Deux spécialistes des médias interrogés par La Presse estiment que les réseaux sociaux donnent une fausse apparence d'authenticité. Observations sur le fonctionnement de la célébrité en 2016.

Des médias en soi

Si les célébrités s'offrent en pâture à leurs fans sur Instagram et Facebook dans leur vie de tous les jours, elles y projettent une image contrôlée, dans un lien direct qui est enrobé d'une apparence d'authenticité, souligne le sociologue André Mondoux, professeur à l'Université du Québec à Montréal (UQAM).

«Désormais, on ne se fait plus représenter par la culture médiatique, mais par nous-mêmes. Mon identité, je dois la construire et la partager. Les célébrités ne se font plus institutionnaliser par les médias traditionnels. Elles font leur propre médiation.»

Une image contrôlée

Les personnalités publiques peuvent maintenant s'adresser directement au public sur les réseaux sociaux, explique Nadia Seraiocco, doctorante en communication et chroniqueuse à l'émission La sphère.

«Marie Mai n'a pas appelé de journaliste pour annoncer sa séparation. Et quand Pierre Karl Péladeau était à la tête du PQ, il a rarement communiqué avec les médias, note-t-elle. Qu'est-ce qu'on va faire le jour où les grandes vedettes vont comprendre qu'elles peuvent avoir leur petite armada média, sans intermédiaire ? Ce sont les médias qui vont courir après elles. Les vedettes contrôlent de plus en plus leur image, qui ne peut plus être exploitée comme avant.»

Une marchandisation de soi

Avec les réseaux sociaux, les vedettes et artistes donnent un accès à leur vie privée. Cet accès est toutefois limité et calculé. «L'outil n'est pas neutre, dit André Mondoux. Je parle de moi authentiquement, mais je le fais avec précaution et stratégie, c'est-à-dire que je fais des relations publiques. Je mets en scène qui je suis.»

Une nouvelle industrie

Plus besoin de faire du cinéma, de la télé ou de la musique pour gagner sa vie comme personnalité publique. Surtout qu'Instagram est devenu un «baromètre de la culture jeune», qui rejoint principalement les 15-35 ans, une «clientèle» très recherchée par les annonceurs.

«Beaucoup de starlettes vendent leurs photos Instagram avant de les poster, et les montants sont évalués au nombre d'abonnés et de likes», rappelle Nadia Seraiocco.