Après un faux départ, le groupe français Renault fait un retour ambitieux sur le marché automobile indien en pleine ébullition avec la ferme intention de lancer sur les routes toute une gamme de nouveaux modèles et de voir enfin décoller les ventes.

«Bonjour India. Nous sommes Renault», se présente le groupe français sur les panneaux publicitaires. Le mois dernier, il a lancé une luxueuse berline, la Fluence, et s'apprête à introduire quatre nouveaux modèles d'ici à la fin de 2012.

«Nous venons juste de lancer la marque (Renault). Elle n'existait pas en Inde», souligne le directeur général de Renault India, Marc Nassif, dans un entretien à l'AFP. «C'est un nouveau départ pour nous».

L'an dernier, Renault a abandonné son intention de percer le marché indien avec la Logan, un modèle bon marché proposé via un partenariat malheureux avec le constructeur local Mahindra and Mahindra et qui n'a jamais décollé.

La marque au losange, ébranlée par une embarrassante fausse affaire d'espionnage en France, a estimé que l'Inde, le Brésil et la Russie étaient les trois marchés prioritaires pour son expansion à l'international.

Le groupe voudrait s'arroger une part de 2,5% du marché automobile indien d'ici à 2013 et monter à 5% à plus long terme.

C'est un objectif conséquent pour Renault, car «nous avons zéro vente à l'heure actuelle», résume M. Nassif. Le groupe est en train de doubler sa capacité annuelle à 400 000 unités, produites par sa nouvelle usine située dans la ville de Chennai (anciennement Madras), dans le sud de l'Inde.

La Fluence, première voiture à être assemblée en Inde, doit être suivie par la 4X4 Koleos et trois autres modèles, dont un 4x4 de loisirs.

Le constructeur a fait le pari d'entrer sur le marché indien par la grande porte en tablant sur des modèles coûteux même si la plupart des ventes actuelles sont réalisées sur le segment des petites citadines.

Marc Nassif a toutefois indiqué que Renault voulait produire un petit modèle pour le marché indien, mais un gros point d'interrogation subsiste concernant un partenariat avec l'indien Bajaj pour rivaliser avec la Nano, vantée par le groupe Tata comme étant la moins chère du monde.

Renault et son partenaire japonais Nissan ne s'engageront avec Bajaj, qui devrait concevoir et produire ce véhicule à bas coûts, que si la qualité «correspond à notre ADN», a souligné le directeur général.

Si ce n'était pas le cas, «nous ferions quelque chose de différent. Ce n'est pas une société commune et nous n'avons pas fait d'investissements», a-t-il souligné.

En dépit de son arrivée tardive en Inde, où le marché est largement dominé par le constructeur indo-japonais Maruti Suzuki, Marc Nassif juge qu'il y a encore un gros potentiel pour le groupe français.

Les ventes de voitures ont bondi de 30% l'an dernier pour atteindre près de deux millions d'unités, profitant d'une croissance économique d'environ 8%.

Même si la hausse des ventes devrait ralentir cette année en raison d'une hausse des coûts des matières premières, elle devrait avoisiner les 16%, selon les estimations de la fédération indienne des constructeurs automobiles.

«Quand on regarde cette croissance et qu'il y a un nouvel entrant à ce stade (de l'activité), il y a encore de la place pour une énorme opportunité», assure M. Nassif.

«La classe moyenne indienne totalise plus de 350 millions d'habitants, tous étant potentiellement des acheteurs, et leur nombre continue d'augmenter», fait-il valoir. «Nous pouvons prendre notre part du gâteau», espère-t-il.