Si Tony Soprano déménageait dans les Prairies, le choc des cultures qui en résulterait ressemblerait à ce qu'on peut voir dans Faut pas rêver!, la nouvelle série animée pour adultes qui sera diffusée à compter de jeudi sur les ondes de Télétoon la nuit.
«Oui, c'est exactement ce qu'on voulait faire, lance d'emblée le cocréateur de la série, Willem Wennekers. Lorsque nous avons commencé à développer la série, The Sopranos était justement en train de devenir un phénomène culturel. Mon collègue Nicholas Tabarrok et moi sommes des maniaques de films de gang- sters, et nous trouvions que le milieu de la mafia, avec tous ces crimes et ces meurtres, était un bon sujet pour l'animation. Il s'agissait seulement de trouver quoi faire avec ces personnages.»
Les deux créateurs ont donc tenté d'imaginer ce qui arriverait si on prenait un mafieux et qu'on le changeait d'environnement. Ainsi est né le capo de la mafia new-yorkaise Jimmy Falcone, délateur malgré lui forcé de déménager à Regina avec sa famille en vertu du programme de protection des témoins. Surveillés par l'agent McCool de la GRC, les Falcone devenus McDougall devront s'intégrer dans la société canadienne et passer inaperçus.
Dur contrat, et cette confrontation entre deux mondes sera évidemment prétexte à de multiples blagues sur la proverbiale politesse des Canadiens. «Vive le Canada et toutes ses belles valeurs, quelles qu'elles soient!» s'exclame d'ailleurs l'agent McCool pendant le premier épisode... «Ça fait partie de la culture canadienne de s'interroger sur notre identité, ce qui nous représente, souligne Willem Wennekers. Je trouve que c'est intéressant de confronter ça aux gangsters, qui eux, savent très bien qui ils sont.»
Les Québécois, estime-t-il, trouveront sûrement un malin plaisir à voir les Canadiens rire d'eux-mêmes. Mais ils peuvent aussi apprécier, simplement, cette rencontre improbable entre des personnages explosifs et des gens sans histoire.
Choisi au terme d'un concours de projets pilotes lancé par Télétoon en 2007, Faut pas rêver! (Fugget about it dans sa version originale) a été produit par 9Story et Télétoon, dans les studios de Toronto et Montréal, et carbure à l'humour noir, irrévérencieux et au ras des pâquerettes. Par exemple, Jimmy Falcone est incapable de prononcer le mot «Regina», qu'il transforme toujours en «Vagina». Et dans le deuxième épisode, Jimmy et son oncle Cheech, qui ont l'idée de génie d'ouvrir un bar de danseuses, engagent un gérant à la gestuelle, disons, explicite.
Évidemment, la famille est mal embouchée il faut entendre Cookie, la femme de Jimmy, incarnée en français par une Josée Deschênes méconnaissable , sacrer à qui mieux mieux. Les bips ne couvrent pas tout! «Ç'a été écrit en fonction des bips, explique Willem Wennekers. À mon avis, les blagues sont encore plus drôles comme ça. De toute façon, on comprend toujours ce que les personnages disent, pas besoin de beaucoup d'imagination!»
Willem Wennekers se dit fan des Simpsons et de Family Guy, normal donc qu'il nage dans les mêmes eaux décalées. «L'animation pour les enfants ne m'intéressait pas vraiment. Nous visons les jeunes adultes, mais aussi tous ceux qui ont un bon sens de l'humour.» Les 13 premiers épisodes seront diffusés cet automne à compter de jeudi, à 22h30, et une deuxième saison est déjà en cours de production. «Nous voulons que la famille reste installée encore à Regina, mais nous aimerions ensuite la voir se promener au Canada. Même au Québec, ce serait vraiment fantastique.»