Si la Série 6 est, dans l'esprit, assez proche de la Série 8, elle n'en demeure pas moins plus performante, plus spacieuse et surtout moins chère.

Si la Série 6 est, dans l'esprit, assez proche de la Série 8, elle n'en demeure pas moins plus performante, plus spacieuse et surtout moins chère.

Il y a des coupés chauds, comme la Jaguar XK8 qui, au premier regard, inspire des sentiments brûlants et vous rendent tout feu tout flamme. Et il y a des coupés froids, comme la Série 6 qui suscite le respect, l'admiration même. On se sent impressionné, voire intimidé pas son aspect monolithique, dense et massif, par sa silhouette athlétique d'une perfection glacée, ses passages de roue et ses boucliers musclés. Tout cela laisse deviner un caractère inflexible et un tempérament brutal. Une fausse impression puisque la Série 6 est beaucoup plus docile qu'elle ne paraît.

La série 6 s'habille de matériaux de qualité et réhabilite (un clin d'oeil au passé?) la console centrale légèrement incliné vers le conducteur, malheureusement disparue des récentes créations de Munich (Z4, Série 5 et 7). Tout comme la Série 5, ce coupé adopte, pour notre plus grande joie, la version simplifiée du controversé système I-Drive, lequel permet de régler la climatisation, la chaîne audio et de profiter des multiples informations colligées par l'ordinateur de bord. De plus, à l'instar de la Série 5 toujours, la Série 6 offre également le dispositif à affichage tête haute, moyennant supplément naturellement.

À l'arrière, on s'en doute, le dégagement est compté. Certes, c'est mieux qu'une XK8, mais il est tout de même difficile de convaincre deux adultes de tenir là plus de 100 kilomètres. Le coffre, en revanche, est nettement plus accueillant et permet, une fois les beaux jours revenus, de caser deux sacs de golf sans problème.

En ce qui a trait au comportement routier à proprement dit, la Série 6 ne prête pas flanc à des critiques sévères. La qualité du châssis ne fait qu'exalter les exceptionnelles qualités de stabilité et d'équilibre de la voiture. Au volant d'une voiture comme celle-ci, les limites de vitesse sur les autoroutes paraissent absurdes. Même à plus de 225 km/h, votre attention n'est requise que pour surveiller le paysage. La 645Ci file vite et bien et vous procure une sensation d'absolue sécurité.

Sur un parcours plus sinueux, l'équilibre des masses combiné à la précision et au judicieux temps de réponse de la direction -dotée du génial dispositif AFS à démultiplication variable - ainsi qu'à la qualité de l'équipement pneumatique, détermine un comportement sinon agile, du moins complètement sain. À l'opposé d'une Jaguar XK8, la Série 6 réagit avec une rassurante progressivité.

Elle ne surprend jamais son conducteur, les multiples aides à la conduite veillent à maintenir la trajectoire idéale. Évidemment, à l'attaque, on ne retrouve pas la merveilleuse vélocité ni l'efficacité d'une voiture sport pur jus, ni les frissons ressenties au volant de la première série 6. En revanche, nul besoin d'être un expert de la conduite automobile pour tirer un excellent parti de cette grande routière aux manières (trop) exemplaires.

Le moteur se met en branle au quart de tour, mais son grondement sourd et étouffé ressemble à celui entendu sur le pont d'un gros yacht dont le moteur est enfoui au fond de la cale. Impression de puissance certes, mais feutrée, filtrée. Et pourtant, ce gros V8 respire, là devant vous, avec la calme assurance d'un fauve au repos. Dès que le pied droit lèche l'accélérateur, la Série 6 bondit d'un trait, le système antipatinage veillant à ce que le transfert de puissance ne fasse cirer les roues arrière.

À défaut de vous plaquer sauvagement au dossier de votre baquet, ce V8 a de quoi vous étonner par sa souplesse et sa disponibilité. Malheureusement, on tirerait meilleur partie de la générosité de cette mécanique si celle-ci était accouplée à une boîte manuelle plus rapide et une grille de sélection plus serrée. Mais ne soyons pas trop sévère puisque dans sa catégorie, ce coupé Grand Tourisme est le seul à proposer autre chose qu'une boîte automatique. Cette dernière, offerte moyennant supplément, fonctionne admirablement bien et enfile ses six rapports avec justesse et précision. C'est d'ailleurs elle qui sied le mieux au tempérament de l'auto.

Le «Bèmiste» sportif, naturellement, attendra non sans raison la sortie d'une version M, promise avec un moteur V10 5,5 litres de 500 chevaux, pour connaître l'ivresse sans le flacon. Mais le grand voyageur trouvera dans la 645 une machine presque idéale: la voiture de grand tourisme moderne par excellence, et en tout cas la plus homogène. Rien de moins.