Seul quatuor à revenir à l'Académie internationale de McGill, le Calidore fut accueilli hier soir à son entrée en scène par les cris de joie d'une salle presque comble, soit près de 600 personnes faisant écho aux deux inoubliables prestations du jeune ensemble l'an dernier.

Le Calidore mérite-t-il encore 10 sur 10? Pas tout à fait. Disons...9 sur 10. Première légère déception: pourquoi choisir l'un des trois petits divertimentos de Mozart qui, bien que composés pour quatuor à cordes, sonnent tellement mieux à l'orchestre à cordes? D'accord, le son produit par les quatre instruments est brillant, somptueux, et s'amenuise en un étrange murmure pendant le mouvement lent. Hélas! cette musique ne dit pas grand-chose, alors qu'un des grands quatuors de Mozart eût été tellement préférable.

On ignore pourquoi Beethoven a appelé son opus 95 Quartetto serioso. En fait, tous ses quatuors pourraient porter ce nom. Il y a là, avant tout, une grande agitation, que le Calidore traduit avec une extraordinaire force rythmique. Mais l'oeuvre comporte également des épisodes plus lents, voire intérieurs, qui trouvent le jeune ensemble moins inspiré. Le tout reste quand même d'un très haut niveau technique et musical.

Des trois jeunes quatuors invités pour la première fois à l'Académie, le Jubilee est entièrement féminin, comme le Excelsa entendu la veille. Il ouvre sa participation avec un Haydn, le premier des six de l'opus 33. Cette musique qui ne pardonne pas découvre diverses faiblesses, principalement un premier-violon qui miaule, ne joue pas toujours juste et peine à dessiner un vrai trille. Le groupe omet plusieurs reprises et on ne s'en plaint pas.

Surprise totale avec un autre Beethoven, cette fois le quatrième de l'opus 18. Enfin, le premier-violon assume pleinement son rôle de leader et les quatre archets accentuent le discours avec caractère. Ces demoiselles apportent même d'intéressantes idées musicales au Scherzo, transformé en élégante conversation à quatre. Bravo, donc. Mais comment expliquer cet anémique Haydn qui précédait?

QUATUOR CALIDORE (États-Unis/Canada):

Divertimento en fa majeur, K. 138 (1772) - Mozart

Quatuor no 11, en fa mineur, op. 95 (Quartetto serioso) (1810) - Beethoven

QUATUOR JUBILEE (Royaume-Uni/République tchèque/Espagne):

Quatuor op. 33 no 1, en si mineur, Hob. III : 37 (1781) - Haydn

Quatuor no 4, en do mineur, op. 18 no 4 (1799) - Beethoven

Dans le cadre de la 5e Académie internationale de quatuor à cordes de McGill. Hier soir, Pollack Hall.