Le gagne-pain de Jacques Duval, essayeur et chroniqueur automobile, est un job qui fait rêver bien des gens. Accès aux ingénieurs des plus grandes firmes automobiles du monde; voyages en Europe, en Asie et sur la Côte Ouest américaine; et surtout, la possibilité de conduire des voitures de rêve sur des pistes de course à l'asphalte lisse comme la peau d'une jeune femme, sans aucune limite de vitesse...

Bien sûr, ce fantasme cache une réalité plus prosaïque: pour chaque Ferrari conduite, combien de Pinto, Echo, Véga, Néon et autres Sportage essayées sur les routes cahoteuses de Montréal et sur l'autoroute 20 entre Québec et Montréal?

Dans son coffret DVD lancé cette semaine, Jacques Duval ne fait rien pour démystifier son travail. Douze voitures d'exception en liberté avec Jacques Duval, tourné à la piste de course ICAR de Mirabel, est une invitation au fantasme automobile dans ce qu'il a de plus fort.

«Tous les propriétaires de voitures de rêve sont confrontés à la réalité des limites de vitesse et aux routes ordinaires, avec leurs fissures et leurs nids-de-poule. Ce que je voulais dans ce projet, c'est mettre ces voitures exceptionnelles dans ce qui devrait être leur élément naturel, mais qui l'est si rarement», a dit à La Presse le doyen des chroniqueurs automobiles canadiens.

«Ça nous rapproche du rêve», dit-il.

Il a passé l'été 2008 au volant des voitures suivantes:

- Aston Martin DBS

- Lexus IS F

- Audi R8

- Lotus Exige S

- Dodge Viper SRT-10

- Mercedes-Benz C 63 AMG

- Ferrari F430

- Mustang Saleen S281

- Ford GT

- Nissan GT-R

- Lamborghini Murcielago LP 640

- Porsche 911 GT2

Le DVD montre ce que ces «voitures d'exception» peuvent faire et rappelle à ceux qui l'ont oublié que M. Duval a été pilote de course avant d'être chroniqueur. «Je voulais produire quelque chose de différent de ce qu'on voit dans les émissions de télé sur les autos, où les essais ont forcément tous un petit côté 'promenade du dimanche'».

M. Duval s'est plutôt payé la traite et a fait ce que tous les amateurs de voitures voudraient faire : il a mis le pied au fond.

Cette envie de travailler différemment se voit aussi dans les méthodes de tournage. Par exemple, Douze voitures d'exception en liberté avec Jacques Duval a été tourné en grande partie du haut des airs, par hélicoptère, ce qui donne des prises de vues beaucoup plus dynamiques que ce qu'on voit habituellement.

Au montage, on s'est efforcé de recréer pour le spectateur l'expérience de la conduite et de la performance des bolides, grâce à des images et du son pris à bord des voitures et à l'affichage au bas de l'écran d'un indicateur de vitesse, d'un tachymètre et d'un chrono des tours de piste.

«Professionnellement, c'est le plus bel été de ma vie», a dit M. Duval, qui a écrit ses premières chroniques en 1965 et qui estime avoir au minimum 2,2 millions de kilomètres à son odomètre strictement professionnel, au volant des 2500 voitures qu'il a essayées durant sa carrière. «C'est un calcul conservateur: je fais ça depuis 43 ans; je ne fais jamais un essai de moins de 1000 kms; J'ai fait au minimum 50 essais par année tout ce temps-là, et durant certaines années, c'était 60 ou 65.»

Le coffret DVD contient aussi un clin d'oeil à ceux qui se souviennent de l'émission Prenez le volant, de Radio-Canada. On y voit deux essais - une Ferrari Daytona et une McLaren-Chevrolet - faits en 1972 par un Jacques Duval absurdement jeune, mais au pied aussi pesant que durant les essais tournés l'été dernier.

Jacques Duval a été chroniqueur automobile pour La Presse de 1969 à 1985. Il est de retour à MonVolant.ca, le site automobile de Cyberpresse, depuis environ six mois.