Les séries québécoises pourraient bien voler la vedette sur les ondes des chaînes de télévision françaises au cours des prochaines années. Dans la foulée d'une opération charme de la SODEC, des télédiffuseurs et des producteurs de l'Hexagone ont en effet récemment manifesté leur intérêt pour plusieurs émissions d'ici comme C.A., Le gentleman et Les Parent, a appris La Presse.

Des producteurs français ont répondu à l'invitation de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) qui organisait pour la première fois l'événement Vitrine sur la télé, à Paris au début du mois. Pour l'occasion, des représentants de 11 maisons de productions québécoises ont atterri dans la Ville lumière, transportant dans leurs valises des séries télé susceptibles de séduire le marché français. Pendant deux jours, les producteurs français ont visionné des émissions made in Québec et discuté avec leurs homologues de la Belle Province.

 

Résultat: trois télédiffuseurs français souhaitent acquérir les droits de C.A., mettant en vedette Louis Morissette, pour doubler l'émission avec des voix françaises, a confirmé le producteur québécois Louis-Philippe Rochon. «Les gens nous ont dit qu'ils n'avaient peut-être pas tout compris, mais au moins, ils ont ri», ajoute-t-il tout en soulignant que le petit côté audacieux, coquin et aguicheur a sans doute séduit. Une entente officielle devrait être signée dès janvier. On pourrait donc s'attendre à voir le coloré quatuor de C.A. se donner la réplique dans un français... plus pointu.

La célèbre famille des Parent, formée par Anne Dorval, Daniel Brière et leurs trois enfants, a aussi marqué des points. La Presse Télé, distributeur de l'émission, travaille déjà depuis le printemps dernier avec un producteur français qui souhaite en faire l'adaptation. Mais voilà que depuis l'événement Vitrine sur la télé, quatre distributeurs visiblement intéressés téléphonent régulièrement à Montréal pour discuter de la série, souligne fièrement André Provencher, président de La Presse Télé.

Puis, encore méconnue du public québécois, Le gentleman, qui sera présentée sur les ondes de TVA en septembre 2009, a également fait sa marque lors de l'événement.

«D'ici quelques semaines, je pense qu'on va avoir une offre d'un distributeur qui souhaite doubler la série», mentionne Michel D'Astous, président de Duo Productions. Mettant en vedette David Boutin, Le gentleman raconte l'histoire d'un enquêteur tentant d'élucider le mystère entourant l'attentat à la bombe dont a été victime sa copine qui s'est retrouvée par la suite dans le coma. Il récoltera d'ailleurs des informations compromettantes sur cette dernière. «Le genre policier, c'est quelque chose qui s'exporte bien», croit M. D'Astous.

À plus long terme, d'autres émissions québécoises comme La cour des grands, Les soeurs Elliot, Destinées, Le 7e round et Au nom de la loi pourraient également envahir le petit écran français. «Des discussions très sérieuses ont été entamées avec des producteurs qui voudraient acquérir les droits de doubler plusieurs de nos séries (Destinées, Le 7e round et Au nom de la loi)», affirme André Dupuy, producteur chez Pixcom.

La touche québécoise

On est en droit de se demander pourquoi la télévision québécoise suscite un tel engouement dans l'Hexagone? «On écrit des séries plus longues qui permettent de fidéliser le public, croit Michel D'Astous. On a d'ailleurs des performances d'auditoire qui font saliver les Français.»

Et les producteurs d'ici se sentent-ils offusqués lorsque les Français veulent doubler leurs séries pour le public français? «Pour le moment, il y a un besoin de doublage, admet André Dupuy. Peut-être qu'avec le temps, ça va s'estomper. Tranquillement, on va les habituer.»

Fiers des retombées obtenues avec Vitrine sur la télé, les représentants de la SODEC songent à répéter l'expérience l'an prochain. «On va faire le bilan, mentionne la directrice générale, Ann Champoux, mais c'est sûr que c'est dans nos plans de le refaire.»