Quelques mois avant ses concerts à l'AccorHotels Arena de Paris (du 24 juin au 4 juillet), Céline Dion a fait l'objet hier d'une émission spéciale de deux heures sur France 3 qui retraçait sa carrière et offrait quelques confidences inédites. En conclusion, elle affirme que son histoire avec René Angélil est comme une toile de Renoir: «C'est peint pour la vie.»

Même après plus de 30 ans d'une carrière qui a atteint les plus hauts sommets, le couple Dion-Angélil prépare toujours le terrain avant une nouvelle lancée de Céline. L'émission spéciale de deux heures présentée hier sur France 3, intitulée Céline face à Dion, réalisée par Mathias Goudeau, annonce le retour de la chanteuse en sol français, où elle se produira à l'AccorHotels Arena de Paris l'été prochain.

Dans ce documentaire, on met Céline face à son passé et de nombreuses images d'archives qui n'ont rien de bien secrètes pour ses fans québécois. L'exercice a déjà été fait chez nous. Et d'ailleurs, elle ne craque pas une seule fois, aucune larme devant ce diaporama de sa vie, ni sur ce qu'elle vit actuellement auprès de son mari atteint de la maladie. Aucune mention non plus de son interprétation de L'hymne à l'amour de Piaf, après les attentats du 13 novembre.

Inévitables, les débuts modestes, l'extrait chez Michel Jasmin, le look maladroit, l'évolution vers la femme, la victoire de l'Eurovision, le passage à l'anglais, l'amour déclaré publiquement à René, la chanson de Titanic, et toujours cette voix sidérante, peu importe l'époque.

Dans cette interview exclusive, Céline l'admet: la France n'a pas été facile pour elle. «Je ne me sentais pas très bien dans ma peau, je ne me sentais pas très belle, je n'étais pas Vanessa Paradis. J'aurais aimé ça être comme Vanessa Paradis.» Elle n'était pas la seule, à cette époque, mais elle devait monter sur scène et faire face aux caméras.

Oui, elle aurait aimé porter t-shirt et jeans comme Paradis, elle n'appréciait pas toujours les costumes qu'on lui faisait porter. L'ex-DG de l'Olympia Jean-Michel Boris souligne son apparence «paysanne», Jean-Jacques Goldman avoue qu'elle avait l'air un peu «datée», parle de ses vêtements et de sa coiffure «improbable». Et puis, «la voix, ce n'est pas une tradition française, ici on est des conteurs», rappelle Erick Benzi. Bref, Céline était un peu un ovni dans le paysage européen.

Il ne faut pas s'étonner que ce documentaire, qui s'adresse au public français, accorde presque la moitié de son temps à la période Jean-Jacques Goldman de Céline, même si on fait une belle place à Luc Plamondon, qui a précédé sa percée du marché, avec Ziggy ou L'amour existe encore - qu'on avait offert à Johnny Hallyday. «Ç'a été dur pour Luc», résume le compositeur Serge Perathoner, lorsqu'on évoque la création de l'album D'eux, considéré par beaucoup comme l'un de ses meilleurs. «Bravo, Jean-Jacques, on avait chacun notre période, et puis c'est tout», dit Plamondon, bon joueur. Goldman se fait modeste, disant qu'il a pu apporter quelque chose à la star dans la sphère européenne. «Mais elle n'a pas eu besoin de moi pour devenir Céline Dion.»

Ainsi, le documentaire passe plutôt rapidement sur les années Vegas de Céline, le lieu étant certes mythique, mais un peu ringard pour les Français, même s'ils comprennent qu'elle y a posé ses valises pour rester auprès de sa famille.

«Je vis aujourd'hui pleinement, le plus loin que je vois, c'est ce soir», confie Céline Dion, qui semble avoir la forme. Elle insiste sur le fait qu'elle a choisi d'être un livre ouvert, et de dire les choses telles qu'elles sont, sinon, «on invente». «René fait une prise de sang et dans les journaux, la semaine d'après, on annonce sa mort.»

On n'en apprend pas beaucoup sur l'état de santé actuel de son mari, mais on sent qu'elle vit vraiment un jour à la fois. «Je vais toujours être une battante, que ce soit pour ma musique ou mes enfants, affirme-t-elle. La vie vous impose des choses, on choisit comment les vivre. Il y a deux jours qu'on ne contrôle pas: hier, parce que c'est passé, et demain.»

«C'est sûr que quand on regarde ce qui nous arrive aujourd'hui...» commence-t-elle, évoquant à demi-mot l'écart d'âge entre elle et l'homme de sa vie, avant de poursuivre en disant: «je recommencerais la même chose». Deux ou trois fois dans cette interview, Céline insiste sur ce parcours auquel elle tient, envers et contre tout, et le résume en ces termes: «C'est un Renoir. C'est une toile, c'est peint pour la vie. C'est précieux. Je ne changerais jamais rien.»