Une vingtaine de danseuses et danseurs, anciens collaborateurs de Jan Fabre, affirment avoir subi des humiliations et intimidations sexuelles de la part cet artiste belge connu pour ses performances controversées, dans une lettre ouverte publiée jeudi, qui a entraîné l'ouverture d'une enquête judiciaire à Anvers.

«Nous allons enquêter sur de possibles faits de violence, harcèlement et harcèlement sexuel sur le lieu de travail», a déclaré à la chaîne publique flamande VRT un porte-parole de l'Auditorat du travail de la cité portuaire, une section du ministère public spécialisée dans les conflits au travail.

Interrogé par l'AFP ce porte-parole, Pieter Wyckaert, a souligné qu'il était prématuré d'envisager d'entendre Jan Fabre.

«Nous allons d'abord faire procéder à une analyse approfondie de la lettre ouverte et identifier d'éventuelles victimes», a-t-il ajouté.

Dans leur texte, paru sur le site internet du magazine néerlandophone spécialisé dans l'art rekto:verso, ces ex-collaborateurs et stagiaires dénoncent des attitudes systématiques de «harcèlement» de la part de l'artiste flamand, dans le sillage de la campagne #metoo.

Les vingt cosignataires, majoritairement des femmes - dont huit s'identifient par leur nom -, affirment que «l'humiliation était le pain quotidien» au sein de la compagnie Troubleyn.

Ils expliquent que Jan Fabre invitait chez lui des artistes sous prétexte de performances d'art visuel, et tentait alors une «approche sexuelle».

Certains collaborateurs se sont vu offrir une somme substantielle après ces invitations. Ceux qui refusaient l'argent, voyaient leur rôle limité dans les performances.

Il est également reproché à Jan Fabre d'avoir humilié des femmes dans des répétitions par des remarques ouvertement sexistes sur leur corps, dans ce texte où certains affirment avoir été victimes, d'autres témoins des faits.

Dans ce même magazine, rekto:verso, Jan Fabre se voit offrir un droit de réponse, dans lequel il réfute les accusations portées contre lui.

«Nous ne forçons personne ici à faire des choses qui sont considérées pour l'un, l'une ou l'autre comme au-delà de ses limites», a-t-il écrit.

«Je n'ai jamais eu l'intention d'intimider ou de blesser les gens psychologiquement ou sexuellement», a-t-il aussi fait valoir.

Jan Fabre regrette également que cette campagne ait lieu dans les médias, sans qu'il ait réellement la possibilité de se défendre, contestant également tout comportement inapproprié.

Né à Anvers en décembre 1958, à la fois chorégraphe, plasticien, metteur en scène de théâtre, Jan Fabre est connu pour son art de la provocation, avec des spectacles abordant ouvertement la sexualité.

Crédité par ses supporters d'un renouvellement radical de la scène, il est accusé par ses détracteurs de provocation gratuite. Artiste associé au Festival d'Avignon en 2005, il y avait fait scandale avec deux spectacles dérangeants, L'histoire des larmes et Je suis sang.

L'Auditorat du travail est une section spécialisée du ministère public en Belgique, qui effectue les missions de ce dernier pour toutes les matières qui relèvent de la compétence des tribunaux du travail.

Il a la possibilité d'intenter une action civile mais aussi des poursuites pénales devant le tribunal de police ou le tribunal correctionnel.