Les ventes de fourgonnettes fléchissent. Celles de Chrysler aussi. C'est pourquoi l'arrivée d'une nouvelle génération étonne autant. N'aurait-il pas été plus économique d'étirer la sauce un peu? Chrysler ne partage pas cet avis. Et pour cause: la concurrence se défile et abandonne le rêve de menacer la suprématie que le constructeur américain exerce sur la catégorie depuis près de 25 ans déjà.

Certes, la formule plaît moins aujourd'hui, mais Chrysler souhaite maintenir son avance en améliorant sa fourgonnette, laquelle comporte plusieurs nouvelles caractéristiques, dont le dispositif Swivel N GO. Un dispositif qui permet non seulement la rotation à 180 degrés des sièges ancrés dans la section médiane du véhicule, mais aussi de dresser une table. Original.

Cela dit, la relève est aujourd'hui assurée par un nouveau modèle fidèle sur le fond, moderne dans la forme. À ce sujet, l'évolution de style du Grand Caravan reflète sans surprise la vision musclée de Ralph Gilles, le styliste d'origine montréalaise. Preuve qu'il ne faut jamais se fier aux apparences, la silhouette infiniment plus tendue de la nouvelle version s'avère plus aérodynamique que les formes ovoïdes de l'ancienne.

 

Le roi de la modularité

Élaboré à partir d'une plateforme sensiblement identique à la génération précédente, le Grand Caravan gagne 51 mm en longueur et 4 mm en largeur au profit essentiellement du volume du coffre, dont la contenance varie désormais de 915 à 2350 litres selon la configuration des sièges.

Chrysler a bien évidemment conservé la deuxième rangée de sièges escamotables (Stow N Go) qui fut à l'origine du succès du modèle précédent. L'accroissement des cotes de la carrosserie ne procure cependant pas davantage d'espace aux jambes des passagers logés à l'extrême arrière et ces places sont à réserver à des enfants en bas âge.

Les occupants du premier rang sont en comparaison choyés, et ce, quel que soit leur gabarit, grâce aux multiples combinaisons de réglages offertes par le volant, le siège et le pédalier.

Le Grand Caravan bénéficie d'un habitacle totalement revu avec un tableau de bord intégrant des cadrans cerclés à fond clair et le levier de vitesses. D'un point de vue ergonomique, la surélévation du levier de vitesse est appréciée et la centralisation des commandes se révèle rationnelle.

La finition est en progrès, mais la qualité des matériaux désole (oui, encore une fois) et nous fait craindre qu'elle soit à l'origine de bien des craquements insolites au terme de quelques milliers de kilomètres d'utilisation.

Mais, question modularité, le Grand Caravan est un roi avec une dépose facile des banquettes laissant apparaître un vaste plancher plat.

Ces petites attentions... en option

Les multiples petites attentions feront le bonheur des amateurs de gadgets. Citons les portes arrière coulissant électriquement, la commande du hayon à distance ou encore le système de divertissement.

Il y a aussi le bloc console centrale amovible au profit, par exemple, de multiples rangements, porte-lunettes ou gobelets et accoudoirs.

S'ajoutent aussi - moyennant supplément toujours - des rangements ancrés dans le plafond très pratiques, même si leur ouverture limite leur usage à des objets plats et relativement légers, comme des cartes ou des livres.

Beaucoup d'accessoires pour séduire, mais très peu offerts de série. Même parmi les plus banals comme le régulateur de vitesse ou les rétroviseurs extérieurs à commandes électriques, pourtant offerts sans frais sur la mouture précédente.

Comportement honnête

Lui donner du tonus et lui procurer un agrément de conduite supérieur à celui d'un autobus figurait en tête du cahier des charges du Grand Caravan nouveau. Une tâche complexe considérant l'âge de la structure actuelle et les moyens mis à la disposition des ingénieurs, mais ces derniers sont parvenus tout de même à bonifier certains éléments, sans véritablement causer de très grandes surprises toutefois.

De tous les moteurs proposés pour animer cette fourgonnette, le V6 de 3,8 litres se tire le mieux d'affaire, surtout lorsque toute la petite famille est à bord. Pas très raffinée, il est vrai, cette mécanique n'a rien d'un foudre de guerre. Cependant, en termes d'accélération et de reprises, ce moteur affiche plus de réserve que le 3,3 litres, dont la consommation est à peine moins élevée dans des conditions normales d'utilisation, tout en se révélant mieux adapté pour tracter une charge.

À ces atouts qui nous incitent à plaider en faveur du 3,8 litres ajoutons celui-ci: il est le seul à s'arrimer à une boîte automatique à 6 rapports. Celle qui accompagne le 3,3 litres n'en compte que quatre.

Sur la route, le comportement un peu pataud de l'engin demeure, mais cela n'a pas beaucoup d'importance en comparaison des services qu'il rendra. La souplesse de ses suspensions et l'amortissement ménagent un meilleur confort qu'une bonne résistance au roulis.

Chrysler y a ajouté un contrôle dynamique de trajectoire gérant en particulier les phénomènes de sous-virage. Sans chercher à l'épargner, le châssis du Grand Caravan nous a paru très sain et capable de se passer sur le sec de cette gestion électronique que l'on peut court-circuiter. Évidemment, ce n'est guère dans l'esprit d'un propriétaire de fourgonnette, qui préférera se reposer sur cette veille de sécurité et goûter sans arrière-pensée le comportement très honnête de ce Grand Caravan.

Le niveau sonore apparaît étonnamment bas à l'intérieur, mais aussi à l'extérieur. Cela ne s'arrête pas là, car le châssis, qui en a vu d'autres, procure un dynamisme certain et une réponse quasi instantanée au coup de volant.

En fait, inutile de brusquer le Grand Caravan: ce serait une faute de goût pour un véhicule conçu pour la famille. Avec lui, il vaut mieux demander au disque dur de concocter un grand décompte de vos chansons préférées, glisser un DVD dans le lecteur pour les enfants et laisser défiler les kilomètres sans souci autre que celui du ravitaillement en boissons gazeuses et croustilles. Il sera un parfait serviteur si on n'a pas trop de routes sinueuses à pratiquer.