Je me suis mis à rêver à tout cela après avoir retiré une tache qui souillait depuis l'hiver la moquette de ma voiture. Hélas, elle n'est pas la seule. Il y a en des dizaines d'autres. Disparaîtront-elles toutes? Sans doute, si l'on prête foi à ce qui est écrit sur les étiquettes des produits détergents achetés la veille, dans une grande surface. Plus difficile toutefois de masquer cette portière qui aidée par la rouille ressemble de plus en plus à un mille-feuilles; ou ce tableau de bord ridé par le soleil. Mais tout cela se répare. À quel prix? Sans doute la somme des réparations est-elle aussi élevée que la valeur marchande du véhicule fixée par l'évaluateur d'un marchand d'occasion consulté il y a deux semaines.

Je me suis mis à rêver à tout cela après avoir retiré une tache qui souillait depuis l'hiver la moquette de ma voiture. Hélas, elle n'est pas la seule. Il y a en des dizaines d'autres. Disparaîtront-elles toutes? Sans doute, si l'on prête foi à ce qui est écrit sur les étiquettes des produits détergents achetés la veille, dans une grande surface. Plus difficile toutefois de masquer cette portière qui aidée par la rouille ressemble de plus en plus à un mille-feuilles; ou ce tableau de bord ridé par le soleil. Mais tout cela se répare. À quel prix? Sans doute la somme des réparations est-elle aussi élevée que la valeur marchande du véhicule fixée par l'évaluateur d'un marchand d'occasion consulté il y a deux semaines.

«Vous m'offrez combien pour cette voiture?». L'homme chausse ses lunettes et sort de sa poche sa bible à lui, son Black Book.

«C'est son kilométrage réel, 116 000 kilomètres? C'est peu pour une automobile de 12 ans. À voir l'état de la carrosserie, on dirait qu'elle en a 14 de plus.»

L'homme joue son rôle à la perfection, c'est-à-dire qu'il ne manque pas une seule occasion de soustraire du montant originalement inscrit dans sa bible la moindre anomalie, la plus infime imperfection. Avant même d'entendre le montant qu'il compte m'offrir j'hésite entre quitter les lieux ou lui offrir la voiture en cadeau en lui disant «s'cusez pour le dérangement.»

Après avoir furtivement soulevé le capot et le coffre, l'homme laisse tomber son verdict : 4 200 $. Et d'ajouter sur le ton de celui qui vous fait une immense faveur «et je suis généreux puisque c'est le printemps et que ce type de voiture (ndlr : sport) est très recherchée par les temps qui courent. Si nous étions à l'automne, je ne vous offrirai pas plus de 3000 $.»

Pour m'offrir une voiture neuve aux performances et aux commodités comparables, il m'en coûtera près de 31 000 $. La valeur marchande de mon véhicule me permettra tout juste de payer les taxes. Selon les calculs du concessionnaire visité, le montant des mensualités pour l'achat de ce véhicule s'élève à 494,01 $. Pour 60 mois ou si vous préférez cinq ans. À ce montant, il faut ajouter les révisions, les pneus d'hiver (les jantes en tôle aussi pour préserver l'éclat des jantes d'origine?) et faire face à une majoration des coûts d'assurance. Mais elle sera neuve.

Est-ce que ça vaut le coût ? Pas certain, après avoir entrepris une visite chez le carrossier, puis chez le garagiste. Le carrossier d'abord. Il faut changer le capot et la porte du conducteur (tous deux seront obtenus auprès d'un ferrailleur); retoucher les ailes arrière; le pourtour du pare-brise aussi. Ensuite il y a bien entendu la peinture. Coût de l'opération : 4 000 $. Pour lui redonner plus d'éclat encore, il faut également tenir compte des jantes. Celles-ci ont 11 hivers derrière les boulons. Et ça paraît. Chez un spécialiste dans ce domaine, il en coûte 500 $ pour les remettre en état. «Pas de taxes, si tu paies comptant», me souffle-t-il à l'oreille comme s'il me révélait le code de sa carte bancaire.

Si le compte est bon il m'en coûtera moins pour remettre esthétiquement en état ce véhicule qu'une année complète de mensualités pour un nouveau véhicule (5127,75 $ contre 5928,12 $). Selon le carrossier (en qui j'ai entière confiance), les réparations permettront de prolonger de quatre à cinq ans la durée du véhicule, soit plus ou moins la période de mensualités du véhicule neuf convoité.

Sur le plan mécanique, il y a peu à faire. Le véhicule a été soigneusement entretenu au fil des ans. Les freins ont été remplacés récemment, tout comme le système d'échappement et la courroie de distribution. Le climatiseur fonctionne sans problème, tout comme les différents systèmes électriques (dégivreur, glaces, rétroviseurs, etc.). Peut-être l'un d'eux finira par rendre l'âme d'ici quelques mois, quelques années, mais les pièces sont aisément accessibles (neuves ou d'occasion) et permettront de faire rouler sans problème cette auto pour encore cinq ans et ce, sans véritablement polluer davantage la planète considérant la pollution engendrée par la construction d'une nouvelle voiture. C'est parfait aussi puisque mon Halak de fils pourra alors en profiter pour deux ans (il sera en âge de conduire dans trois ans) et me permettre ainsi de prendre - enfin - congé des arénas.