Stéphane Rousseau lancera lundi prochain la deuxième saison du Show de Rousseau sur les ondes de V. Après un printemps d'ajustements et des critiques mitigées, l'animateur est de retour sans Sonia Cordeau dans une formule revue et raccourcie. Entrevue.

Changement de format, de configuration sur le plateau. Quels sont les grands changements de cette saison 2 du Show de Rousseau?

On s'est rendu compte qu'à 22 h 45, les gens allaient se coucher, quoi qu'il arrive! Alors on est passés à 45 minutes pour la deuxième saison. On a reçu 150 invités lors de la première saison et on était rendus à 4 ou 5 invités par émission. C'était rendu beaucoup de préparation, de lecture. On va pouvoir s'amuser plus, être plus dynamiques. Les ajustements ont débuté dès la saison 1. On avait envie de se concentrer sur nos forces, d'éliminer nos faiblesses pour que je sois le plus possible dans mon élément. 

Ma force, c'est quand je m'amuse. Je ne dois pas trop essayer de me prendre pour un animateur, on doit plus rester dans la réunion entre copains. Les moments d'extase de la saison passée avaient lieu quand la folie prenait sur le plateau. Je n'étais pas toujours à l'aise derrière mon bureau. Je le trouvais trop haut, puis trop bas. Avec le recul, on l'a finalement enlevé pour mettre des sofas au centre de la scène, qui était très vide. On a également beaucoup descendu la scène pour être plus au niveau du public. Ce sont des choses subtiles. Les caméras étaient derrière le public. Je ne les voyais plus dans le noir, je les cherchais parfois derrière les gens, alors on les a rapprochées. Ça va être plus convivial.

Les critiques n'ont pas été tendres à votre sujet le printemps dernier. Comment avez-vous vécu cela?

Ils n'y sont pas allés de main morte! Ce n'est jamais agréable et tu dois replonger le soir même. Ce qui m'a le plus surpris, ce ne sont pas les critiques journalistiques, mais les commentaires sur les réseaux sociaux. On se vante toujours qu'au Québec, les gens sont gentils. Mais oubliez ça, fake news! On n'est plus là. Aujourd'hui, tout le monde dit ce qu'il pense! Tu regardes les profils des gens qui font ce genre de commentaires et tu te dis: «Oh my God  C'est vous, madame avec vos petits chats à la maison, qui êtes si méchante?» C'est un peu déstabilisant au départ, mais pas assez pour me décourager. À 52 ans, tu ne trouves plus ça dramatique, même si j'aurais aimé que les gens disent que c'est le meilleur show au monde! On a trouvé l'erre d'aller. On continue de peaufiner. Je suis le premier critique de ce que je fais. Le matin, en me levant, je regardais le show de la veille. Je me corrige beaucoup de cette manière.

Comment avez-vous pris le départ de Sonia Cordeau?

Je me doutais un peu du départ de Sonia. On en avait parlé tous les deux et je savais qu'elle avait un automne hyper chargé. On s'est rendu compte qu'elle ne trouvait pas toujours son compte, alors on a décidé de changer la formule. Seul, ça marche très bien aussi. Ce n'est pas simple de gérer ça à deux, surtout un nouveau show. Le sidekick au Québec, ce n'est pas comme aux États-Unis, où il peut parler une fois tous les trois shows et on accepte cette convention. Ici, les gens ne comprennent pas. C'était rendu un running gag dans l'équipe!

Ça fait beaucoup de changements en très peu de temps. Est-ce qu'animer un talk-show est plus compliqué que ce que vous pensiez?

J'y allais avec beaucoup de naïveté, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Il y a des choses plus simples qu'on pense et d'autres pas mal plus compliquées. Je me doutais que ça serait un work in progress. On a dû travailler très rapidement dans le contexte dans lequel on se trouvait pour la première saison. Roder un spectacle d'humour pendant des mois est bien différent de s'improviser animateur télé du jour au lendemain et essayer que ça marche dès le premier soir.

Trouver le ton de l'émission a également dû un défi...

Les gens ne savaient pas dans quoi ils s'embarquaient pendant les premières semaines. Une fois que ça a été établi, je n'ai pas eu de misère à avoir des confidences, des primeurs et des moments plus intimes ou cocasses avec les invités. Déguiser Céline Bonnier en plante verte m'a beaucoup fait rire et j'ai apprécié le fait qu'elle se prête au jeu. On a plus de souplesse qu'en France, mais il y a encore une certaine gêne à avoir l'air fou, contrairement aux États-Unis où les artistes vont raconter des anecdotes qu'on n'entendrait jamais ici. Moi, je ne suis pas là pour piéger les invités et ils ont fini par le comprendre, mais au début, c'était difficile. Quand un invité me dit qu'il ne veut pas parler de quelque chose, je ne vais pas là. Je ne suis pas comme ça dans la vie. Mais je peux tout de même sortir la personne de sa zone de confort pour avoir du plaisir.

Certains pourraient vous trouver complaisant...

Un Jimmy Fallon est super complaisant. Mais ici, dès que tu fais un compliment, on te demande si tu dragues l'invitée. Ça m'a un peu surpris. J'ai le compliment facile, de nature. J'aime plaire, alors j'essaye de donner. Cette année, je ne veux pas que ça soit un show de plogue. Alors je vais être un peu plus curieux sur différents sujets avec mes invités.

L'émission reprend en pleine campagne électorale. Allez-vous recevoir des chefs?

J'ai reçu les quatre chefs. Ils ne seront pas sur le plateau, mais j'ai fait des trucs avec eux. On s'est arrangés pour que ça marche dans notre émission. Ce n'est pas une entrevue politique de fond. C'était assez amusant. Ils ont été très généreux. Je trouve important de les voir autant dans un contexte amusant que dans un contexte plus formel. Ça m'aide à voter. Certains disent qu'on a tendance à les humaniser quand on fait ce genre de chose. Oui, mais voir qui tire bien son épingle du jeu est intéressant. Car ce n'est pas le cas de tous! J'aime voir comment agissent les hommes et femmes politiques quand ils ne sont pas dans leurs fonctions, comment ils réagissent à une blague. Ça dévoile beaucoup. J'ai quand même parlé politique avec eux. Ça ne m'a jamais interpellé plus jeune, mais ces derniers temps, je trouve que c'est tellement n'importe quoi que je commence à m'y intéresser. Tu as des surprises. Tu ne pouvais pas blairer untel et finalement c'est le plus sympathique de la gang ! C'était très intéressant comme exercice.

Qui d'autre allez-vous recevoir?

Je reçois mon chum Luc Dionne. C'est tout un exploit de pondre autant de pages dans son sous-sol! Il forme une belle équipe avec sa femme. On va recevoir Martin Matte, qui fait mon premier show. On est assez taquins l'un pour l'autre, alors ça risque d'être assez intéressant. Ricardo Trogi, avec qui j'ai fait un petit topo, sera aussi des nôtres. J'aime beaucoup son cinéma. C'est un gars qui parle beaucoup aux gars, alors je vais essayer de découvrir son côté plus tendre. On reçoit aussi Yes Mccan, qui va faire une perfo.

Après une saison, est-ce que le métier d'animateur de talk-show vous plaît?

J'aime beaucoup ça. J'espère être là dans cinq ans! Mais il ne faut pas que je sois le seul à aimer ça, il faut que les gens tripent.

Est-ce que le métier d'humoriste vous manque?

Pas encore beaucoup. Jouer me manque un peu. Mais je me paye tout un trip avec mon émission, je peux chanter, m'amuser, faire de petites fictions de temps en temps. Je veux d'abord livrer un bon show et on verra pour la suite...