C'était écrit dans le ciel! En effet, l'accident catastrophique qui a provoqué la mort du pilote Indy Dan Wheldon en fin de semaine à Las Vegas rodait depuis longtemps sur tous les circuits où évoluent des monoplaces à roues découvertes.

On a joué avec le feu et, cette fois, on s'est brûlé, sans vouloir faire de mauvais jeux de mots. Depuis que les monoplaces sont devenues remarquablement sécuritaires, on a l'impression que les pilotes ont perdu la tête. Trop jeunes pour avoir vécu la mort en course de plusieurs pilotes et aveuglés par des voitures qui pardonnent à peu près tout lors de violents accidents, on se permet des manoeuvres qui me font dresser les cheveux sur la tête (ce qu'il en reste) quand je regarde les Grands Prix de F1 ou les courses Indy.

Ce dimanche, deux épreuves étaient à l'affiche, le GP de la Corée-du-Sud et le Las Vegas 300. Devant mon téléviseur, j'avais un mauvais pressentiment. En Corée, on a frôlé l'accident, mais dans la ville du jeu, on a perdu. La règle d'or que les pilotes ont oubliée est la suivante: AVEC UNE VOITURE À ROUES DÉCOUVERTES, ON ÉVITE DE TOUCHER À UNE AUTRE VOITURE. Or, ce comportement est devenu fréquent depuis quelques années parce que ça plait aux spectateurs. Dans des courses de stock-cars, passe encore, mais en monoplace, se battre roue dans roue est courir à la catastrophe. Des roues en mouvement qui se touchent constituent une situation énormément risquée parce que les pneus peuvent très bien servir de rampes de lancement et favoriser le décollage (rappelez-vous seulement l'envol fatal de Gilles Villeneuve à Zolder quand ses roues avant ont grimpé sur l'arrière de la voiture de Jochen Mass).

Depuis quelques années, les pilotes avaient oublié ce principe élémentaire de sécurité. Et comme ça fait un bon «show», les promoteurs ne disent rien. À Las Vegas, principalement, les pilotes s'étaient plaints de l'extrême exiguïté de ce circuit qui n'était visiblement pas l'endroit idéal pour faire rouler 34 voitures en même temps à plus de 350 km/h. Il a suffi d'une petite faute de l'un d'eux pour provoquer le carnage au cours duquel le malheureux Dan Wheldon a péri. Ce décès sera-t-il suffisant pour que les autorités de chacune des disciplines prennent les mesures nécessaires pour éviter de «surcharger» les pistes ovales et pour que les pilotes cessent de se sentir invulnérables?

Photo Archives AP

Dan Wheldon laisse dans le deuil son épouse Suzie et ses fils Olivier, huit mois, et Sebastian, 2 ans.