Beaucoup de téléphiles ont pris l'habitude d'écouter en rafale des épisodes de leur série préférée, mais des experts affirment néanmoins que la diffusion traditionnelle demeurera, pour une majorité de Canadiens, la manière privilégiée de consommer la télé.

Les débats sur la nouvelle série à voir ont animé les discussions de 2014, alors que la disponibilité des émissions sur les sites de visionnement change les habitudes de consommation des téléspectateurs.

Certains des plus gros fournisseurs de télé par câble du pays ont sauté dans l'arène, lançant leur propre plateforme de diffusion pour concurrencer Netflix et rester dans le coup.

Mais des experts du milieu mettent le holà: les habitudes sont encore à la télévision par câble, ou même par les bonnes vieilles oreilles de lapin.

«Calmons-nous!», s'exclame Duncan Stewart, directeur de la recherche dans le secteur des Technologies, médias et télécommunications pour la firme Deloitte.

«Même en 2015, la majorité de la télévision continuera d'être consommée par diffusion linéaire traditionnelle.»

M. Stewart estime que la part d'audience des services de visionnement en ligne atteint entre cinq et 10 pour cent, une fraction du temps total passé par les Canadiens devant la télé.

Toutefois, un éventail de nouvelles options entraînent les jeunes Canadiens à penser la télévision différemment, que ce soit pour les films ou le hockey du samedi soir.

Dans les dernières semaines de 2014, deux services de visionnement ont été lancés sur le marché: le Shomi de Rogers et Shaw Communications, et le Crave TV de Bell. Alors qu'ils sont souvent perçus comme une tentative de faire concurrence à Netflix, les deux tentent également de faire taire les rumeurs grandissantes voulant que les gens annulent de plus en plus leur abonnement au câble. Shomi est seulement disponible en version bêta et pour les clients de Rogers et Shaw, qui ne prévoient pas l'offrir aux gens qui ne sont pas clients chez eux. Crave TV est seulement accessible à ses abonnés et par le biais de certaines entreprises, notamment Telus, Bell Aliant et Eastlink.

Autre exemple, Rogers offrait, jusqu'au 31 décembre 2014, l'abonnement gratuit à son service GameCentre Live de la LNH permettant de voir plus de 1000 matches de hockey. A partir du 1er janvier 2014, cet abonnement ne sera plus donné. L'abonné à un forfait Internet ou Données sans fil, le client de Rogers pour la téléphonie résidentielle ou la télé numérique peuvent aussi avoir accès au service MatchPlus qui offre des angles de camera différents.

C'est là l'hameçon qui retient ladite révolution du «streaming»: il est difficile de s'affranchir des services traditionnels lorsque les compagnies tiennent ce que les téléspectateurs veulent écouter.

«(Les fournisseurs) ont un pied sur l'accélérateur et l'autre sur le frein, affirme l'expert Kaan Yigit de Solutions Research Group. Mais jusqu'à ce que la demande soit satisfaite, les gens feront ce qu'ils faut pour avoir leur dose.»

Une autre solution consiste bien sûr à regarder ou télécharger illégalement les émissions­, une pratique que le gouvernement fédéral espère contrer avec l'entrée en vigueur, le 1er janvier, de la Loi sur la modernisation du droit d'auteur. Celle-ci exigera des fournisseurs d'Internet d'avertir les clients qui téléchargent illégalement de la musique, des films et des émissions. Il y a peu à parier sur l'effet dissuasif d'une telle mesure: selon les derniers sondages, 39 pour cent des 1000 répondants considéraient se désabonner de leur service de télévision payante.