Si les belles-soeurs avaient vraiment collé un million de timbres GoldStar chaque fois que la pièce de Michel Tremblay a été jouée depuis sa création en 1965, il y en aurait sûrement assez pour se rendre à la Lune, dit-on. On pourrait aussi dire: assez pour que Germaine Lauzon se paie un orchestre symphonique. Et c'est un peu ce qui arrivera, cette semaine, avec le concert Coup de chapeau aux Belles-soeurs de l'OSM à la Maison symphonique.

Le spectacle présente une version concert de la comédie musicale que Daniel Bélanger et René Richard Cyr ont tirée de l'oeuvre de Tremblay avec la plupart des comédiennes-chanteuses de la production initiale. Dans cette nouvelle adaptation, plusieurs des dialogues ont été coupés tandis que toutes les chansons de Bélanger, sauf une, sont présentes. «On a gardé de petites scènes de théâtre pour que ceux qui ne connaissent pas la pièce puissent suivre l'histoire, dit René Richard Cyr. Ce qui est formidable, c'est que ces femmes qui nous étonneront toujours vont se retrouver à la Maison symphonique en train de chanter. C'est un contraste et un pied de nez à l'histoire puisqu'à la sortie de la pièce, elle était décriée par l'intelligentsia.»

Orchestration

Le chef d'orchestre Simon Leclerc est réputé pour les multiples orchestrations de concerts pop symphoniques qu'il a réalisées à l'OSM pour des artistes comme Marie-Mai, Simple Plan et bien d'autres. C'est à lui que l'on a confié la tâche délicate d'arranger la musique de Daniel Bélanger en version symphonique.

«Je suis un grand fan de comédies musicales depuis longtemps et j'ai trouvé que Belles-soeurs de René Richard Cyr et Daniel Bélanger était une magnifique réussite», dit-il.

Pour rester fidèle à la musique de Daniel Bélanger, Simon Leclerc a essayé de s'imaginer dans la tête du chanteur.

«Quand il a composé la musique de Belles-soeurs, il a amené avec lui son bagage d'auteur-compositeur-interprète, son approche musicale, ses couleurs, son langage harmonique et son humour. Il est unique en son genre. Mon travail est de me dire: «Et si Daniel Bélanger savait comment écrire pour un orchestre symphonique, que ferait-il?»»

L'adaptation d'une comédie musicale nécessite une approche différente de celle d'un concert de pop symphonique.

«Ce n'est pas comme si j'orchestrais une dizaine de chansons d'un artiste populaire avec des ambiances différentes. Il flotte au-dessus de tout cela une atmosphère de théâtre. C'est sûr que cela a une incidence sur ma façon d'aborder les pièces.»

L'unité de l'ensemble doit demeurer.

«Si une chanson est liée émotionnellement à quelque chose qui précédait, ça change la donne, ajoute-t-il. Si un personnage est là dans une chanson et revient plus tard, je peux faire un clin d'oeil musical à sa présence en jouant avec les couleurs de l'orchestre.»

Quand on lui a proposé le projet, Simon Leclerc a tout de suite songé au contraste énorme entre le milieu populaire dont sont issues les belles-soeurs de la pièce et ce que représente un orchestre symphonique.

«J'ai décidé d'aborder cela davantage comme une musique de film. C'est plus facile de trouver le ton juste en s'imaginant un film des années 50 en noir et blanc, et de penser à la trame sonore qu'on aurait pu entendre.»

La distribution du Coup de chapeau aux Belles-soeurs réunit Marie-Thérèse Fortin, Maude Guérin, Sonia Vachon, Sylvie Ferlatte, Kathleen Fortin, Michelle Labonté, Suzanne Lemoine, Hélène Major, Christiane Proulx, Milène Leclerc, Monique Richard, Édith Arvisais, Marie-Evelyne Baribeau et Maude Laperrière. Janine Sutto ne sera pas présente.

À la Maison symphonique les 16 et 17 avril, 20 h.