Comparer une humble Hyundai à une noble Rolls-Royce tient pratiquement de l'hérésie. C'est pourtant l'image qui m'est venue à l'esprit en essayant de percevoir un bruit quelconque en écoutant tourner au ralenti le moteur de la nouvelle Elantra 2011. L'oreille attentive au silence, je me suis tout de suite souvenu de cette très ancienne publicité télévisée dans laquelle on disait que la Rolls-Royce était si silencieuse que le seul bruit audible chez elle était le tic tac de l'horloge. Or, aussi étonnant que cela puisse paraître, l'Elantra fait encore mieux avec un affichage électronique de l'heure tout à fait insonore. En plus, le moteur quatre cylindres Beta en aluminium de 1,8 litre qui propulse la dernière-née de chez Hyundai est d'une quiétude telle que les moines de l'Abbaye Saint-Benoît-du-Lac l'accueilleraient volontiers en leur monastère. Désolé pour cette digression.

Après la récente Sonata qui a perturbé l'ordre établi dans la catégorie des voitures de taille moyenne, voilà que le constructeur sud-coréen récidive avec son modèle le plus répandu, l'Elantra, dont la version 2011 s'apprête à faire des vagues dans un segment du marché encore plus compétitif (du moins au Québec), celui des sous-compactes. Déjà une solide rivale des Civic, Focus, Corolla et cie, la nouvelle venue que les concessionnaires de la marque accueilleront à bras ouverts ces jours-ci possède tous les ingrédients pour déstabiliser le marché. Elle s'amène dans un créneau très achalandé où la plupart des candidates sont relativement nouvelles, comme elle, à l'exception de la Civic.

Sa silhouette de mini Sonata jouera certainement un rôle considérable dans sa popularité mais, fort heureusement, elle ne se contente pas d'une jolie frimousse. Les chiffres, sous plusieurs aspects importants, plaident aussi en sa faveur.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Non, ce n'est pas une Hyundai Sonata en format réduit, mais bel et bien la nouvelle Elantra 2011 qui arrive chez les concessionnaires ces jours-ci.

La plus frugale

S'il faut en croire les données recueillies par Hyundai, l'Elantra prend la mesure de ses adversaires dans plusieurs domaines importants, dont la consommation avec une moyenne sur route de 4,9 litres aux l00 km, appuyée par un coefficient aérodynamique très favorable de.0,28. La voiture domine aussi pour la puissance du moteur et le freinage avec des distances d'arrêt plus courtes que la Civic ou la Corolla. Ses quatre freins à disques de série y sont d'ailleurs pour beaucoup à ce chapitre. Quelques arrêts d'urgence à partir d'une très grande vitesse ont démontré la résistance et la stabilité du système.

En matière d'habitabilité, elle est aussi en avant de la classe, au point d'être considérée comme une voiture de format moyen alors que ses opposantes sont des sous-compactes. Par rapport à sa devancière, la voiture a grandi de 25 cm tout en perdant un peu de poids. Les places arrière en sortent gagnantes en offrant assez d'espace pour des adultes de taille moyenne alors que le coffre est particulièrement volumineux pour une voiture de ce gabarit. En revanche, un collègue d'un peu plus de 6 pieds aurait toutefois souhaité un meilleur dégagement pour la tête à l'avant tandis que, personnellement, j'ai trouvé que les sièges tendus de cuir manquaient de profondeur et que le rembourrage tenait plus du rouleau à pâte que du pain frais.

Comme c'est trop souvent le cas avec les voitures récentes, la visibilité arrière est souvent négligée. Dans l'Elantra, ce n'est pas si mal, excepté de trois quarts arrière où l'angle mort est particulièrement prononcé.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Plus longue de 25 cm que sa devancière, la nouvelle Elantra est, selon Hyundai, la plus spacieuse de sa catégorie.

Sensible en altitude

Discret et économe, le nouveau moteur en aluminium de l'Elantra bénéficie de 10 chevaux supplémentaires par rapport à sa devancière. Une chaîne de distribution a remplacé la courroie crantée afin de diminuer les coûts habituels d'entretien. Les performances demeurent cependant timides, bien qu'adéquates, sauf sur des routes pentues où il faut rétrograder pour maintenir le rythme. Précisons que ce bref essai a été réalisé avec une version Limited à transmission automatique sur un parcours montagneux de la Californie du sud. . À haute altitude, on note davantage la perte de puissance associée à la raréfaction de l'air. Ce n'est toutefois pas dramatique, loin de là. La dernière Elantra se distingue aussi par la présence de boîtes à 6 rapports, que ce soit en version manuelle ou automatique. L'équipement de série comprend en plus le système de stabilité ainsi qu'un système de répartition électronique de la force de freinage.

Malgré sa vocation de petite voiture économique, cette Hyundai n'est pas dépourvue d'agrément de conduite: sur les routes en lacets de notre itinéraire, elle s'est avérée facile à contrôler grâce à une excellente maniabilité et à une direction précise, quoiqu'un peu trop gommée.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Si ses lignes extérieures sont flatteuses, la présentation intérieure de la nouvelle Hyundai Elantra n'est pas en reste avec une élégance rarement vue dans ce créneau du marché.

Avec l'Elantra 2011, Hyundai entend se débarrasser de cette réputation de roi des bas prix. «Nous désirons être reconnue désormais pour la valeur de nos produits», a précisé le président de Hyundai Canada, Steve Kelleher, lors du dévoilement à la presse de ce nouveau modèle. La fourchette de prix pour les quatre versions offertes (L,GL, GLS et Limited) s'échelonne de 15 849$ à 22 699$, des chiffres qui ne sont pas nécessairement les plus bas de la catégorie. Chez Hyundai, on croit, avec raison, que l'Elantra offre davantage que ses rivales et que la clientèle saura en prendre note. Notre premier contact avec la voiture permet de conclure que le constructeur sud-coréen a vu juste.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

L'Elantra 2011 affiche un coefficient de traînée aérodynamique particulièrement favorable de 0,28.