Sujet digne de réflexion: Le Messie ne fait plus salle comble. L'OSM a montré un certain flair en mettant en veilleuse ce qui était devenu son «must» annuel. Par ailleurs, la seule audition du célèbre oratorio de Handel annoncée pour la présente saison, celle de l'Orchestre de chambre McGill, n'a pas rempli les 700 sièges de la Christ Church Cathedral, malgré la présence sur l'affiche de la populaire Marie-Josée Lord et de notre haute-contre-vedette, Daniel Taylor.

Cette fois encore, Boris Brott avait porté son petit orchestre de 14 à 17 musiciens et réuni un choeur de 62 voix recrutées parmi trois formations locales. Tout ce monde était entassé dans le sanctuaire; les solistes montaient en chaire, rien de moins, pour leurs interventions.

Le chef utilisait l'édition du musicologue Watkins Shaw. L'instrumentation s'y limite aux cordes, mais quelques-uns des 53 numéros comportent deux parties de hautbois. M. Brott a éliminé les hautbois et omis sept numéros, comme cela se fait couramment, sans grande différence dans le résultat. La soirée totalisa deux heures et demie, entracte compris.

Dans l'ensemble, choeur et orchestre furent convenables. Une masse chorale unifiée et quelques numéros brillamment enlevés firent oublier quelques aigus difficiles chez les soprani. À l'orchestre, les violons connurent quelques problèmes de justesse, mais sans nuire sérieusement au discours. Mention au solo du trompettiste Benjamin Raymond.

Déjà soliste du Messie à McGill, Alexander Dobson en fut, cette fois encore, le véritable héros. La voix continue à prendre de l'ampleur et de la solidité; en même temps, l'interprétation gagne en caractère et en profondeur. Étrangement, M. Dobson avait choisi la plus courte des deux versions du grand air de bravoure Why do the nations?.

Les trois autres solistes furent décevants. Si Mme Lord possède assez de technique pour exécuter correctement les mélismes de Rejoice greatly, trop souvent elle projetait une voix forcée et détimbrée; parfois, elle ne chantait même pas les bonnes notes. M. Taylor connut quelques bons moments mais aussi toutes sortes de petits problèmes d'articulation, d'émission et d'intonation. Quant à M. Müller, on dirait quelqu'un qui a déjà eu une belle voix et qui a déjà su chanter.

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«MESSIAH», oratorio en trois parties, texte anglais de Charles Jennens d'après la Bible, musique de George Frideric Handel (1742). Édition Watkins Shaw (Novello, 1958).

Orchestre de chambre McGill et Choeur (dir. Patrick Wedd). Solistes: Marie-Josée Lord, soprano, Daniel Taylor, haute-contre, Rufus Müller, ténor, et Alexander Dobson, basse. Direction: Boris Brott. Christ Church Cathedral, lundi soir.