Avant même d'entrer en ondes à Télé-Québec, le quiz Bluff suscite déjà la controverse.

Une requête en injonction déposée vendredi dernier en Cour supérieure accuse Zone3 et Télé-Québec, respectivement producteur et diffuseur de l'émission, de plagiat. Deux jeunes concepteurs télé, Marc Laurin et Simon Guitard, y affirment avoir déjà présenté à Zone3 un projet en«tous points identique». Projet que Zone3 se serait approprié pour ensuite le soumettre à Télé-Québec. Ils demandent donc l'arrêt de la promotion et l'annulation de la diffusion, qui doit commencer le 12 septembre. Et ils réclament 150 000$ en dommages et intérêts.

L'histoire commence en décembre 2006. MM. Laurin et Guitard envoient à quatre producteurs un projet de quiz. Leur idée: des candidats devront répondre à des questions de connaissances générales dans une formule inspirée du poker. Zone3 refuse le projet en juillet 2007. C'est d'ailleurs le seul producteur à avoir envoyé un avis de réception à Laurin et Guitard.

Des modifications mineures

En mai dernier, les demandeurs entendent parler de Bluff, un quiz de connaissances générales aussi calqué sur le poker dont l'entrée en ondes est prévue cet automne à Télé-Québec, avec Marie-Christine Trottier (animatrice) et Antoine Bertrand (analyste). Le quiz aurait été conçu par Mathieu Paiement, doctorant en histoire à l'UQAM et fils du producteur Jean-Pierre Paiement.

«À part quelques modifications mineures, comme le nombre de joueurs et les sommes en jeu, leur quiz semble identique à celui de mes clients», soutient Me Rino Soucy. Une mise en demeure est donc envoyée à Zone3 et Télé-Québec. Dans sa réponse, Zone3 reconnaît avoir reçu leur projet. Mais elle prétend ne pas en avoir conservé de copie, selon ce que raconte aujourd'hui Me Soucy.

Ni le producteur Jean-Pierre Paiement ni Zone3 n'ont voulu commenter l'affaire hier. Le producteur entend se défendre en cour, tout comme Télé-Québec.

Version contestée

La chaîne publique conteste la version des demandeurs. «Nous avons pris connaissance vendredi dernier de leur projet. Selon notre analyse, les deux sont très différents», indique son chef des relations publiques et de presse, Pierre Sheridan.

Quelles sont ces différences? Télé-Québec réserve ses arguments pour la cour.

Le diffuseur laisse aussi entendre que plusieurs personnes peuvent avoir des idées similaires, par hasard. «Plus tôt cette année, nous avons refusé un autre projet de quiz, lui aussi basé sur le poker», rappelle Pierre Sheridan.

Première étape: demain matin

La requête en injonction temporaire devait être entendue vendredi dernier. Elle a été remise à demain. Si le juge l'accepte, il aura ensuite 10 jours pour se prononcer sur l'injonction interlocutoire. Et s'il accepte l'injonction interlocutoire, une décision sur les dommages et intérêts réclamés viendra dans les mois suivants.

Parallèlement à cette action judiciaire, les demandeurs n'excluent pas un règlement à l'amiable. «Nous restons très, très ouverts à toute offre de règlement sérieuse (de Télé-Québec et Zone3)», indique Me Soucy.

Télé-Québec ne semble pas envisager cette option. «Rien dans le dossier ne nous porte à croire en une telle solution», explique Pierre Sheridan.