La comédie musicale et romantique La La Land a complètement dominé la soirée de la 74e édition des Golden Globes tenue dimanche soir à Beverly Hills, en Californie. Le film a obtenu un score parfait de sept trophées en sept nominations au célèbre gala orchestré par l'Association de la presse étrangère d'Hollywood.

En plus de remporter le prix de meilleur film (comédie ou film musical) l'oeuvre, qui se veut une lettre d'amour à Hollywood, a aussi remporté les prix de meilleure réalisation (Damien Chazelle), meilleur scénario (Damien Chazelle), meilleure actrice (Emma Stone) et meilleur acteur (Ryan Gosling).

Isabelle Huppert a par ailleurs créé une grande surprise en remportant le prix de la meilleure actrice dans un film dramatique pour son interprétation de Michèle Leblanc dans le long métrage Elle de Paul Verhoeven, qui a aussi remporté le prix du meilleur film dans une autre langue que l'anglais.

«Mon coeur bat si fort. Si vous saviez comme je me sens à l'intérieur. Merci Paul de m'avoir laissé être qui je suis», a dit Mme Huppert très émue. Celle-ci a obtenu le trophée face à Amy Adams (Arrival), Jessica Chastain (Miss Sloane), Ruth Negga (Loving) et Natalie Portman (Jackie). 

Sous le regard d'une Isabelle Huppert emballée, le réalisateur Paul Verhoeven est allé cueillir le prix du meilleur film tourné dans une autre langue que l'anglais pour Elle (France). S'attardant sur le travail, le talent et l'authenticité de Mme Huppert, actrice principale du film, le réalisateur a remercié les organisateurs de la soirée pour leur esprit d'ouverture car son oeuvre ne mettait pas en scène un personnage très sympathique.

Dans la section réservée aux films dramatiques, le prix du meilleur film est allé à Moonlight, histoire d'un jeune homosexuel noir qui cherche à faire sa place dans un Miami émaillé de violence. Pour son travail dans Manchester by the Sea, Casey Affleck a remporté le prix du meilleur acteur dans la catégorie des films dramatiques.

Florence Foster Jenkins (4 nominations) et Lion (4 nominations) sont repartis bredouille. Le film Arrival de Denis Villeneuve, en nomination dans deux catégories (meilleure actrice/Amy Adams) et meilleure trame sonore, n'a pas non plus remporté de trophée.

Pour La La Land, la récolte a commencé avec les prix de la meilleure bande sonore (Justin Hurwitz) et de la meilleure chanson, avec City of Stars. Le film et sa musique ont d'ailleurs largement inspiré le numéro d'ouverture du gala dans lequel l'animateur Jimmy Fallon exprimait sa détresse sur un tapis rouge congestionné de limousines. Une impressionnante brochette d'acteurs et d'actrices ont participé à cette chorégraphie chantée.

Gagnant du prix du meilleur acteur, Ryan Gosling a salué le talent de sa partenaire Emma Stone et du réalisateur Damien Chazelle. «Ce trophée c'est le nôtre. Je peux le couper en trois parties s'il le faut», a-t-il lancé. Le fait de danser, chanter et jouer du piano lui a permis de faire une de ses plus belles expériences de cinéma, a-t-il ajouté.

Emma Stone, qui a reçu son trophée des mains de Matt Damon, a indiqué que l'oeuvre de Damien Chazelle constituait un film pour les rêveurs et qu'il mettait en valeur l'espoir et la créativité, deux des plus importants outils dans le métier des arts. «Pour tous ceux qui ont essuyé des refus, qui se sont fait claquer la porte au nez, je partage ce trophée avec vous», a-t-elle ajouté.

Le comédien Aaron Taylor-Johnson a remporté le premier trophée de la soirée, celui de meilleur acteur de soutien pour son travail dans Noctural Animals. Chez les femmes, toujours dans cette catégorie, Viola Davis a remporté le prix pour son interprétation de Rose Maxson dans Fences. Pour la comédienne, il s'agissait d'un premier Golden Globe en cinq nominations.

Photo AP

Isabelle Huppert

Meryl Streep pourfend Donald Trump

De nouveau en nomination cette année (une 30e fois; un record) aux Golden Globes pour son rôle éponyme dans la comédie Florence Foster Jenkins, Meryl Streep a reçu le prix Cecil B. DeMille pour l'ensemble de sa carrière cinématographique.

Ce prix lui a été présenté par la comédienne Viola Davis. «Tu me rends fière d'être une artiste», lui a dit Mme Davis avant la diffusion d'un montage des meilleurs moments dans la carrière de Mme Streep.

Sans jamais le nommer, cette dernière a profité de la tribune lui étant accordée pour pourfendre Donald Trump qui deviendra le 45e président des États-Unis le 20 janvier.

«Que serait Hollywood sans des gens venus d'ailleurs?, a-t-elle lancé. Si on les sort tous d'Hollywood, nous n'aurons plus rien à regarder sinon que du football et des arts martiaux mixtes, ce qui n'est pas de l'art.» Cela lui a valu un tonnerre d'applaudissements.

Émue aux larmes, elle a enchaîné en déclarant à quel point la «performance» de Trump durant la campagne électorale l'a étonnée et surtout blessée, notamment lorsqu'il s'est moqué d'un journaliste handicapé.

«L'irrespect entraine l'irrespect. La violence entraîne la violence. Lorsqu'on utilise son pouvoir pour intimider les autres, nous sommes tous perdants», a-t-elle déclaré, invitant la presse à être des plus vigilantes dans les prochaines années et la communauté artistique à appuyer les journalistes.

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Meryl Streep

Outre l'hommage à Meryl Streep, le gala a permis de saluer la mémoire de Carrie Fisher et de Debbie Reynolds, fille et mère décédées à un jour d'intervalle à la fin de 2016, avec un très court montage d'extraits de leurs films.

C'est Zootopia, long métrage issu des studios Disney, qui a remporté le prix du meilleur film d'animation. Mentionnons que ce film avait obtenu un taux d'approbation de 98% sur l'agrégat de critiques Rotten Tomatoes.