Si une grosse vedette souhaite participer à Star Académie l'hiver prochain, elle devra jouer au fantôme durant au moins 10 semaines précédant son apparition. C'est la promesse qu'exige Productions J pour la quatrième saison de l'émission, a appris Le Soleil. Un record d'exclusivité qui fait beaucoup jaser dans l'industrie de la musique ces jours-ci, mais qui marque l'intention de Productions J de créer l'événement.

Cette politique s'applique même à TVA, où La cour des grands, la nouvelle émission de Gregory Charles, doit se soumettre comme les autres. On ne parle donc plus ici de 10 semaines d'exclusivité, mais bien de quatre mois, puisque Star Académie ne commence que le 8 février prochain. Donc, il faut choisir entre Gregory et Julie, pas les deux.

Dans le milieu artistique, la loi du silence entoure cette exigence pour le moins étonnante, même si plusieurs voix s'accordent pour dénoncer cette pratique. Plusieurs personnes interrogées par Le Soleil nous ont confirmé qu'il s'agissait d'une première. «Toutes les émissions de variétés, depuis toujours, demandent la primeur aux artistes. Mais deux mois et demi, on n'a jamais vu ça», affirme un joueur important de l'industrie, sous le couvert de l'anonymat.

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Ainsi, les producteurs de Tout le monde en parle demandent aux artistes d'apparaître chez eux en premier avant d'aller ailleurs, mais n'exigent pas qu'ils soient absents des autres émissions de variétés durant 10 semaines. D'autres émissions peuvent exiger une ou quelques semaines d'exclusivité, mais généralement pour la première de la saison. Par exemple, lorsque Patrice L'Écuyer faisait des variétés à Radio-Canada, il pouvait demander un mois et demi d'exclusivité avant sa première émission. De gros noms qui iront à Star Académie, que ce soit à la première ou durant les semaines suivantes, devront refuser toutes les autres offres.

La directrice artistique de Belle et Bum chez Télé-Vision, Sylvie Rémillard, admet que son équipe devra s'ajuster en conséquence. «En ce qui concerne les gros noms, nous devrons peut-être pré-enregistrer des performances et les diffuser plus tard, ce que nous n'avons jamais fait», affirme-t-elle. Elle refuse cependant de nommer des artistes qui ont déjà refusé leur présence à Belle et Bum pour ne pas les mettre dans l'embarras, bien qu'elle ait déjà reçu cinq refus. Et nous ne sommes que le 1er octobre.

À Radio-Canada, où France Beaudoin animera bientôt la nouvelle émission M pour musique, on dit ne pas avoir eu à composer avec le problème jusqu'à maintenant. «Mais ça pourrait se compliquer à partir de novembre», confirme la directrice des variétés, Dominique Chaloult.

Chez Productions J, le porte-parole, Louis Noël, a refusé de commenter notre information, se limitant à cette réponse: «Comme toutes les émissions de télé, de Ad lib à Tout le monde en parle, il nous arrive de vouloir des artistes en primeur, et d'autres fois non. C'est le seul commentaire que je ferai là-dessus.»

Même mutisme du côté de La cour des grands. Gregory Charles n'a pas retourné notre appel, et son attachée de presse, Geneviève Dutil, a refusé de commenter. Voilà qui n'a rien pour rapprocher les deux équipes, déjà éloignées par des tensions au printemps dernier. La cour des grands, qui devait au départ auditionner des jeunes de 7 à 17 ans, avait dû limiter ce privilège aux 7 à 12 ans pour ne pas nuire à Star Académie. Selon nos sources, ce changement au programme avait franchement déplu à l'animateur.

À TVA, on nous renvoie aux producteurs. «Des ententes d'exclusivité, il y en a toujours eu», répond la porte-parole du diffuseur, Nicole Tardif.