«Il ne faut pas faire l'autruche: nos contrats sont déterminés par nos abonnés», lance l'animatrice Valérie Roberts.

Contrairement à plusieurs personnalités publiques frileuses quand vient le moment d'en parler, Valérie Roberts, qui compte 70 000 abonnés sur Instagram, assume pleinement ses partenariats publicitaires. Mais elle les choisit scrupuleusement. «Je ne fais pas beaucoup de promotion. Je suis extrêmement difficile.»

La coanimatrice du Clan MacLeod dit promouvoir davantage des entreprises que des produits, dont le Bar à ongles Candy et les cliniques Skins. Sa ligne éditoriale: «Est-ce que je le référerais à ma meilleure amie?»

Valérie Roberts reçoit des offres alléchantes chaque semaine, surtout depuis qu'elle partage sa vie avec le chef Martin Juneau. Son prix à elle, après discussion avec son agent: 1000 $ pour une publication sur son compte.

Selon elle, il ne faut pas dénaturer les réseaux sociaux qui mettent «des gens en contact» et «pas avec un produit». En même temps, le placement publicitaire est une pratique courante qui est là pour rester, et il faut l'assumer, selon l'animatrice à CKOI.

Rouler gratuitement

Plusieurs artistes québécois ont des ententes de services avec des concessionnaires automobiles.

L'auteure Léa Clermont-Dion ne se considère pas comme une influenceuse, mais elle a accepté récemment un partenariat qu'elle dévoile sur Instagram à l'aide d'un mot-clic.

«Park Avenue me prête un véhicule pour l'année en échange de quelques publications sur 12 mois», indique-t-elle.

Pourquoi avoir accepté? «J'ai reçu plusieurs propositions et je n'ai accepté que celle de Park Avenue, car je fais beaucoup de route. Je donne plusieurs conférences dans la province. Je fais aussi un doctorat à Québec tout en vivant à Montréal. C'était donc un partenariat très intéressant pour moi.»

Apprendre de ses erreurs

«De la publicité, il y en a toujours eu et il va toujours y en avoir», souligne Abeille Gélinas, qui compte près de 40 000 abonnés sur Instagram.

Au cours de la dernière année, la DJ a fait la promotion du gâteau Deep'n Delicious de McCain, du chocolat Lindt, de Google Home Mini, d'une crème pour bébé de Dove et du maïs soufflé de marque Orville Redenbacher.

Elle dit avoir beaucoup appris depuis qu'elle a commencé à avoir des offres, il y a deux ans. «Avec le temps et l'expérience, j'ai développé des critères.»

«J'ai une belle communauté de gens qui me suivent. Les gens ne veulent pas être bombardés.»

Elle se dit choyée d'être sollicitée. «Il faut que ce soit pour quelque chose que j'aime, qui fait partie de ma vie ou dont les gens qui me suivent auraient envie d'entendre parler», explique-t-elle.

Recevoir des cadeaux

Journaliste de formation, Marie-Soleil Michon est l'animatrice de l'émission Ça vaut le coût, «qui traite de toutes les questions reliées à la consommation», à Télé-Québec. Sur son compte Instagram et sur Facebook, elle affiche des associations avec Air Transat et avec les condos des Ateliers Castelnau - du groupe immobilier DevMcGill -, dont elle est ambassadrice. Par le passé, elle a été ambassadrice d'Etsy.

L'animatrice, qui dit aimer faire connaître des artisans au grand public, anime chaque mois des marchés créatifs dans l'espace-vente des Ateliers Castelnau. «Je suis une passionnée d'immobilier et je m'amuse comme une folle dans cet univers-là.»

PHOTO HUGO-SéBASTIEN AUBERT, archives LA PRESSE

Léa Clermont-Dion

Sur Instagram, il lui arrive de mettre des produits reçus en cadeau qu'elle apprécie. «Cela fait 16 ans que je guide le public à travers différentes émissions de service», nous a-t-elle écrit par courriel.

Beaucoup de gens lui demandent des suggestions de restaurants ou de produits de toutes sortes. «Je considère que j'ai une "responsabilité de service à la clientèle" auprès de ceux qui me suivent.»

«Je me questionne beaucoup avant de conseiller quelque chose, je ne prends pas ça à la légère. Les gens me font confiance et c'est très précieux.»

Marie Mai reçoit elle aussi des tonnes de produits en cadeau ainsi que des offres publicitaires. Elle en refuse plus de neuf sur dix, selon son attaché de presse, Junior Bombardier.

L'an dernier, elle a accepté notamment des offres publicitaires (ou de commandite) des couches Pampers, de la bière Peroni et d'un concessionnaire Mercedes.

Du donnant-donnant

Il arrive que des entreprises apprennent que tel artiste aime leur produit, et qu'un partenariat se conclue ensuite. Kanuk a offert des privilèges à Karine Vanasse quand la comédienne, enceinte, est allée visiter le magasin pour trouver une extension de manteau.

Lorsque l'entreprise Bugaboo s'est aperçue que Mahée Paiement était une fidèle de la marque, elle lui a demandé si elle souhaiterait recevoir le nouveau modèle contre une publication sur les réseaux sociaux.

«C'était un échange: une nouvelle poussette contre un post Instagram. Nous l'avons fait parce qu'on aime vraiment la marque», indique Jean-François Comeau, mari et associé de Mahée Paiement.

Dire non

À l'inverse, des artistes refusent d'être associés à une marque ou à un produit. Cela va de soi pour la vedette de Ruptures Mélissa Désormeaux-Poulin, qui préserve farouchement sa vie privée sur les réseaux sociaux.

«Mon métier est de jouer, pas de vendre des affaires. Je suis moins à l'aise là-dedans.»

Des offres? L'humoriste Jay Du Temple en reçoit «beaucoup, beaucoup, beaucoup»...

«Accepter un cachet pour une photo Instagram, ce n'est pas encore arrivé dans ma vie», lance-t-il.

L'animateur d'Occupation double Bali a récemment refusé une offre de 6000 $. «Je veux que les gens achètent mes billets de spectacles. C'est ce que j'ai à vendre. Les gens me suivent pour être divertis, pas pour savoir ce que je mange et ce que je porte. Mais je ne juge pas les gens qui le font.»

«Instagram est pour moi un outil de travail. Je ne veux pas que cela devienne un outil publicitaire.» 

«Je ne te dis pas que cela ne va jamais arriver, nuance l'humoriste. Là, je me cherche une voiture... Mais je voudrais que ce soit à ma manière», explique-t-il.

«J'ai moi-même vu Instagram changer, comme consommateur. J'ai vu des pages de gens devenir [des pages] publicitaires.»

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRéCHETTE, archives LA PRESSE

Marie-Soleil Michon