Le marché automobile québécois compte 290 modèles. C'est trop! Beaucoup trop. Voilà la principale conclusion que l'on tire de l'analyse des ventes de véhicules neufs au pays: trop de choix! Oui, puisque vous achetez toujours les mêmes modèles. Il n'y a qu'à regarder autour de vous, il n'y a que la couleur qui change.

Toujours sceptique? Alors, jetez un oeil à notre courrier hebdomadaire. Toujours les mêmes modèles. À quand remonte la dernière interrogation d'un lecteur de ce cahier sur un Suzuki Equator, un Nissan Armada ou une Kia Amanti? À la semaine dernière? Non. Il y a deux ans alors? Non plus. Cinq ans? Non, jamais. Compréhensible, les ventes combinées de ces trois véhicules totalisent moins de 100 unités par année au Québec.

Les automobiles compactes, catégorie chouchou des Québécois, gagneraient aussi à être épurées. Selon le rapport colligé par l'Association internationale des constructeurs automobiles du Canada, 31 modèles se disputaient vos dollars dans cette catégorie l'année dernière. À quoi bon tant de choix? Près de la moitié des acheteurs tournent autour des quatre mêmes modèles: Honda Civic, Mazda3, Hyundai Elantra et Toyota Corolla.Toujours les mêmes. Des New Beetle? Vous n'étiez que 329 à vous en procurer l'année dernière. Des Insight? Que 250!

Le même phénomène se produit du côté des camions «doux», autre catégorie populaire au Québec. Ici, les Ford Escape, Dodge Journey, Honda CR-V, Hyundai Santa FE, Toyota RAV4 dominent le palmarès des ventes. Ces cinq «camions» représentent, eux aussi, près de 50% des ventes d'un créneau auquel appartiennent 26 modèles. Si on en éliminait une douzaine, vous sentiriez-vous lésé?

 

Deux catégories principales

L'intérêt de la vaste majorité des Québécois se limite aux automobiles compactes et aux utilitaires de poche. Les voitures de sport, les berlines de luxe se vendent à doses homéopathiques. Chez les camions, ce n'est guère mieux à l'exception notable des ventes de grosses camionnettes dont les ventes en 2010 ont surpassé celles des automobiles sous-compactes....

L'offre des constructeurs n'excède pas que vos demandes. Celles des réseaux de concessionnaires aussi. Le concessionnaire doit acheter, entreposer, vendre et entretenir ces véhicules dont presque personne ne veut. Alors, à quoi bon les produire?

Il y a lieu de dénoncer l'inflation de la production, la banalisation de la création, le pouvoir du marketing et autres poncifs relatifs aux ravages de la société de consommation. On a envie d'en appeler au retour aux «valeurs essentielles», comme à l'époque où Ford ne vendait que des modèles T de couleur noire. Inutile de revendiquer. L'année prochaine, l'industrie automobile revisitera tous ses modèles. Elle en abandonnera quelques-uns, donnera naissance à quelques autres. Et c'est tant mieux. Cette diversité est de nature à satisfaire de manière différenciée à la fois le public averti et la société de masse. Le marché dispose de ses propres instruments de régulation. Et le nôtre est loin d'être le pire des modèles.

SUR LA ROUTE

L'Auto met le cap sur l'Espagne où Mercedes dévoilera son coupé cabriolet SLK ainsi que ses berlines et coupés de classe C.

Photo Martin Tremblay, archives La Presse

À quoi bon tant de choix? Près de la moitié des acheteurs tournent autour des quatre mêmes modèles.