Il y avait de l'étoile du match au pouce carré, hier, sur le plateau de Tout le monde en parle. Une des très bonnes éditions depuis le début de l'hiver, où les modèles inspirants se sont succédé pour parler de réussite, de tolérance, d'aide médicale à mourir et d'une réjouissante découverte médicale.

On ne peut qu'être charmé par Laurent Duvernay-Tardif, qui vient de signer un contrat de 41 millions de dollars pour cinq ans comme garde partant sur la ligne offensive des Chiefs de Kansas City. Brillant, éloquent, le footballeur est un formidable modèle. L'étudiant en médecine joue du violon, aime les arts visuels et le tricot. Un parcours atypique et fascinant pour ce colosse sympathique, à qui je décerne l'étoile du match, un choix cruel mais assumé.

L'amateur de culture veut déteindre sur ses coéquipiers. Il en a convaincu cinq de l'accompagner à Casse-Noisette! Le Canadien le mieux rémunéré de l'histoire de la NFL, qui doit manger 6500 calories chaque jour pendant la saison, s'engage à pratiquer à Montréal lorsqu'il obtiendra son titre de médecin. D'ailleurs, il a choisi la boulangerie de ses parents dans Villeray pour annoncer la signature de son contrat. Comment ne pas l'aimer?

Adib Alkhalidey a écouté en boucle Le tour de l'île de Félix Leclerc au lendemain de la tuerie à la Grande Mosquée. Il a vécu un véritable deuil ce jour-là. «Hors de question que je laisse ce gars-là transformer mon rapport au Québec et à la ville de Québec en faisant de ce souvenir le souvenir dominant dans ma mémoire», dit-il. Pour lui, la capitale reste «la meilleure ville» où donner des spectacles.

Né de mère marocaine et de père irakien, l'humoriste a appris à «devenir» québécois avec le sport. «Le hockey, c'est la chose qui m'a connecté au Québec. C'est pas une joke.» Enfant, après le 11 septembre 2001, il a vu le regard changer sur la communauté arabe. Longtemps, il a traîné cette douleur. Par ses monologues, il tente à sa façon d'effacer la peur de l'autre. «Ça suffit, on ne peut pas constamment diaboliser un peuple et kidnapper son identité sociogénétique en parlant d'eux en mal», dit-il avec une admirable sensibilité.

Nécessaire, la discussion sur le manque d'accessibilité à l'aide médicale à mourir prenait au coeur. Atteint de la maladie de Lou Gehrig, qui fait du patient le prisonnier de son propre corps, Yvon Cournoyer souhaitait faire ses adieux le jour de son anniversaire, au printemps, pour que ses proches gardent une bonne image de lui, mais ce privilège ne lui sera pas accordé. Il a déjà perdu l'usage de ses jambes et sa maladie progresse plus rapidement que ne l'avaient prévu les médecins. Il envisage désormais de débourser 20 000 $ pour aller mourir en Suisse. «Mais je voudrais finir mes jours ici au Québec, entouré des miens, dans ma chambre, chez nous», affirme l'homme, qui ne voit aucun avantage à rester en vie. On ne peut que le comprendre.

Photo fournie par ICI Radio-Canada

Né de mère marocaine et de père irakien, l'humoriste Adib Alkhalidey a appris à «devenir» québécois avec le sport. «Le hockey, c'est la chose qui m'a connecté au Québec. C'est pas une joke», dit-il.

Chloé Sainte-Marie, qui a signé une lettre touchante dans Le Devoir, craint d'avoir manqué de courage en maintenant en vie son amoureux Gilles Carle, dont la lente agonie s'est étalée sur 17 années. «Parce que je l'aimais», confie-t-elle, trop dure envers elle-même. Après tout, l'aide médicale à mourir n'était pas encore légale. «On pourrait dire que j'ai échappé à la prison par manque de courage.» La loi avait été adoptée quand l'épouse de l'ancien membre de French B, Jean-Robert Bisaillon, a voulu en finir, incapable de laisser son cancer lui faire perdre toute qualité de vie. Celui-ci a raconté l'atmosphère sereine dans laquelle celle qu'il aimait a pris sa décision. Tous les trois, ils demandent plus de flexibilité dans la loi, trop restrictive à leur avis.

Lisa LeBlanc a raconté son voyage fascinant de deux mois aux États-Unis, pour approfondir son apprentissage de la musique. La costumière Courtney Hoffman a remarqué sa version de la chanson traditionnelle Katie Cruel sur YouTube et lui a confié un rôle de prostituée dans son premier film, un western féminin. Charmant moment lorsque Lisa, en nomination aux Juno dans la catégorie roots contemporain, a pris son banjo pour nous jouer une «toune».

Sylvain Bellemare ignore encore les retombées que pourrait avoir son Oscar du meilleur montage sonore pour Arrival. Les Américains tournent souvent au Québec, mais font rarement la post-production de leurs films chez nous; le prix pourrait attirer leur attention sur les talents québécois. Bellemare, qui travaille avec Denis Villeneuve depuis 20 ans, affirme avoir disposé de budgets plus élevés, en main-d'oeuvre et en temps. «Le son, c'est de la peinture», dit-il au sujet de son travail minutieux, bien souvent ignoré.

Toujours encourageant d'apprendre que la science progresse, comme c'est le cas avec la découverte de Sylvain Martel. Le directeur du laboratoire de nanorobotique de Polytechnique Montréal a mis au point un traitement utilisant des bactéries capables de circuler dans le système sanguin et de transporter des médicaments directement dans les tumeurs cancéreuses. Il a passé pour un hurluberlu, on lui a dit qu'il allait perdre son travail, qu'on allait fermer son laboratoire. Mais voilà que ses nanorobots ont fait du chemin.

Pas de raison d'avoir peur de la méthode: on injecte 100 millions de bactéries, ce qui équivaut au nombre échangé lors d'un long baiser. Le chercheur a cependant besoin de un à deux millions de dollars et de l'accord de Santé Canada pour tester sa découverte sur des primates. Une personne sur trois va mourir du cancer, plaide Sylvain Martel, qui s'est aussitôt tourné vers le multimillionnaire Laurent Duvernay-Tardif.

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Photo fournie par ICI Radio-Canada

Yvon Cournoyer, Chloé Sainte-Marie et Jean-Robert Bisaillon étaient sur le plateau de Tout le monde en parle pour parler d'aide médicale à mourir.