Le Trio Fibonacci, qui célèbre ses 15 ans, fut lancé au printemps 1998 par la violoniste Julie-Anne Derome, le violoncelliste Gabriel Prynn et le pianiste André Ristic. Celui-ci quitta le groupe en 2007 pour se concentrer sur la composition et quatre pianistes prirent successivement la relève, le dernier en date étant Wonny Song, qui s'est joint en 2010 au tandem Derome-Prynn.

Fibonacci est le nom d'un mathématicien du Moyen Âge, inventeur d'un système de proportions numériques qui, rappelle la violoniste, «influença les arts et notamment la musique, y compris les sonates de Haydn. Nous avons préféré un nom comme celui-là plutôt que celui d'un peintre, par exemple. Nous voulions quelque chose d'original.»

Évolution musicale

Le Fibonacci s'est d'abord spécialisé en musique contemporaine exclusivement. Graduellement, il a ajouté Haydn, Mozart, Beethoven, Brahms à ses concerts. «De plus en plus, nous établissons nos programmes autour d'une idée: les impressionnistes, par exemple», indique le violoncelliste.

Ainsi, les quatre concerts de la saison montréalaise, tous à la Chapelle historique du Bon-Pasteur, offrent successivement: musique française (c'était mardi dernier), musique russe (Tchaïkovsky et Rachmaninov), musique des Amériques (de Ginastera à Papineau-Couture mais, curieusement, rien des États-Unis) et musique québécoise. Ce quatrième et dernier concert, le 23 mai, fait partie de la série «Hommage à Denis Gougeon» montée par la SMCQ. Le Fibonacci y jouera notamment un nouveau trio de Gougeon. Julie-Anne Derome s'y produira également comme altiste.

Un concert spécial s'ajoutera le 29 janvier, marquant le départ à la retraite de Guy Soucie, le directeur du Bon-Pasteur, où le Fibonacci fut l'un des ensembles «en résidence».

Répertoire et tournées

Son répertoire comprend présentement une centaine d'oeuvres dont plus de 50 proviennent de commandes à des compositeurs d'ici et de l'étranger. L'Italien Roberto Rusconi a même intitulé sa pièce Fibonacci's Dream... Pour l'instant, la discographie du trio est exclusivement moderne, à l'exception d'un rare Mendelssohn.

À ce jour, il a effectué plus de 35 tournées: New York, Europe, Chine et Japon, Amérique du Sud et Afrique du Sud. Le prochain voyage est remis à la saison prochaine pour la simple raison que la violoniste vient d'être maman. Elle joue sur un Gagliano de 1737 et son collègue Prynn, sur un violoncelle québécois de 1987, signé Tom Wilder, dont il se dit «très fier».

Alors que la violoniste et le violoncelliste font surtout carrière comme chambristes, Wonny Song, le «dernier arrivé», se produit régulièrement en récital et en concert avec orchestre tout en s'étant bien intégré au trio. Les trois formules l'obligent à adopter ce qu'il appelle «une attitude différente face à la musique». Sa préférence va encore, dit-il, au concert avec orchestre. Avant que ses coéquipiers ne s'offusquent, il précise: «J'apprends énormément en faisant de la musique de chambre.»

«Nous faisons beaucoup de recherches pour trouver du nouveau répertoire», ajoute Julie-Anne Derome, qui parle des Saint-Saëns et Lalo joués cette semaine avec la même affection que pour le contemporain. «Et nous apprenons toujours. Une ou deux fois par année, nous allons à Berlin [elle parle allemand couramment] pour nous ressourcer auprès de maîtres comme Eberhard Feltz et Michael Vogler.»

Concernant les maîtres, on en remarquait deux aux premiers rangs au concert de mardi dernier: Sonia Jelinkova, que ses élèves en violon (dont Julie-Anne) fêtaient récemment pour ses 90 ans, et Sabina Teller Ratner, cette Montréalaise reconnue comme la grande spécialiste mondiale de Saint-Saëns.