Tiens, tiens. En plus de calculer avec précision les audiences quotidiennes des émissions, la firme Nielsen prédit maintenant pour quel parti politique les Américains voteront selon ce qu'ils consomment au petit écran ou dévorent en format DVD. Fascinant, non?

Sans grande surprise, The Colbert Report de la chaîne Comedy Central, animé par Stephen Colbert, un disciple du décapant Jon Stewart, a remporté la palme chez les téléspectateurs démocrates. Chez les républicains, l'émission chouchou est, ne recrachez pas votre tasse de Sanka, le dessin animé South Park. Pardon? Les fans de John McCain pigent-ils le deuxième degré et le sarcasme que régurgitent ces bonshommes en deux dimensions? Ou s'attardent-ils uniquement au premier niveau de lecture des gags? Pas évident.

 

De retour dans le camp de Barack Obama, les téléphiles choisissent des émissions comme It's Always Sunny in Philadelphia de la chaîne spécialisée FX de même que la téléréalité I Love New York de VH1. Les partisans de John McCain et Sarah Palin préfèrent le thriller politique Damages de Glenn Close et la téléréalité Rock of Love With Bret Michaels, où le chanteur du groupe Poison se magasine (c'est le terme approprié) une copine dans un harem mis à sa disposition par la production. Très édifiant. Remarquez que I Love New York ne vole guère plus haut. On y suit une participante déchue de Flavor of Love qui cherche l'amour dans des endroits, comment dire, plutôt trash.

Il existe une troisième catégorie, celle des émissions qui intéressent autant les bleus que les rouges, qui regroupe notamment la téléréalité The Hills de MTV, l'émission de trucs de mode What not to Wear de TLC, la série The Cleaner du réseau A&E, ainsi que The Real Housewives of Orange County de Bravo.

Comment Nielsen a-t-elle établi ce palmarès? La grande maison de sondages a d'abord questionné un groupe sur le contenu de ses émissions fétiches. Selon Nielsen, plus un spectateur se souvient précisément de ce qu'il a vu, plus il grimpe dans l'échelle «d'engagement», un terme bizarre désignant les téléspectateurs purs et durs, les fidèles au poste qui ne ratent jamais leurs «programmes» et qui peuvent citer des répliques de leurs sitcoms coup de coeur. Du genre: «Recule! Je ne te connais pas!»

Les émissions comportant la plus grande proportion de téléspectateurs dits «engagés» ont ensuite été recoupées avec leurs allégeances politiques et, ta-dam, voilà le classement.

Amusons-nous un peu, maintenant. Si les Américains se connectaient sur nos produits télévisuels, lesquels attireraient une masse de démocrates? Assez facilement, je classerais dans cette filière Les hauts et les bas de Sophie Paquin, Tout sur moi, Infoman, 3600 secondes d'extase et Tout le monde en parle. Sous la bannière républicaine, je rangerais Scrap métal, Le midi d'André Arthur, Les boys, 110 %, Bob Gratton, ma vie, my life et La poule aux oeufs d'or.

À mi-chemin, dans la catégorie des émissions qui chatouillent autant des valeurs démocrates que républicaines, j'opterais pour La joute, Providence, La promesse, Bazzo.tv, Virginie, le hockey du Canadien à RDS, Occupation double, Annie et ses hommes, Le banquier et La cour des grands.

Ça l'a pas de fin!

Hou-là! La lalalisation à la télévision, effleurée légèrement dans cette chronique hier, a titillé votre fibre linguistique. Dans un courriel à la grammaire impeccable, Marie-Andrée Foisy a noté que «c'est à croire que l'éducation n'a pas de valeur au Québec, ni au plan du langage ni sur le plan du contenu».

Nicole Trudel a entendu, chez René Homier-Roy, un chercheur universitaire spécialisé en éducation lâcher un «ça l'a pas de bon sens» et parler des élèves en les appelant des «ti-pits». «La lalalisation vient de haut. L'infantilisation aussi», écrit cette lectrice aux tympans bioniques. Pauline Dugas en profite pour se vider le coeur: plus capable d'entendre des «quand que» et des «ça va t'être» sur nos ondes. Chu t'assez d'accord avec vous, Mme Dugas. Continuons le combat.

Faites vos devoirs

La moindre des choses pour un animateur de gala, où la règle de politesse élémentaire est d'apprendre à prononcer correctement le nom des artistes et des oeuvres qu'ils ont pondues. Me semble que ce n'est pas trop exigeant, han, pour paraphraser Julie Couillard?

Maintenant, quelqu'un pourrait-il transmettre cette consigne à Babu, qui a massacré allègrement plusieurs mots pendant L'autre gala de l'ADISQ, présenté au Métropolis et retransmis sur les ondes de MusiquePlus et MusiMax lundi soir? Heureusement que Claudine Prévost était là pour remettre le show sur les rails.

Et le gala? Très décousu. Normal, quand on jette dans la même émission Karkwa, le Stradivarius d'Angèle Dubeau, le rap algonquin de Samian et l'album de piano de Richard Abel.

Une question, en terminant. Quel message l'ADISQ envoie-t-elle en sacrant 70's de Sylvain Cossette album anglophone de l'année? Que pour rafler un Félix, il suffit de repêcher et réenregistrer des vieux tubes de CHOM-FM, époque 1974? Au moins, The Lost Fingers a rebrassé ses succès des années 80 avec une grosse rasade d'originalité. On ne peut en dire autant de l'ami Sylvain.