Rose-Marie Charest, ex-présidente de l'Ordre des psychologues du Québec, se réjouit de la démocratisation de la consultation au petit écran, même si, parfois, la fiction déforme un peu le code de déontologie...

«Ça fait 30 ans que je fais de la thérapie, et je peux vous dire que je n'ai jamais vu deux personnes qui se ressemblaient, dit Rose-Marie Charest. C'est intéressant et je comprends les auteurs d'écrire sur les psychologues! Moi, je rêve un jour d'interviewer des personnages. Parce que les acteurs qui rentrent dans un personnage doivent nécessairement créer leur psychologie.»

La psychologue est aussi une téléspectatrice et, bien sûr, elle regarde avec beaucoup d'intérêt les séries où son métier est en vedette.

«Il y a des scénarios plus vrais que d'autres. Par exemple, dans Nouvelle adresse: je ne connais pas de psy qui travaille dans un bureau vitré! Il y a aussi des manques d'éthique importants dans En thérapie, mais c'est une fiction, on n'est pas dans la réalité, tout est condensé. Pour un auteur dramatique, c'est fascinant, parce que c'est une façon de faire dire des choses au personnage qu'il pourrait difficilement livrer.»

Son personnage de psy préféré? Le monsieur P. dans Au secours de Béatrice. «Il pose de vraies questions, comme celle de vouloir quitter la thérapie, quand lui même vit un problème éthique. C'est très intelligent et très sensible. On voit le processus, ce n'est pas juste une séance de temps en temps, on voit Béatrice se transformer dans tout ça. Elle est plus en contact avec elle-même, plus libre de ses émotions. Voir se déployer quelque chose qui était là, mais éteint, c'est ce qu'on voit de beau en thérapie.»

Augmentation des demandes

Est-ce que la multiplication des psys au petit écran a un impact sur les demandes de consultation? Rose-Marie Charest confirme une augmentation des demandes de la part du public depuis quelques années.

«Je pense que le tabou par rapport au fait de consulter est à la baisse. Dire qu'il a complètement disparu serait faux, mais ça fait plus partie de la vie. Il y a une réelle augmentation à notre service de référence. Est-ce que ça veut dire qu'il y a plus de détresse? Est-ce que les publicités et les personnages des téléséries ont de l'impact? C'est difficile pour nous de savoir à quoi c'est dû, mais c'est peut-être un des facteurs depuis deux ans. Tout ce que je déplore, c'est que les gens qui vont consulter sont ceux qui ont des assurances ou des moyens. On l'a mesuré, la principale raison pour laquelle les gens ne consultent pas, c'est l'aspect financier.»