Il y a quelques jours, dans les pages du Parisien, Valentin Roger, président de l'association la Route des jeunes de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, a affirmé que les jeunes conducteurs n'ont pas conscience des risques liés à la conduite en état d'ivresse et sous l'effets de drogues. «Ils s'imaginent pouvoir contrôler, (...) et «ramener»» la voiture à bon port, sans aucun problème. Précision utile, Valentin Roger a 19 ans.

De ce côté-ci de l'Atlantique, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) tient un autre genre de discours. La FECQ dénonce les dispositions de la loi ontarienne concernant la tolérance zéro pour les conducteurs de 21 ans et moins. Elle estime qu'il s'agit là d'une discrimination fondée sur l'âge. Elle reprend et appuie de ce fait l'argument d'un jeune Ontarien de 20 ans, Kevin Wiener, qui a déposé la semaine dernière une requête devant la Cour supérieure de l'Ontario, alléguant que la nouvelle loi interdisant la consommation d'alcool chez les conducteurs de 21 ans et moins contrevient à la Charte canadienne des droits et libertés.

On peut comprendre la FECQ d'élever la voix dans la mesure où la même loi risque de s'appliquer au Québec à l'automne. La FECQ prévient à l'avance le gouvernement qu'elle entend contester son intention de cloner la législation ontarienne et suggère plutôt de faire passer de deux à trois ans la durée d'un permis probatoire qui exclurait la consommation d'alcool avant de conduire. Dans la province voisine, M. Wiener demande pour sa part que la nouvelle loi soit appliquée à tous les automobilistes disposant de moins de cinq ans d'expérience, peu importe l'âge.

On demande à voir la défense de l'Ontario pour soupeser de quel côté penchera la balance de la justice, mais chose certaine, elle incitera sans doute, comme le Québec, M. Wiener à lire (ou relire) l'article 1 qui stipule très clairement que les droits attribués par la Charte peuvent être restreints dans des limites raisonnables. Est-ce que le nombre de morts liées à l'alcool au volant chez les 16 à 24 ans justifie une telle action gouvernementale? Sur la seule foi des statistiques, la réponse est non. L'alcool ne représente pas un facteur aussi aggravant pour les 16 à 19 ans que pour les «champions» de la catégorie, les 20 à 34 ans. Aux procureurs d'en débattre et à un juge (ou deux) de trancher.

Et si la solution était...

Si les législatures ontariennes et québécoises devaient perdre la lutte devant les tribunaux, il leur reste alors une option: obliger les constructeurs automobiles à intégrer un antidémarreur éthylométrique à bord de tous les véhicules neufs vendus au pays. Une - autre - idée de la Table québécoise de la sécurité routière, que préside Jean-Marie De Koninck.

S'il veut démarrer le moteur, le conducteur devra d'abord souffler dans le ballon. Son haleine est analysée en 10 secondes et les résultats sont immédiatement relayés par un signal radio codé au système de contrôle électronique du véhicule. Impossible, par exemple, de brancher une pompe à l'embouchure de l'éthylomètre pour tromper la vigilance de ce délateur. Il est en mesure de la détecter. Et si l'idée vous venait de faire souffler un ami sobre avant de prendre le volant, sachez que cet alcootest mobile est suffisamment intelligent pour s'assurer que la personne testée est bien celle qui prendra le volant grâce à des capteurs d'alcool implantés dans l'habitacle.

Une mesure qui risque de coûter très cher à l'ensemble des automobilistes, mais qui a l'avantage, elle, de ne pas contrevenir à la Charte des droits et libertés.

Photo The New York Times

Une option coûteuse: obliger les constructeurs automobiles à intégrer un antidémarreur éthylométrique à bord de tous les véhicules neufs vendus au pays.

L'AUTO 2011 ARRIVE EN LIBRAIRIE

Dans quelques semaines, tous les nouveaux modèles 2011 prendront la pose dans les salles d'exposition des concessionnaires. Au terme de 300 000 milles (déplacements ariens) sur trois continents, l'équipe de L'Auto relève de nouveau le défi.

Vous trouverez, dans le guide L'Auto 2011, 280 essais en plus de cinq matchs dont un, irrévérencieux, opposant une Ford Mustang à une Ferrari 599 et aussi un autre, insolite, entre une motoneige haute performance et un BMW X6 M. À cela, il convient d'ajouter un reportage exclusif de la future McLaren de route (en couverture) et des impressions de conduite de ces essayeurs d'expérience: Jenson Button et Lewis Hamilton.

Et, comme Dodo, j'aimerais pouvoir dire qu'il s'agissait de mon dernier...

Photo L'Auto 2011