Il y a eu Planet Earth. Il y a maintenant Life. Après le théâtre qu'est notre planète, les histoires de (sur)vie qui s'y déroulent. Entretien avec Mike Gunton, l'un des producteurs d'une série exceptionnelle, d'un fabuleux hommage à la vie qui bat et se débat.

Trois ans après la formidable série Planet Earth, la BBC et la chaîne Discovery nous reviennent avec l'exceptionnelle Life.

«Les deux séries sont les deux faces d'une même médaille. Là où Planet Earth se concentrait sur les paysages et les habitats, Life se penche sur les animaux qui vivent dans ces paysages et ces habitats. La première était la scène. La deuxième, la pièce de théâtre qui s'y joue», résume le producteur exécutif Mike Gunton, que La Presse a joint au téléphone alors qu'il était de passage à Toronto.

Ici, combat de titans entre deux baleines à bosses mâles qui s'affrontent pour une femelle. Là, une jeune chèvre de montagne court sur une falaise presque verticale pour échapper à un renard. Ailleurs, des singes capucins adultes «apprennent» aux jeunes à casser des noix à l'aide de pierres. Plus tard, des sardines font preuve d'une telle cohésion qu'elles leurrent l'espadon tentant de se harponner un lunch à leurs dépens. Et ainsi de suite, d'une histoire hallucinante à une autre, renversante.

D'une durée de 11 heures, Life - dont la version américaine, narrée par Oprah Winfrey, nous arrive aujourd'hui en DVD et en Blu-ray (en anglais avec sous-titres anglais ou français) - a nécessité cinq ans de travail, dont plus de quatre pour la seule production. Une trentaine d'équipes ont été envoyées sur tous les continents, dans 50 pays, ont visité tous les habitats imaginables, ont filmé pendant un total de 3000 jours et sont revenus avec 3000 heures de matériel. Ce, pour raconter 130 «histoires» - dont 54 sont du jamais - vu. Le tout a coûté 22 millions à produire.

«Nous avions une idée très claire de ce que nous voulions montrer et nous avons fait des recherches pour savoir à quel endroit nous aurions le plus de chance d'assister à tel ou tel événement... mais, vous pouvez vous en douter, il y a eu beaucoup d'attente», pouffe Mike Gunton.

Ce qu'ils voulaient montrer, ses équipes et lui, ce sont les expériences les plus extraordinaires et les plus extrêmes que vivent les animaux. «Mais nous ne voulions pas des histoires génériques, nous cherchions celles d'individus en particulier, des histoires «personnelles», intimes. Ainsi, chaque récit possède son arc dramatique. Il commence par un défi que rencontre le «héros» et se termine par sa réussite ou son échec.»

L'émotion est donc au rendez-vous. Mais pas par l'intermédiaire d'une plate anthropomorphisation: «Anthropomorphiser n'est pas, en soi, une mauvaise chose, mais il faut être prudent avec ça, précise Mike Gunton. Nous ne nous mettons pas dans la tête des animaux, nous ne leur prêtons pas d'intentions, nous laissons l'histoire montrer une réalité. Aux gens, ensuite, de faire les liens dans leur tête - et, peut-être, de faire des rapprochements avec le comportement humain.»

Mais ce que le producteur espère, c'est que les spectateurs retiennent que les animaux ne font pas que simplement exister. Ils ont leur propre voyage sur cette terre et ils font de leur mieux pour survivre. «N'est-ce pas ce que nous faisons nous aussi?»

Outre la recherche et la patience, il aura fallu des technologies à la fine pointe pour filmer les images qui font Life. La «yogi cam», par exemple, qui a été mise au point spécifiquement pour le projet et a permis d'«infiltrer» les rangs de troupeaux de rennes et d'éléphants. Ou encore cette installation sur câbles grâce à laquelle une équipe de tournage s'est «déplacée» parmi des milliers de monarques, etc.

Le résultat est à ce point stupéfiant qu'il séduira même ceux qui ne sont pas particulièrement attirés par les documentaires animaliers. Car Life, c'est du rarement vu par son fond, mais aussi par sa forme.

Une version en français est en préparation et Charles Tisseyre de l'émission Découverte en fera la narration.