Un Noël chez les Paré sur fond de téléréalité? Il suffisait d'y penser, et Claude Meunier y songeait depuis belle lurette. Il attendait seulement le moment où les interprètes de la sitcom la plus écoutée au Québec seraient disponibles pour passer de la parole aux actes.

Pas facile de réunir sur le même plateau de tournage les Marc Labrèche, Diane Lavallée, Serge Thériault, Josée Deschênes, Marc Messier, Guylaine Tremblay et compagnie! Claude Meunier y est parvenu, avec pour résultat que Noël Story sera présenté sur le coup de 20h, demain, à la télévision de Radio-Canada.

«L'idée du scénario m'est apparue il y a deux ans, au moment où j'attendais le tournage du film Le grand départ, raconte l'auteur de La petite vie. J'ai écrit un texte d'une quarantaine de pages en moins d'une journée, et je l'ai laissé dans mon ordinateur avant d'avoir l'occasion d'y revenir et de le compléter. Puis, mes filles de huit ans et neuf ans et demi m'ont demandé d'écrire une autre émission spéciale de La petite vie

C'était suffisant pour convaincre Claude Meunier de terminer l'écriture d'un scénario, de s'enquérir de la disponibilité des comédiens avant de leur demander de lire son texte. «Les interprètes ont dit oui immédiatement, mais pour moi, une lecture s'imposait. Si les comédiens n'étaient pas satisfaits, je laissais tout tomber et je passais à autre chose.»

Noël approche et Rénald, le fils banquier, suggère à Jacqueline, à Ti-Mé et aux autres de se réunir dans un chalet. La famille la plus dysfonctionnelle de l'histoire de la télé l'ignore, mais elle participera à une émission de téléréalité. Tout le groupe est de retour, sauf Rod, parti en voyage. Autour d'eux, les Grolot, interprétés par Lise Dion, Jean-Michel Anctil et Dominic Sillon. Et un certain Jean-Lou, campé par Michel Côté, une famille monocellulaire.

«Comme tel, je n'ai rien contre la téléréalité, a commenté Claude Meunier. C'est un outil et je ne suis pas un fan, mais je ne le dénigre pas. J'en ris un peu.»

L'univers disjoncté des Paré a été salué pour la dernière fois à la télé en 2002, à l'occasion du Noël chez les Paré. Sept ans, c'est long, et les retrouvailles ont été fort appréciées. Particulièrement par Serge Thériault, qu'on a moins vu à la télé et sur la scène au cours des trois dernières années.

«On s'est rendu compte, à l'occasion de la lecture, à quel point on était heureux de se revoir. Tout le monde avait le goût de se retrouver. Surtout Claude Meunier et moi. On a travaillé ensemble pendant plus de 30 ans. Ces années-là, tu ne peux pas les oublier. On a répété pendant une douzaine d'heures avant de passer à l'étape finale. Je me souviendrai toujours de cette journée entamée par une «générale» le matin et deux enregistrements en public par la suite. Tout ça dans la même journée et en pantoufles, de surcroît!»

De la scène à la télé

La petite vie a été vue pour la première fois à la télévision en 1993. Un épisode unique où Moman et Popa se retrouvent à Plattsburgh. Le couple avait troqué un voyage en Chine contre 37 séjours dans cette ville américaine. Quatre saisons plus tard, elle avait fracassé tous les records d'écoute de la télé d'ici, avec une moyenne de plus de deux millions de téléspectateurs par rendez-vous. À deux reprises, elle avait franchi le chiffre de quatre millions d'auditeurs.

Mais La petite vie a eu une vie avant de passer au petit écran. Une vie sur scène imaginée par Claude Meunier à l'époque de Ding et Dong.

On est au début des années 80 et le duo est chargé de l'animation des Lundis des Ha! Ha! au Club Soda.

«On faisait déjà dans l'humour absurde, raconte Serge Thériault. Imagine-toi, un couple comme celui de Moman et Popa, assis à une table et en improvisant, entre autres, sur les vidanges.

«J'ai toujours été un maniaque des sitcoms et je rêvais d'écrire un téléroman. Mais pas n'importe lequel. Un téléroman où on ne parlait de rien et où on riait du quotidien, où les personnages feraient part de leurs angoisses matérielles, explique Claude Meunier. Aussi, je raffole du burlesque et de Monty Python. Le résultat a donné ce qu'on a vu à la télé pendant quatre saisons.»

Le résultat a aussi donné des personnages complètement décrochés de la réalité. Pensons à Réjean et à ses cheveux orange. Le gendre des Paré s'exprime d'une façon bien particulière.

«On en a souvent jasé, Louis Saia et moi, et le barbier Ménick a été une de nos sources d'inspiration pour Réjean. Il a déjà eu une émission à la télé où il s'adressait à ses invités en utilisant la troisième personne du singulier.»

Claude Meunier a déployé le personnage de Réjean en songeant d'abord à Marc Messier. Il en est ainsi pour les autres qui gravitent autour des Paré.

«J'ai fait du casting avant d'entamer l'écriture des premiers épisodes. Ce groupe de comédiens m'a toujours inspiré.»

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Noël Story, demain, 20h, à la télévision de Radio-Canada.