C'était bien davantage qu'un spectacle. C'était un moment de communion entre une vedette et ses admirateurs, un prolongement des funérailles de René Angélil et une «plongée dans l'émotion endeuillée», pour reprendre la formule du prestigieux quotidien Le Monde.

Pour la première fois depuis la disparition de son mari et impresario, Céline Dion a retrouvé son public français vendredi soir au Palais Omnisport de Bercy, la plus grande salle de Paris, récemment rebaptisée AccorHotels Arena, du nom du grand groupe hôtelier qui en a financé la rénovation.

La chanteuse avait donné sept concerts à Bercy en 2013 et elle y effectue actuellement le cinquième passage de sa carrière. Elle offrira neuf spectacles, qui sont tous à guichets fermés, devant 113 500 spectateurs.

Ce n'est que la deuxième fois que Céline Dion se produit à Paris sans que René Angélil soit à ses côtés. En 1999, le cancer avait empêché son compagnon d'assister en personne à ses deux concerts historiques au Stade de France, mais il les avait suivis par satellite de chez lui, en Floride. «J'aimerais vous dire que René va bien», avait dit la diva aux 60 000 spectateurs, déclenchant une longue et chaleureuse ovation.

Cette fois, l'absence est irrévocable et Céline a confié à son public qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à lui. «Il est là, avec nous», a-t-elle dit.

Moins de six mois après la disparition de René Angélil, le spectacle tout entier semble prolonger les funérailles de la basilique Notre-Dame et la mise en scène d'un long travail de deuil. C'est à la fois un hommage de Céline Dion à René Angélil, à leur vie, à leurs enfants - mais aussi une promesse, celle de continuer à chanter, d'avancer encore, de ne «pas quitter la scène».

Le concert commence par Trois heures vingt, cette chanson de 1984 qui avait ouvert les obsèques de René Angélil. Céline Dion a commencé à chanter a cappella, cachée derrière un écran de projection, puis elle est apparue sur scène, accueillie par la première d'une longue série d'ovations.

La chanteuse portait sur un chemisier blanc de dentelle un large pantalon et une veste queue-de-pie noirs. Contrairement à son habitude, elle ne fera aucun changement de tenue «pour profiter de votre présence chaque seconde» avec son public.

Puis, elle a entonné «Encore un soir», la nouvelle chanson composée pour elle par Jean-Jacques Goldman, pour raconter les derniers instants du couple. Elle s'est ensuite adressée aux spectateurs qui lui hurlaient leur amour : «Je tiens à vous remercier pour tous vos mots, vos regards, vos sourires. Les enfants et moi, nous allons bien, alors tout va bien. Les larmes ont laissé la place aux sourires. Les chansons sont des épaules sur lesquelles je peux m'appuyer».

Ému, le public est resté debout. Soutenue par une trentaine de musiciens - dont une section de cordes et une autre de cuivres - dirigés par Scott Price, Céline a enchaîné les titres en français : Pour que tu m'aimes encore, Dans un autre monde, Ziggy, L'amour existe encore, Qui peut vivre sans amour et sa version d'Ordinaire, la chanson culte de Robert Charlebois.

En anglais, elle s'en est tenue à une dizaine de ses classiques, dont My Heart Will Go On, The Power of Love, puis Purple Rain en hommage à Prince.

Vers la fin du spectacle, la chanteuse a renoué avec le fil du deuil et de l'émotion en interprétant The Show Must Go On, la chanson d'adieu de Freddie Mercury, devenue pour la Québécoise une sorte de titre emblématique.

Elle a conclu ces deux heures à fleur de peau en confessant que ce spectacle représentait pour elle «une grande étape dans tout le tumulte des derniers mois».

La dernière chanson, S'il suffisait d'aimer de Jean-Jacques Goldman, a bouleversé les spectateurs de Bercy. Sur les écrans géants, Céline Dion avait les larmes aux yeux.

Son public l'a longuement ovationnée, encore. Elle a éclaté en sanglots, avant de disparaître en chantonnant Vole. Sur les écrans, une photo d'elle enlaçant René Angélil est apparue.