Charles Richard-Hamelin se démarque de plus en plus dans le monde compétitif et ingrat du piano. Pour le pianiste de 26 ans, l'année en cours est celle de Chopin, avec de nombreux récitals, un premier disque et, surtout, une participation au redoutable Concours Chopin de Varsovie, en octobre. Il est en récital ce soir au Domaine Forget, et dimanche au Festival de musique de Lachine.

Jusqu'à maintenant, on peut dire que Charles Richard-Hamelin a connu un parcours exemplaire, parsemé de prix et de bourses, mais surtout d'énormément de travail. Car le talent ne suffit pas: il faut s'exercer. De quatre à sept heures par jour, dans son cas.

«J'aime tellement ça que c'est un plaisir, dit-il. Et comme je fais énormément de Chopin cette année, c'est toujours beau comme musique, alors je n'ai pas de difficulté à rester motivé. J'ai tellement de choses à apprendre, l'important est de gérer son temps de pratique efficacement.»

Courir les concours

Depuis qu'il a été lauréat du Prix d'Europe et du Concours national de piano de l'Orchestre symphonique de Toronto, en 2011, ce natif de Joliette a fait du chemin. Grâce aux bourses remportées, il a étudié pendant deux ans avec Boris Berman à la Yale School of Music, aux États-Unis. Depuis son retour à Montréal, il étudie avec André Laplante au Conservatoire de musique de Montréal.

Modeste et affable, Charles Richard-Hamelin n'est pas du genre à vouloir épater la galerie, ni quand il monte sur scène ni quand il parle aux médias. Il prend tout simplement la musique au sérieux, et cela lui rapporte. Lors de son dernier entretien avec La Presse, en 2013, il prévoyait se lancer dans l'arène des grands concours internationaux, question d'aller jusqu'au bout avant 30 ans, âge limite de la plupart des concours.

Deux ans plus tard, il peut être fier de son tableau de chasse: troisième prix ainsi que prix spécial pour la meilleure interprétation d'une sonate de Beethoven à l'International Music Competition de Séoul, en Corée du Sud, et deuxième prix au Concours musical international de Montréal en 2014.

«Même si je fais un autre concours plus prestigieux, il n'y aura jamais rien de plus stressant pour moi que le CMIM, parce que j'étais à la maison», dit-il.

En avril dernier, il recevait le Career Development Award offert par le Women's Musical Club de Toronto, prix accompagné d'une bourse de 20 000$. Et pour couronner le tout, il était nommé Révélation classique Radio-Canada 2015-2016 en mai dernier.

Fort de ces succès, il a décidé de s'attaquer à une épreuve colossale: le Concours international de piano Frédéric-Chopin de Varsovie, l'un des quatre plus prestigieux du monde. Le concours, qui existe depuis 1927 et se déroule aux cinq ans, a couronné des légendes du piano telles que Maurizio Pollini, Martha Argerich et Krystian Zimerman. Mais n'y entre pas qui veut! Il faut d'abord traverser deux présélections. Le simple fait d'être sélectionné comme candidat est remarquable en soi.

«C'est la seule fois où je peux y aller, car, en 2020, j'aurai dépassé l'âge limite, dit-il. J'ai réalisé une vidéo en décembre pour la première présélection. Ils en ont reçu 450, et choisi 160. En avril, je suis allé à Varsovie pour la deuxième étape, et ils ont coupé à 84 candidats, dont je fais partie. Pour le concours, en octobre, il faut préparer deux heures et demie de musique, juste du Chopin.»

Comme si tout cela n'était pas suffisant, il se prépare pour un autre concours, en novembre, à Hamamatsu, au Japon...

Nouveau disque

Son premier album, entièrement consacré à Chopin, a été enregistré au printemps à la salle Françoys-Bernier du Domaine Forget par la maison Analekta. Il sortira en septembre.

«J'ai eu carte blanche, dit-il. Le style tardif de Chopin me rejoint particulièrement. Il est au sommet de son art, bien qu'il manque à ces oeuvres un peu de la brillance et de la fougue de sa jeunesse. Pour un interprète, cela demande une réflexion incroyable à chaque note. Tout est sophistiqué. Il y a une ingéniosité dans le contrepoint et l'harmonie qui demande à un pianiste de faire des sacrifices, car il est impossible de souligner tout ce qui se passe. Pour moi, sa troisième sonate, que j'ai enregistrée, est la plus grande sonate romantique.»

Récitals à venir

> Récital Chopin au Domaine Forget, ce soir, 20 h.

> Récital Chopin au Festival de musique de Lachine, le 12 juillet, 20 h

> Concert avec le Trio Hochelaga au Festival de Lanaudière, le 29 juillet, 20 h

> Récital Chopin au Ottawa Chamberfest, le 6 août, 12 h

> Récital Chopin au Festival Orford, le 7 août, 20 h.