleur.»

M. Demers, qui a habité Longue-Rive de 1970 à 1980, a mené une carrière dans l'enseignement. Mais, dit-il, il a toujours eu une caméra à portée de main. Il a signé un autre long métrage documentaire intitulé Vieillir heureux sur des personnes âgées demeurant dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Il dit que les gens constituent son sujet de prédilection.

Sans prétention ni esbroufe, son film Le garage est un témoin de ce lieu comme pôle de vie sociale et culturelle. L'auteur filme le garage de son frère tel quel, un endroit serti de bouteilles de bière, de chemises à carreaux et de calendriers de filles nues sur les murs. On entend l'écho des outils sur la tôle, en sent l'odeur de l'huile et du poêle sur lequel chauffe un plat de palourdes. Les enfants jouent à même le sol avec leurs babioles à deux sous.

Le film a aussi ceci de particulier qu'il nous fait comprendre que même si les habitants de Longue-Rive vivent littéralement en bord de mer, ce sont des lieux comme le garage de Normand et la forêt qui les attirent.

«Auparavant, bien des gens vivaient de la pêche en mer. Aujourd'hui, ça n'existe plus, constate Michel Demers. Ils vont sur la rive pour récolter des moules et des palourdes. Pour aller à la pêche, ils partent dans le bois en camion ou en ski-doo.»

Et quand une pièce de leur véhicule fait défaut, vite, ils retournent au garage!

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Le garage est présenté samedi, à 16h, à la Maison de la culture Villeray - Saint-Michel - Parc-Extension. Une contribution volontaire de 10 $ est suggérée.